Organiser des concerts, c'est cool, c'est facile et tout le monde (ou presque) peut le faire. Oui, mais à quel prix ? Au pays de l’intermittence, pas facile de tout comprendre aux subtilités de textes de lois plus complexes qu’une partition de Chostakovitch. Voici donc un tutoriel pour mieux saisir les difficultés de ton groupe de rock favori à passer du concert dans un squat pourri payé en capsules de bières aux prometteuses scènes des festivals subventionnés.

« Pas de problème, je peux te faire une facture. » « Et les notes de frais, ça marche ? » « Nan mais t’inquiète pas, j’ai créé mon auto-entreprise pour me déclarer. » « Putain mais pourquoi tu peux pas me payer AU BLACK après le concert ? » Quand on se dit organisateur de concerts et qu’on ne s’appelle pas Gérard Drouot, voici quelques exemples des phrases les plus entendues backstage, dans cet endroit où tout se négocie, le nombre de bières au frigo comme la légalité des contrats.

Loin de moi l’idée de vouloir gâcher le plaisir des spectateurs mais un spectacle réussi, c’est un bon groupe sur scène mais c’est aussi souvent un paquet d’emmerdes gérées de telle manière que tout le monde n’y voit que du feu : c’est parlementer avec Kula Shaker qui veut annuler le matin même son concert du soir parce qu’il a « le fond de la gorge qui le gratte », c’est échanger 527 emails avec un management anglais (Satan est un agneau à côté) pour lui expliquer que 36 bouteilles d’eau c’est pas forcément nécessaire pour un groupe de 4 personnes et c’est encore expliquer au musicien psychédélique qu’il ne peut pas vous écrire TOUT UN MAIL dans la case objet. Autrement dit, organiser des concerts, c’est aimer ranger une chambre qu’on a trouvée en bordel.

Tout cela ne serait en fait qu’une grosse partie de rigolade s’il ne fallait pas en plus tenter de comprendre quelque chose à la législation française concernant le paiement des musiciens. On peut évidemment arguer du fait que cette cuisine interne ne regarde pas le public et qu’un tel papier n’intéressera personne, mais une fois n’est pas coutume, il me semblait intéressant d’expliquer pédagogiquement pourquoi l’événementiel musical n’est pas donné à tout le monde et pourquoi les jeunes groupes français qui débutent se voient souvent condamnés à la précarité – et donc à l’impossibilité d’une carrière sur le long terme – faute d’une loi mieux adaptée.

1. Au nom de la loi (je vous arrête)

L’exception culturelle française a vraiment bon dos. Pour s’en convaincre, il suffit de parler 30 secondes avec un tourneur ou groupe étranger : oui, organiser des concerts en France est cent fois plus compliqué qu’ailleurs. C’est même parfois, littéralement, un sport de combat. Première chose à savoir pour les groupes qui se font entuber par les gérants de bar qui les payent en pizzas ou par les grosses salles qui leur « offrent » des premières parties sans rémunérations, il n’y a pas 36 manières de se faire payer.

De ce point de vue, la loi est claire : la présence de toute personne sur scène, en France, suppose un lien de subordination et donc, un salaire. Très concrètement, que le groupe se nomme Les Insus ou The Villejuif Underground, cela signifie l’obligation de verser un cachet net minimum de 85 € au musicien, soit un net employeur équivalent au double (170 € environ, charges comprises). Aucune dérogation ou presque n’est possible [1], la loi est la même pour tout le monde. Je vous laisse faire le calcul pour un groupe de 5 musiciens sur scène (la moyenne pour tout groupe de rock ne disposant pas en plus d’un flûtiste ou d’un ingé-lumière à la con projetant des visuels Winamp sur son laptop) : 85 € x 5 musiciens x 2 pour les charges = environ 800 €, dont seulement la moitié ira in fine dans les poches des gens sur scène, le reste étant reversé à l’État au nom de la cotisation retraite des principaux intéressés qui, dans le meilleur des cas, ne disposent que de quelques années pour se faire (re)connaître.

Évidemment, le calcul est exponentiel : plus le cachet minimum est élevé, plus l’addition est salée. Conséquence de quoi : plus les prétentions financières dudit groupe sont hautes, moins il tourne. Logique. Enfin, pas tant que ça.

2. Les solutions

À partir de là, plusieurs options s’offrent au groupe qui souhaiterait faire carrière en passant la moitié de l’année à manger des chips dégueulasses en attendant que le roadie-cousin-du-chanteur ait fait le plein à la station Total avec les maigres bénéfices du concert de la veille à Trouduc-sur-Loire :

La solution idéale (avec tourneur) : trouver un tourneur muni d’une licence de spectacle et capable de faire – comme leur nom l’indique – tourner le groupe partout en France en s’occupant des formalités, des embauches et tout cela en se rémunérant à un prix inimaginable dans toute autre industrie : 15% sur la somme totale du cachet, soit pour un groupe embauché au tarif de 1500 € par une salle, environ 225 € dans la poche du tourneur [2] qui rédigera alors un contrat de cession – ne lui donnant évidemment aucune réduction sur les charges à déclarer. Si le tourneur peut en cas de budget déséquilibré (3 fois sur 4) se rattraper sur les dossiers de subvention, ça devient tout de même l’art de la jonglerie sur un tableur Excel. Ainsi, pour définir le métier d’entrepreneur de spectacles, l’expression profession de foi ne semble jamais avoir aussi bien porté son nom et ce calcul explique à lui seul la difficulté (voire la pénibilité) des tourneurs à développer des groupes français qui ne s’appelleraient pas Matthieu Chedid ou Naïve New Beaters, sans parler des autres bêtes de foire gesticulant sur scène comme un prisonnier dans le couloir de la mort.

– La solution minimum (sans tourneur) : rappeler à qui de droit et avec la main sur le cœur que le minimum légal, pour un groupe qui n’a pas de tourneur, est un cachet de 85 € net par personne. Pour cela, l’organisateur procèdera à des DUE [3] (Déclaration Unique d’Embauche) qui lui permettront de rester dans la légalité sans recours à une interface booking. Le problème de cette solution (sic), c’est évidemment qu’un groupe en développement ne rameute pas forcément 4000 personnes dès son troisième concert et qu’après quelques allers-retours au Distributeur A Billets pour refiler du black sous le manteau, l’organisateur officiant dans des réseaux alternatifs comprendra vite qu’il devra faire un choix entre la légalité et la survie de sa passion.

La solution foireuse (sans personne) : nécessité faisant loi, ne respecter aucun des principes évoqués ci-dessus et, après avoir lu trois conneries écrites sur Internet [4], contribuer à relayer cette idée fausse qu’on peut se faire payer son concert grâce à une note de frais, une facture d’asso, voire carrément rien – puisqu’une légende urbaine véhicule l’idée qu’en dessous d’un certain nombre de concerts on a le droit de se faire payer au black. C’est certes complètement illégal et sujet à d’énormes prises de risque – puisqu’en cas de contrôle de la Direction du Travail l’amende peut être lourde pour la salle [5], tenue pour co-responsable – mais c’est évidemment la solution plus répandue. Mais pourquoi donc ?

3. Le problème de l’intermittence

Parce qu’acquérir l’intermittence ressemble pour le musicien à la quête d’un Graal qui ferait POUM TCHAK. Résumons : au départ, l’idée de ce statut en vigueur depuis 1936 est noble, puisqu’il s’agit de permettre aux artistes de vivre correctement de leur art en garantissant mécaniquement une assurance chômage avec un net garanti venant combler les mois creux où l’artiste ne crée pas (qu’il soit blessé au poignet, qu’il glande devant sa Playstation en écoutant Patricia Kaas ou qu’il compose dans sa cave en disséquant des chatons).

Seul hic, bien légitime parce que l’obtention de ce saint statut se doit d’être limité, il faut pouvoir revendiquer d’un minimum de 43 cachets (soit l’équivalent de 507 heures travaillées) en moins de 10 mois. 43 cachets, pour information, c’est en moyenne 4 concerts par mois. Et pas seulement 4 concerts par mois dans des rades pourries où l’organisateur vous paierait avec des billets de 10 €, non, 4 concerts par mois déclarés au minimum légal. Dit comme ça, exiger d’un groupe français à peine muni d’un EP digital mais dénué de tourneur qu’il parvienne à boucler son intermittence, c’est un peu comme demander à Beth Ditto si elle a déjà joué à la corde à sauter ou à un fan de Prince – celui qui pleure sur Facebook depuis 3 jours – s’il a déjà écouté tous les disques publiés par le Nain de Minneapolis après ‘’Sign O’ The Times’’. Carrément impossible. On voit bien les limites d’un système culturel lui-même à bout de souffle, comme en atteste l’actuelle polémique opposant le patronat au régime des intermittents, qui serait actuellement en déficit de plus de 900 millions d’euros.

L’autre injustice, pour ceux qui n’en bénéficient pas, étant que même dotés d’un tourneur, les groupes émergents se verront malgré tout ponctionnés d’une partie de leurs cachets au nom des cotisations retraite – qui ne servent en réalité à rien puisque la durée de vie d’un groupe de rock n’excède pas, en moyenne, cinq ans. Et que les cachets dont on parle, de l’ordre de 300 à 500 €, ne parviennent déjà pas à rentabiliser les micro-tournées.

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Trop dégoutay, un groupe qui vient de perdre son intermittence.

4. Les conséquences pour l’écosystème « underground »

S’il est clair que la majorité des concerts que tu garderas en tête quand tu auras l’âge d’Alain Juppé ne se passent quasi jamais dans des conditions dites « légales », et maintenant que nous avons balayé le peu d’options à la disposition du musicien, voyons l’impact de ce système à une vitesse sur l’écosystème musical français (musiciens, tourneurs, salles de spectacles, techniciens, etc).

La précarisation du musicien : l’impossibilité pour un organisateur – ou une salle – de payer 800 € pour un groupe de 5 personnes empêche souvent ce même groupe de s’extirper de son milieu « social ». Ainsi contraint à tourner dans un circuit alternatif [6] où rien n’est jamais déclaré, il aura les pires difficultés à passer en division 1 (loges avec ton nom marqué dessus, catering de ouf avec des Mars et surtout assez d’argent pour payer tes clopes pour la semaine). Question : est-ce que c’est vraiment grave ? À priori, la réponse est non. C’est en tout cas moins grave que de devoir payer plus de 30 € pour des concerts de vieux où tout le monde s’emmerde. Là où ça se complique, pour les groupes qui souhaiteraient se professionnaliser (attention : gros mot), c’est qu’ici la précarisation est évidemment économique mais aussi artistique. Au petit jeu des comparaisons, difficile de ne pas comparer Jeanne Added (trop visible) à Laetitia Sheriff (pas assez) tant les deux carrières font l’effet du ying et du yang. On pourra là aussi répondre que c’est occulter la volonté de certains de ne pas devenir des salariés du divertissement ; certains artistes – je l’ai vécu – préférant encore se tirer une balle plutôt que d’être déclarés « parce que ça ferait péter leur RSA et la CMU ».

– La frilosité de tourneurs français : face à la complexité du système et aux rentabilités incertaines, sans parler de l’ingratitude de certains groupes quittant le navire dès que la cloche du buzz sonne, certains professionnels du booking finissent fatalement par baisser les bras. Pour un Radio Elvis ou un Feu Chatterton qui cartonne, combien de  groupes à géométries tellement variables que certains tourneurs préfèrent céder aux sirènes de la facilité ? Et comment, sérieusement, leur en vouloir ?« Moi en tant que tourneur confie l’un d’eux, si un groupe dit qu’ils sont sept sur scène, je réfléchis à deux fois. » Forcément, booker un groupe sorti de nulle part revient alors à faire un pari incertain sur l’avenir. Et voici comment on se retrouve tous les ans avec une clique de Dj trépanés squattant la programmation des festivals. Le cerveau, aussi léger soit-il, est plus facile à transporter. Moralité, et sans transition : un groupe français avec deux musiciens sur la route en TGV (Zombie Zombie) jouera toujours plus qu’un sextet krautrock se déplaçant en van. Logique impitoyable, à laquelle il faut également rajouter dans le cas des deux susnommés, le talent.

– Le casse-tête pour l’organisateur : on en arrive à cette situation ubuesque où programmer un groupe français lambda (1 disque à son actif, une chronique 3 étoiles et demi dans les Inrocks, un tourneur sympa et pas trop con) vous coûte presque aussi cher que l’équivalent anglo-saxon qui fait souvent office de tête d’affiche (et remplit plus facilement la caisse à biffetons). De fait, c’est presque un combat perdu d’avance pour le groupe français, une sorte de disqualification géographique pour la simple et bonne raison qu’il n’a pas la chance d’être né à l’étranger. Pourquoi ? Parce que grâce aux formulaires dits A1, celui-ci paiera les charges dans son propre pays, ce qui évite de facto à l’organisateur de les prendre en compte dans son propre budget [7]. Là encore, comme avec les intermittents du spectacle, la concurrence se révèle inégale.

5. Conclusion

Il n’y en a pas. Nous vivons dans un système de préservation des droits et des acquis, pour le meilleur comme pour le pire. La faute à qui, la faute à quoi ? Certainement à un système trop rigide et inadapté aux musiciens considérés comme « amateurs », en dépit du fait que nombre d’eux se révèlent capables de foutre de bonnes branlées à ceux qui gagnent mieux leurs vies, pour de mauvaises raisons. C’est injuste, mais c’est comme ça. Pas de morale à l’histoire, mais au moins, un début d’explication.

Et pas de fatalité pour autant, car comme témoigne un tourneur bien connu sur la place de Paris, l’État n’est pas derrière chaque porte battante pour contrôler la légalité des concerts non déclarés : « Un ami qui travaillait à l’Inspection du Travail, fan de krautrock, me confiait voilà quelques années qu’il arrivait le matin et s’allumait une clope en ouvrant Voici. Pourquoi ? Pour regarder les baraques des artistes pris en photo et vérifier s’ils gagnaient pas un peu trop de pognon. Les premiers artistes contrôlés, ce sont ceux de la presse people, ah ah ! » Amis de la scène alternative, vous pouvez encore dormir sur vos deux oreilles défoncées. Et si après la lecture de cet article vous n’avez toujours rien compris à la déclaration de vos prochains concerts, c’est qu’il est grand temps de transformer vos feuilles de déclaration SACEM en papier buvard.

***

[1] Exception faite des showcases promotionnels de moins de 30 minutes et des pratiques amateures (chorale, fanfare, etc) régis par des subtilités encore plus complexes qui permettent cependant quelques économies. Encore faut-il avoir une semaine complète à passer devant son écran sans dormir pour tout comprendre.

[2] Lire à ce propos le papier paru chez Noisey sur la vie de tourneurs : http://noisey.vice.com/fr/blog/metier-musique-booking-concerts-tournees

[3] La légende raconte que les DUE ont été inventées pour les chantiers de travaux publics, pour embaucher les personnes avant les prestations.

[4] Il faut quand même bien avouer que rien n’est clair sur les sites officiels et que les informations sont souvent contradictoires.

[5] Le Nouveau Casino à Paris en a, voilà quelques années, aurait pu en faire lourdement les frais : http://owni.fr/2011/02/01/le-nouveau-casino-relaxe-face-a-linspection-du-travail/

[6] Par ailleurs ô combien plus festif et récréatif pour le gamin dans la vingtaine. C’est toujours ça de pris.

[7] Pour être un peu plus précis, les formulaires A1 réservés aux artistes étrangers coûtent environ 15% de charges en plus du cachet pour l’organisateur, contre plus de 50 % pour un groupe français. Tu peux pas test.

101 commentaires

  1. Très bien.
    Ca me rappelle un texte que j’avais écrit en avril 2014, quand j’étais programmateur au Temps Machine (une smac donc). On s’était fait pourrir à ce moment là, dans la presse locale, par Philippe Briand (maire de St Cyr / Loire, ancien chef de campagne de Sarkozy, pour vous donner une idée), et ce millionnaire notoire disait à qui voulait bien l’entendre que le fonctionnement de la salle coûtait trop cher pour une programmation trop pointue etc etc. Un super argument électoral avant les municipale : encore bravo à lui pour sa grande intelligence politique. Bref, passons ces vieilles histoires politiques qui n’intéressent personne mais qui m’avaient vraiment miné le moral. Afin d’éviter de regretter un geste violent à l’encontre de ce petit duc local, je m’étais alors demandé si ça coûtait effectivement trop cher ou pas le Temps Machine, jusqu’à me demander simplement combien ça coûtait en vrai, un concert.
    Voilà le texte. On dit à peu près la même chose.

    UN CONCERT AU TEMPS MACHINE, COMBIEN CA COÛTE ?
    par Fred LANDIER, programmateur

    Il m’a semblé intéressant de vous expliquer, de manière simple mais réelle, la manière dont fonctionne l’économie d’un concert au Temps Machine, pour que vous compreniez qu’on ne peut pas faire tout ce qu’on aimerait faire, mais que les limites budgétaires n’empêchent pas non plus de se faire plaisir. A posteriori, je ne sais pas trop pourquoi j’ai eu envie de vous raconter tout ça. En tout cas, maintenant, vous saurez.
    Une chose à savoir avant de commencer à tout détailler, c’est que le Temps Machine est un équipement public qui fonctionne avec de l’argent public. Nous sommes donc tenus de faire les choses dans la plus grande légalité. Et avec un certain nombre de contraintes avec lesquelles certaines salles privées ou bars qui organisent des concerts sont plus souples.

    LES OBLIGATIONS LEGALES
    La première chose essentielle, qui coule de source mais que je vais quand même dire parce que c’est important, c’est qu’à chaque fois que quelqu’un monte sur la scène du Temps Machine (club et grande salle) pour un concert, il est salarié (le fameux cachet d’intermittent du spectacle). Bien entendu, ne comptez pas arrondir vos fins de mois en vous essayant au stage diving : le public qui monte sur scène pour se jeter dans le vide ne compte pas comme artiste, même si il peut arriver que certains d’entre vous aient participé de cette manière à la qualité du spectacle. Bref, les musiciens (et les techniciens bien entendu), soit repartent du Temps Machine avec un salaire et une fiche de paie, soit reçoivent un cachet du tourneur avec lequel a été négocié l’achat du spectacle. Le montant peut varier, vous vous en doutez, mais il y a malgré tout un salaire minimum, imposé par notre convention collective, qui est à peu près de 80€ net par personne – ce qui représente un coût de 160€ avec les charges donc, à payer par l’employeur (le Temps Machine ou le tourneur). Ce salaire minimum a pour but d’éviter les abus dans le mauvais sens de la part de salles ou d’organisateurs peu scrupuleux. Après, évidemment, chaque artiste peut demander plus. C’est là qu’on dit si c’est possible ou pas.

    UN BUDGET GLOBAL
    Comme dans toute structure, nous faisons un budget prévisionnel annuel, qui comprend toutes les dépenses de fonctionnement du Temps Machine. Dans ce gros budget, il y a une enveloppe allouée à la programmation des concerts, et plus précisément aux cachets des groupes et à leurs frais de route. Cette enveloppe est calculée par rapport au nombre de concerts que nous organisons par année, et par rapport à une estimation des recettes de billetterie (du nombre de spectateurs donc). Un des boulots du programmateur est ainsi de faire en sorte que, à la fin de l’année, cet objectif budgétaire soit atteint (tout dépenser et faire venir les gens). C’est pour cela que les derniers trimestres sont soit fastes (il reste des sous à dépenser), soit maigres (il n’y a plus de sous dans les caisses). Fin 2012 par exemple, vous avez pu voir Dominique A et Jeff Mills parce qu’il restait des sous dans l’enveloppe.

    LE COÛT DE PLATEAU C’EST QUOI ?
    Ce qu’on appelle le « coût de plateau », c’est le montant correspondant à l’ensemble des frais engagés pour accueillir les artistes : cachets des artistes et/ou contrats passés avec les tourneurs + les frais de route (location de camion, essence, péage, train, etc.) + l’hébergement et la restauration.
    Le coût de plateau, c’est ce que va dépenser le programmateur, avec son enveloppe budgétaire.
    Le reste (les agents de sécurité, la location de matériel manquant, l’embauche de techniciens supplémentaires, les droits d’auteurs et autres taxes, la diffusion d’affiches, etc.) entrent dans le budget de fonctionnement de la salle.

    LES CONTRAINTES D’UN BUDGET A EQUILIBRER
    Il y a plusieurs paramètres à prendre en compte lorsqu’on fait le budget d’une soirée au Temps Machine. Club ? 200 places. Grande Salle ? 600 places. A ces jauges, on enlève un certain nombre d’invitations (les groupes peuvent inviter des gens, et il y a aussi les places gagnées sur radio Béton, TMV, Tsugi, New Noise, Jugger Webzine et d’autres, quelques journalistes et photographes, des places offertes à Cultures du Cœur, etc.). Le nombre d’invités peut varier entre 20 et 60 selon les soirées. Concrètement, il est plus réaliste de dire que dans le Club, la jauge « billetterie » est au maximum de 180 places, et 550 dans la grande salle.
    À partir de là, et en fonction du coût de plateau, on peut réfléchir au prix des places, en utilisant notre grille tarifaire : 6€/8€/10€/12€, 8€/10€/12€/15€, 10€/12€/15€/18€, 12€/15€/17€/24€ (tarif abonnés / tarif réduit / tarif prévente / tarif sur place). On peut donc « imaginer » combien de sous vont rentrer dans les caisses par rapport au nombre de personnes qui pourraient venir. Tout cela est bien entendu très très subjectif. Vous vous en doutez. L’idée étant, vous l’aurez compris, d’équilibrer le budget (les sous qui sortent, les sous qui rentrent).

    EXEMPLES
    Imaginons, en faisant une moyenne selon la grille tarifaire choisie, que chaque billet rapporte au Temps Machine 9, 11, 15 ou 19€ (à peu-près, c’est une moyenne flottante). Dans le Club, on est toujours sur des billets pas trop chers (9 ou 11e de moyenne). Avec 180 billets vendus, on est donc dans un coût de plateau qui ne peut pas vraiment aller au-delà de 1800€… disons 2000€.
    Dans la grande salle, les coûts de plateau (selon la grille tarifaire), peuvent aller de 5000€ à 10 000€, avec l’idée qu’on aura vendu 550 billets plus ou moins chers. Et là on fait des estimations. Sans vous révéler les montants des cachets de Lou Doillon, Dominique A, ou Jeff Mills (les plus gros cachets qu’on ait eu pour le moment), disons simplement que nous n’avons pas perdu d’argent avec ces soirées qui ont affiché COMPLET à l’entrée (avec des billets à 12€/15€/17€/24€)
    Mais on ne sait jamais, excepté peut-être pour ce genre d’artiste pré-cités, si nous ferons complet ou pas. En revanche, on sait à peu près si les soirées seront risquées ou non. Et bien entendu, les coups de cœur entrent aussi en jeu : faire une soirée à perte est possible si l’on sait qu’une autre pourra l’équilibrer.

    COMBIEN CA COÛTE UN GROUPE EN VRAI ?
    Voilà LA question compliquée. Restons sur nos « salaires minimum » à 80€ net (160€ de salaire chargé). Un groupe de 3 musiciens + 1 ingé son coûtera donc 4 x 160€, soit 640€. Ajoutons à cela les frais de route (disons environ 300€ pour un groupe qui vient de Bordeaux, location de camion, essence et péage). On arrive vite à 1000€, sans parler de l’hébergement et de la nourriture. Et on programme toujours au moins deux groupes… BREF. Vous imaginez bien qu’un groupe « reconnu » qui déplace un public assez nombreux ne va pas demander un cachet à 80€ par musicien, mais plutôt 100, 120, 150 voire 200€. Évidemment, les groupes ne sont pas toujours composés de 3 personnes, mais souvent de 4, de 5, ou plus (vous vous souvenez des big bands de plus de 10 musiciens comme Crane Angels, King Khan & The Shrines ou Felix Kubin & Mitch & Mitch ?) On vous laisse faire le calcul pour un groupe de 2 personnes, et pour un groupe de 10 personnes.
    Difficile donc de parler des groupes qu’on aime tous, qui demandent souvent entre 20 000€ et 200 000€, ceux-là on ne pourra jamais les faire (et pourtant, vous comme nous, on adorerait). On ne citera pas de noms, mais si on a failli faire trois gars du Wu Tang Clan, on a aussi arrêté de rêver de faire The Flaming Lips ou Portishead. Aujourd’hui, on ne pense plus pouvoir faire un jour Django Django, mais on a fait Beak (avec Geoff Barrow de Portishead) ou Thurston Moore et Lee Ranaldo de Sonic Youth. Mais pas Sonic Youth, ni The XX, ni Amon Tobin, ni Flying Lotus, ni James Holden, ni Vitalic, ni aucune tête d’affiche que vous pouvez voir dans vos festivals de printemps et d’été préférés… Des « petits » groupes en revanche, qui défoncent sur scène comme ceux que vous avez vu au Temps Machine : ceux-là rentrent dans les clous de notre (petit) budget. Pensez à toutes ces dates dans le club où nous étions 80, 100, 140, ou celles dans la grande salle où nous étions 250, 300, 400 même… et relativisons ensemble ce concept de «tête d’affiche» : tout cela n’est qu’une histoire de point de vue, et de moyens. Et de négociation aussi.
    Maintenant vous savez comment ça marche budgétairement. Ensuite, il faut aussi prendre en compte le fait que les publics sont différents dans chaque ville, qu’il y a des groupes qui ont envie de tourner et ne sont pas excessifs sur les montants des cachets alors qu’ils ont déjà un public – du moins au moment où on les a fait (on pense à Lescop, La Femme, 1995, Frustration, Yann Tiersen, Thee Oh Sees, Rahzel, James Chance, Grems, Breton, Baxter Dury, François & The Atlas Mountains, Lydia Lunch, Connan Mockasin, Rebotini, Scout Niblett…)
    Il y a aussi les groupes de Tours qui remplissent le club ou la grande salle (c’est arrivé très souvent) et les «stars» internationales qui ne font qu’un demi-club (c’est arrivé aussi)… tout cela est très relatif et très complexe à interpréter, mais je pense que vous avez compris le truc.

    UNE CONCLUSION ?
    La « contrainte budgétaire » fait partie des réflexions sur l’offre de concerts proposés au public, au même titre que la contrainte de jauge, les contraintes de tournée des groupes, les sensibilités artistiques de territoire et la « couleur artistique » d’un lieu liée à son projet culturel et artistique.
    En fait, ce petit texte est peut-être tout simplement une des plusieurs réponses possibles à la question « pourquoi ne faites-vous pas tel ou tel artiste au Temps Machine ? ».

    1. On peut aussi rappeler que quand t’es un groupe qui démarre, du fond de la province (genre vingtième pli à côté du centre de l’anus), et bien t’as autant d’espoir qu’une fillette d’un taudis de New Dehli de devenir présidente d’Afghanistan.
      Sauf si t’as 18 ans peut être, un tonton ou deux dans le biz, et 5000 contacts collés comme une mouche à une m….
      J’ai eu un pied dedans un dehors, et vite compris qu’il fallait sortir le premier si j’voulais pas finir unijambiste.
      L’intermittence est un système que je comprends tout à fait pour les techniciens, les arrangeurs (dispos pour les autres), et les musiciens de scène à la rigueur.
      Par contre je me souviens d’une interview de Yael Naïm qui disait « grâce à ce statut j’ai pu composer mon album ».
      Mais putain j’ai sorti 6 skeuds sans ça, en faisant de l’interim, et la majorité des types que je connais ou pas en ont fait plus avec les mêmes galères.
      Bref, scène ultra cadenassée, mais surtout formatée sauf par quelques résistants. Pour combien de temps encore?

    2. Merci pour cet éclairage.
      Si je comprends bien, une SMAC est subventionnée pour son fonctionnement, mais pas pour sa programmation (le coût de plateau)? Ou est-ce une subvention générale dont on ne regarde pas le détail et dont le gérant dispose à sa guise? Il paraît logique que les coûts de fonctionnement (notamment les salaires des techniciens et salariés de la salle, souvent intermittents), par définition plus prévisibles et incompressibles, soient gérés en priorité mais le but des SMACS n’est il pas de s’affranchir un minimum des considérations budgétaires (cout de plateau, rentabilité d’un groupe) au profit de l’artistique?

  2. « Les groupes émergents se verront malgré tout ponctionnés d’une partie de leurs cachets au nom des cotisations retraite – qui ne servent en réalité à rien puisque la durée de vie d’un groupe de rock n’excède pas, en moyenne, cinq ans. »
    Confondre prestation pour le salarié (qui, lui, devrait survivre plus de 5 ans et donc peut-être arriver à la retraire un jour) et durée de vie d’un groupe, n’est-ce pas un peu approximatif ? Oui, tout cela coûte cher, mais n’est-ce pas en faveur du salarié ? (dans le cotisation figurent également les congés spectacles, reversé que l’on soit intermittent ou pas, les cotisations AFDAS etc..)

    1. Il faudrait demander leur avis aux groupes, mais je suis sûr à 87 % qu’ils préfèreraient toucher l’intégralité des « salaires » pour financer leurs séances de répétition, l’achat de nouvelle pédales ou ne serait-ce que payer le plein d’essence, plutôt que de cotiser sur des montants tellement ridicules que, sur 30 ou 40 ans de cotisations, cela ne représente absolument rien. Les musiciens ont besoin de cash au moment où ils débutent, pas au moment où ils crèvent.

      1. @Bester Sans doute que les employés qui ne seront dans leur vie jamais malades préfèreront toucher l’intégralité de leur cotisations sociales pour se payer une plus grosse voiture plutôt que de cotiser.Il faudrait demander leur avis.

      2. ou pour des congés spectacles qui sont une galère sans nom, et que je n’ai pas encore réussi à récupérer, en faisant seulement dix concerts déclarés par an (le reste du temps étant moitié chômage moitié interim). J’aurais préféré en effet avoir un cachet plus proche de l’intégral, mais je suis content de savoir que je toucherai peut être un jour 0,56€ de pension de retraite grâce à ça.

  3. Pas mal de confusions dans cet article. Déjà les cotisations ne vont pas « dans la poche de l’état », CRDS excepté, mais dans les caisses qui servent à financer sécurité sociale, retraite, chômage, formation, et qui profitent à tout le monde à condition d’en avoir besoin. ET les cotisations retraite ne sont pas perdues sous prétexte que le groupe a splitté… Les droits ouverts sont ouverts, point, même en cas de changement de carrière.

    Cet article laisse entendre que payer correctement des musiciens et les faire cotiser comme n’importe quel autre travailleur est un frein à leur carrière. Ce raisonnement est dangereux, c’est le même qui pousse a dire qu’il faudrait baisser le SMIC et les droits sociaux pour relancer l’emploi et aider les jeunes à rentrer sur le marché du travail.
    Le dumping social tire tout le monde vers le bas à ça n’aidera pas plus les soi-disant nombreux groupes extraordinaires barrés par un droit du travail trop contraignant à vivre de leur passion.

    L’intermittence comporte en revanche une injustice dans le sens où elle prive totalement de droits au chomage en-dessous de 507h.

    1. Je crois que vous vous crispez sur des points de détail, Carte Vital. Il est évident que j’ai pu aller vers quelques raccourcis, par soucis de vulgarisation pour le grand public, pas par simplification. Par contre perso, quand on commence à me parler de dumping social, je prends la fuite. Je vous laisse les pancartes, le maquillage, tout le bordel. Gattaz vous embrasse au fait.

      1. Non c’est très grave! C’est très important de comprendre et de pas simplifier ces nuances là ! Le système de cotisation solidaire c’est ce qui fait que tout le monde se soigne en France et que les vieux n’habitent pas en caravanes au camping de Montargis. C’est aussi celui qui fait qu’on survit même avec un chommage à 10%. Et les deux trois pour cent d’impots ça rentre pas mal dans les routes, les écoles et dans les festivals qui font que nos vies d’imbéciles sont un peu moins moroses. En fait ne pas vulgariser et essayer de relier les choses entre elle ça s’appelle la culture politique et ça permet de pas se faire taper à l’endroit où tu regardes pas.

        1. Pire encore!
          dire que les cotisations sociales vont a l’état! c’est une énorme connerie!
          les cotisation ouvrent des droits!!
          droit au chômage, droit à la retraite, droit au congés payé, droit a la sécurité sociale, et pour finir droit à la formation! (qui n’est pas des moindre) tout ces droit se retrouveront un jour sur le compte en banque de l’artiste! et s’il n’y va pas, ça ira dans la poche d’un autre qui en aura plus besoin que lui!
          Votre article, est un tissus de connerie, désolé de vous le dire!
          Déjà un groupe qui se vend au cout plateau, ce n’est pas normal! un groupe a des frais! et il n’a pas a le payer avec son salaire, ne serai-ce que le déplacement pour venir dans ton bled paumé! Les instrument qu’ils ont cassé dans le camion, ou l’assurance qui te permet de ne pas avoir a payer quand ils ont un problème sur la route…
          oui ça vous coûter cher, et il va falloir en remplir des dossiers de subventions pour arriver a payer tout le monde, on est d’accord
          par contre excusez moi mais je suis administrateur, alors quand j’entend que la légalité c’est un cachet a 85€ net! je me meurt de rire! si vous me permettez l’expression…
          En effet, la convention collective, oui le truc super chiant qui fait 50 pages, donc la convention collective, est plus que précise là dessus! (trop des fois)
          Le cachet minimum pour un artiste musiciens jouant dans le spectacle vivant privé est de 85.22€ brut!
          soit un total de 126€22 cout employeur! on est loin des 170€ qui sont en réalité basé sur le smic horaire et qui n’est pas obligatoire! oui parce qu’un musicien peu être payé en dessous de smic, c’est comme ça! son cachet de 12h est un forfait, a aucun moment on lui demande de rester 12h a travailler… c’est pour ça qu’on peu payer moins! d’ailleur, nombre d’organisateur en ont bien profité avant que la convention collective soit étendue! (j’ai entendu parler de cachet a 35€ net à l’époque)
          d’autre part, dire qu’il faut 43 cachet est encore une connerie! imaginez les groupes qui jouent 43 fois par an sur 43 lieu différent sur tout le territoire et même des fois à l’étranger!? wow!
          non c’est juste 507h qu’il faut faire, et pour cela on a inventé un truc super, les répétitions payé!
          quoi on paye les artiste pour qu’ils travaillent leur spectacle?! un scandale!
          non juste du bon sens! C’est pour cela qu’il faut payer plus que le coût plateaux, c’est justement pour qu’ils puissent se payer leurs répét!
          quand quelqu’un travail il est payé!
          par exemple quand tu ouvre ta salle le matin et que tu bois ton café à la cafetière, tu es payé!
          alors viens pas nous dire que les musiciens a 85€ c’est cher!! toi tu coute au minimum 77€ par jours et ça ne te fait pas monter au crénaux! alors que lui il se lève a 8h pour rejoindre le reste du groupe, passe 4h coincé entre la vitre de la bagnole et son pote saoul de la veille, arrive sur place fait 1h de balance, et attend 6h de pouvoir faire son show, et ensuite il remballe son matos, et se retappe les 4h a 1h du mat pour rentrer chez lui, bon des fois il a un chambre d’hotel! mais comme tu n’as pas de budget c’est rare! En plus de ça lui il a passé 1 an a trimer comme un con dans sa cave sans toucher un thune, et il galère pour arriver a décrocher un peu de rond que tu lui jete du haut de ton salaire en CDI avec congés payé et tout les droits que lui mettra 10 ans a obtenir!
          Que de mépris dans le ton que tu utilise!
          Des groupes qui vivent de leurs art, et qui n’ont jamais eu une ligne sur les inrock! j’en connais! et j’en connais plein en plus!
          Normal, c’est moi qui fait leur paye!
          Non je ne suis pas un tourneur qui s’en met plein les poche sur le dos de leurs dur labeur!
          Juste un administrateur, qui les conseil sur comment utiliser au mieux l’argent qu’ils gagnent durement
          Je te rassure tout de suite, je travail aussi pour des organisateurs! et je sais aussi que c’est pas facile
          mais comme ton discours est orienté dans l’autre sens je me permet de faire la part belle a l’artiste
          qui se dit en passant te fait manger! (sans artiste tu ne peu rien faire)
          Alors juste pour finir, il y a une quatrième option a tes possibilité d’achat de spectacle
          En effet, nombre de groupe ont une production, c’est une structure qui gère leur groupe et qui les salaries (la plupart du temps le dirigeant est la maman du bassiste ou la sœur du chanteur, oui parce que les filles ont deux nom ça permet de pas faire le rapprochement, au pire on trouvera toujours un oncle)
          Mais cette option, permet de se passer du tourneur, qui se dit en passant, a part se la mettre violent dans ton concert, uniquement pour que tu le remarque, passe son temps au téléphone a discuter des dernière sorties d’album et du dernier inrock… Oui sans ce boulet, le groupe comme entité, peu, dans une décision collégiale, décider de la répartition des recettes qu’ils ont réussi a gratter ici et là
          ça, désolé de te l’apprendre, mais c’est la très grande majorité (19000 employeur dans le spectacle vivant et seulement 1000 subventionné/conventionné)
          Quand aux DJ, qui te fait un facture 1500€ pour te tenir 2h de set, excuse moi, mais on se demande où est la répartition! surtout que la plupart du temps sa base de travail est issue de la création d’autrui, qui bien évidement ne touchera pas un rond sur son cachet
          Alors je finirai sur une touche positive, en effet, ton boulot, c’est pas facile facile, et d’ailleur je te rassure, nous aussi ça nous inquiète! On va devoir a un moment donné travailler ensemble! d’un coté comme de l’autre, et arrêter de taper sur l’un ou sur l’autre, juste se battre ensemble, comme viennent d’ailleurs de le faire les professionnels du spectacle en signant conjointement le retour à la date anniversaire, et l’augmentation des cotisations chomage! (ton cachet passera de 170 à 180€…) mais tant pis, il faut que les deux parties soient d’accord!
          Après va expliquer a ton public, autoentrepeneur (qui paye 40% de son revenu sans avoir droit au chomage), au commerçant (qui paye 70% de ses recette en cotisation et impots), aux gérant d’entreprises qui payent pareil, ou a l’artisant (qui paye encore plus) que ta vie est difficile
          Et là on sera sur la même longueur d’onde!
          Allez, continue a vendre tes bière a 3€50, et tes entrès a 35 balles, pour payer tous les frais de tes concert, et surtout pouvoir inviter 150 personnes pour les rincer au champagne…
          bisous

    2. Merci, un peu d’intelligence et une REELLE bonne connaissance du sujet, c’est ça qu’il manquait à cet article au ton condescendant et au manque de capacité de son auteur de comprendre que les enjeux sociétaux ne se limite pas à son petit monde.

  4. Si je comprends bien, n’importe quel groupe, peut importe la taille, DOIT toucher 85 euros minimum par date ? Et si lors d’un concert, le programmateur de l’événement décide de ne pas payer cette somme la, que faut il faire ?
    Seconde question, est ce qu’une Asso doit aussi payer cette même somme à chaque musicien ?

    1. Il le doit oui, en théorie seulement, car comme dit dans le papier le strict respect de la loi est impossible à tenir pour la majorité des structures. S’il s’est engagé mais ne tiens pas ses engagements, commencez par lui casser la tête ou lui pourrir son e-reputation, et si ça ne marche pas… DDT. Pour la question asso, je ne la comprends pas en fait.

      1. En fait Baptiste, les associations ont la possibilité d’avoir des bénévoles!
        Donc un groupe, consitué de musiciens amateurs, peu tout a fait signer des contrats de bénévolat
        Mais ça Bester ne te le dira pas, ça n’irai pas dans son sens
        Par contre si les musiciens sont intermittents, ils n’ont pas droit a titre individuel de faire du bénévolat et encore moins dans leur domaine d’activité! ce qui oblige donc le programmateur a payer la somme suffisante pour régler les salaires!… mais bon

  5. Une association qui organise un concert dans une salle qu’elle loue doit-elle s’affranchir des mêmes contraintes de payement ?
    Merci pour ta réponse, j’aurais d’autres questions à te poser à ce sujet la, afin d’approfondir certains points, y aurait-il moyen de te contacter par téléphone ?

    1. N’importe quel organisateur de spectacle, même occasionnel, est tenu de respecter une des 2 conventions collectives qui régissent les droits des artistes et techniciens. Celà implique notamment un minimum de salaire, qui dépend du cadre, mais qui effectivement ne sera sauf exception jamais inférieur à 85€ net par artiste.
      Donc la réponse à ta question est : oui absolument SAUF dans le cas d’un spectacle amateur, et ce qui peut être considéré comme amateur est très encadré.

      1. Qu’est ce que tu entends par encadré?
        Quelle serait donc la meilleure chose à faire pour un jeune groupe qui se retrouverait face à un programmateur qui ne veut pas payer cette somme la ? Ne pas jouer, jouer en étant payé moins ?

        1. Je crois que la définition du spectacle amateur pas de billetterie sauf association à but non lucratif, pas de défraiement, pas de professionnel sur scène. Mais une loi va bientôt renverser la donne.
          Sinon c’est évidemment pas aux jeunes groupes de faire cette révolution des moeurs ! Si tu joues pas pour moins cher, d’autres le font à ta place. De toute façon tant que t’es pas indemnisé par les ASSEDIC, tu crains rien c’est éventuellement l’organisateur ou le producteur qui peuvent se faire taper sur les doigts.
          Mais si tu veux te professionnaliser c’est quand même important de savoir où tu mets les pieds et de connaitre un minimum les rouages de cette vaste machinerie…
          Si tu veux des précisions en privé laisse-moi un mail ou un FB.

      2. Vital, la convention collective du spectacle vivant privée pour un musicien, c’est 85€22 Brut, soit a peu près 63€ net!

    2. Je ne suis pas un spécialiste (d’autres ont l’air plus pointus que moi dans les discussions) mais il me semble que oui tu es soumis aux mêmes règles, encore que cela dépend du contrat signé avec la salle. Est-ce une co-production, ou une location intégrale salle nue ? Mon mail : bester_langs@gonzai.com

  6. Bon, va falloir prendre quelques cours de math. 43 cachets en 10 mois, ça fait 4,3 concerts par mois en moyenne, pas 3. Et quand on sait que l’indemnisation dure 8 mois et non 10, au final on est plus proche de 5 cachets par mois si on veut pas bouffer des patates pendant 2 mois.
    D’ailleurs, 15% de 1500€ fait 225€, pas 150.
    De plus, il est possible de se faire payer par facture auto-entrepreneur si on est inscrit au RCS (registre des commerces et sociétés), pratique pour les nombreux zicos qui vivent des cours particuliers en marge des concerts.

    Mais bon, merci pour cet article qui pose les bases du problème.

      1. Euuuuh… Non. Mais la nouvelle convention UNEDIC en cours de négociation semble aller dans ce sens, un retour aux 507 heures en 12 mois.
        Le seul problème c’est que les indemnisations passeraient à 6 mois au lieu de 8 (aux dernières nouvelles, c’est pas encore très clair), donc ça va dans le sens de la précarisation plutôt que l’inverse.

        1. Non c’est faux, il n’est pas prévu que les indemnisations passent à 6 mois ! En cas de passage à 12 mois les allocations seraient annualisées également, sur le principe de la date anniversaire. Mais cette convention est loin d’être arrivée à bon terme… il y a du monde sur le pont pour la défendre.

          1. putain les amis vous vous rendez compte que même pour moi qui ai écrit l’article, votre discussion est hyper cosmique ? Ce que je veux dire, c’est que décidément rien n’est simple et je n’ose imaginer la tête d’un musicien en découvrant toutes ces infos… C’est vraiment sans fin. Pourquoi les choses ne sont-elles pas plus simples ?

            1. Oui désolé pour le trollage technique je suis bien d’accord avec toi c’est trèèès compliqué. D’aucuns diraient que le système est volontairement compliqué pour en décourager un maximum. Je ne suis pas loin de le penser sur pas mal de points. Mais certaines choses qui te paraissent compliquées (salaires minimums par exemple) sont quand même là pour défendre la possibilité d’être artiste professionnel et de manger à sa faim. Faut pas tout mélanger quoi.

              A la base j’étais juste venu défendre la « solidarité interprofessionnelle », rappeler pourquoi un salaire est soumis à cotisation, le fait qu’on cotise avant tout pour les autres, comme une assurance quoi. Quel que soit le secteur professionnel. Que c’est une belle idée et qu’il faut la défendre, plutôt que de penser à ce que ça va rapporter plus tard d’avoir cotisé ça ou ça…
              Je ne nie pas que les règles actuelles comportent pas mal d’injustice. On se bat tous les jours sur le terrain, à l’Odéon, à la comédie française ou autour de tables de négociations pour les faire disparaitre.

              1. ce qu’il faut savoir, c’est que tout les musiciens professionnelles connaissent tout ça par coeur sur le bout des doigts! La plupart sont devenu plus des gestionnaires que des artistes!

  7. Ce sont les salles, les bars et les employeurs qui ne jouent pas le jeu (la plupart évidement) ! C’est ce tissu de lieux et de structures gérés par des gens qui gèrent une salle de concert comme ils géreraient un magasin de cosmétiques bio qui ont commencé petit à petit à répandre l’idée que la musique et les arts ne seraient pas un vrai métiers et qu’ils ne méritent pas de conditions de travail particulières (puisque pas travail ! hein !).
    Ce sont d’ailleurs les mêmes qui embauchent leur serveurs-euses au black et des cuisiniers sans papiers en t’expliquant – après avoir acheté un deuxième restaurant « pour survivre »- qu’il ne pourraient pas tenir en payant les charges. Qu’ils économisent et que tu regrettes quand tu t’es pété la cheville pendant ton service. C’est à eux de s’adapter et d’admettre que la fréquentation, les consommations et la réputation de leur lieux dépendent énormément du travail de ces musiciens qui couteraient trop cher. Et surtout c’est aux musiciens et à nous de le revendiquer.
    Mais si on se contente d’observer un monde où tout à l’air d’aller de soit en obéissant à des règles apparemment naturelle sans jamais rien revendiquer on fini par se faire bouffer ou alors on doit bouffer les autres. Et si il y a un domaine dans lequel c’est vraiment laid c’est dans la culture !!
    C’est à ceux qui font de la musique de revendiquer leur droit à être payer et reconnus en tant que personnes qui fournissent un travail . C’est à eux de se poser la question de ce qu’il rapportent aux gens avec qui ils travaillent. C’est à vous musiciens de ne pas vous faire embobiner par des gens qui vous expliquent comment eux gagnent de l’argent en gardant celui qu’il vous doivent. C’est également à vous musiciens (et à moi technicien-intermittent apparemment une anomalie socialiste vieillissante) de réfléchir des structures pour éviter tout ces pièges.

    1. Ha les vilains organisateurs de concerts ! Sérieux … bien sur qu’il y a parfois de l’abus, mais franchement, essaie d’organiser en toute l’égalité une soirée concert avec 2 groupes et d’équilibrer ton budget si tu n’as pas de financement public…

      Le système en l’état n’est pas viable économiquement … en même temps c’est aussi à cela que doit servir le financement public … de favoriser la découvertes d’artistes émergents ! ça coûte bie trop cher d’organiser une soirée par rapport aux recettes …

      Je gère une petite salle de spectacles où on fait justement une petite prog essentiellement basée sur de la découverte.
      En compressant les frais cette année voici mes coûts et recettes pour une moyenne de 80 spectateurs par date.

      Dépenses = 3150 € (ça peut être un peu – ou + selon les dates)
      1500 € de cachet artistique (déplacement inclus) pour 2 groupes.
      800 € de matériel son et lumière (1 Tech son inclus, Tech lumière est salarié de la structure)
      400 € d’hôtel + accueil catering
      300 € de Sacem
      150 € de service de Sécurité

      Recettes: 800 € en moyenne

      500 € de billetterie (un billet vendu à 8 €)
      300 € de Bar

      Finalement, la structure perd 2000 € par date en moyenne (petite ville dans une petite agglomération) … avant j’avais un cout artistique à 3000 € et de technique à 2500 € … mais ce n’était vraiment plus tenable, d’où le fait de repenser le projet pour limiter la perte net.

      Voila mon expérience pour une petite salle de spectacles communal. C’est compliqué de juste équilibrer une soirée, voire impossible pour mon lieu…

      Dans les bars c’est pareil, mis à part certains bars bien situés en centre ville, tu crois sincèrement que le mec qui tient le bar fait 800 € de bénéfice par soir ? Et même si il les ferait, comment il paye les couts fixes de son lieu, son salaire et celui de ses employés ? Bref, c’est hyper compliqué aussi pour les Bar Concerts, il faut pas croire, c’est pour cette raison que la plupart sont dans l’illégalité quand il s’agit d’organiser un concert, sinon ça ne serait pas tenable pour eux.

      C’est pour cette raison qu’il faut repenser le système pour que ça coute moins cher d’organiser des spectacles, pas au détriment des artistes bien sur, et que ça permette de sortir de cette illégalité généralisée. Car au final, le but est de soutenir le développement artistique des groupes et leur permettre de faire un max de concerts dans de bonnes conditions … et les bars sont indispensables pour commencer, rare sont ceux qui débutent directement dans des salles financées publiquement !

  8. Tout ça est intéressant. Je fais de la musique, mais ne suis pas intermittent. Je voudrais bien mais je peux point. Ou plutôt comment faire ? Quel cafetier va me faire un contrat de travail alors que je n’ai pas le statut qui convient ?

    1. Tu prends le problème à l’envers, ED.
      Actuellement, lorsque tu veux « devenir intermittent » (entre guillemets car ce n’est ni un Statut, ni un Graal, ni une Niche, ni un Paradis Fiscal… c’est un type d’indemnisation chômage… en fait on devrait presque parler de « chômeur intermittent », mais ça ferait pas chic), tu te fais payer pour tes concerts en « cachets », c’est à dire en « forfait d’heures de travail ».
      L’employeur, comme n’importe quel employeur, négocie avec toi ton salaire et tes conditions de travail (taboulé ou burger au dîner, Première Classe ou Ibis Styles pour l’hébergement). Ensuite, tu viens, tu balances, tu bouffes, tu joues. Il te déclare (= il passe du temps à faire de la paperasse chiante), et toi tu prends 4 petits papiers (dont un contrat de travail et une fiche de paye, comme n’importe quel job) et un chèque, avec lesquels tu pars dormir à ton hôtel.

      1. ENSUITE, au bout de 10 mois, tu décides de tenter l’intermittence. C’est LÀ que tu sors la boîte à chaussure avec tes papiers, et tu comptes.
        Tu comptes si tu as bien été déclaré pour un minimum de 507h sur les 10 derniers mois.
        Sur ces 10 derniers mois, tu as vécu de ton chômage, du RSA, des salaires eux-même, ou encore de ton ou tes jobs, que ce soit Professeur d’université ou Roadie ou Caissier chez carrouf. Si tu as tes 507h, après vérification par Pôle Emploi, tu peux espérer avoir une « ouverture de droits » Et donc là, tu vas avoir la chance de toucher du « chômage intermittent », les jours où tu ne travailles pas, afin de pouvoir « travailler de manière intermittente » dans de bonnes conditions. (Tout ça « EN GROS »).
        Bref, l’employeur s’en branle que tu sois chômeur (intermittent), chômeur (permanent), RSA-iste, plombier au black, salarié, auto-entrepreneur, chef d’entreprise, en congé maternité… ton statut n’intéresse que toi. Et les impôts.

        1. (Attention, il y a plein de petites subtilités telles que : si tu fais trop de « régime général » par rapport à tes « contrats d’intermittent » (=abus de langage), tu te fais sortir de l’intermittence ; en effet, au lieu de toucher du « chômage intermittent », tu va toucher du chômage « normal »…

          1. c’est très bien expliqué, et je rajouterai juste que pour le barman qui te dit que c’est compliqué, tu peu négocier avec lui! Et surtout lui expliquer qu’il a droit au GUSO qui fera tout le bordel administratif a sa place!
            Sinon, je connais des musiciens qui viennent faire un concert mensuel, ou hebdomadaire mais a qui on ne paye qu’un cachet pour 2 ou 3 concert! au pire, si tu trouve 3 ou 4 bar comme ça, tu peu assurer une intermittence! (objectif 5 cachet par mois)

  9. Merci, merci, merci pour l’article. On passe sa VIE à expliquer qu’un artiste au plateau DOIT être obligatoirement salarié ! Et si ce n’est pas le cas, c’est de la fraude, et qu’il faut en être conscient (ça n’empêche pas de le faire, mais c’est bien de le savoir). Quand on gère administrativement tout ce b****l, on voit très vite que ce sont les musiciens eux-mêmes qui le comprennent (et surtout l’acceptent) le moins… On les voit chercher (et trouver !) tout et son contraire sur internet, avec des « contrats de bénévolat » à la con, ou tout autre truc idiot, et venir nous demander pour la centième fois si « t’es sûre ? vraiment sûre qu’il n’y a pas une solution ? ». Non ! Pas de solution !

    1. Je propose que tous les musiciens et tous les techniciens et tous les chargés de prod se regroupent, et donne une fessée collective au mec qui a inventé cette connerie de « contrat de bénévolat », et qui laisse croire aux gens que c’est légal…

      1. Puisque les disques ne se vendent plus mais qu’il est toujours aussi onéreux d’enregistrer, que les cafés-concerts ne font plus recette et ne peuvent ni déclarer ni payer correctement, il reste les yeux pour pleurer et la rage au fond du cœur ce qui, en général, façonnent un artiste. Nous sommes tous dans le même combat, celui de garder coûte que coûte la culture au dessus de la ligne de flottaison, c’est un sacerdoce et chaque acteur de ce milieu doit garder ceci en tête en permanence.Dans une société en difficulté l’artiste est toujours le premier touché, il représente aussi le premier anticorps de ce monde malade.

        1. Pour simplifier (et grandement schématiser…) :
          – soit la personne a un job par ailleurs, fait partie du « Club des amateurs de théâtre de Sainte-Ménéhoulde », monte une pièce de théâtre amateur, se produit sur scène, avec ce club, de temps en temps (vraiment peu souvent), invité par le Comité des Anciens de Sainte-Ménéhoulde, et donc là, ok, il est bénévole, pas de souci.
          – soit tous les autres cas, et là no way, l’Urssaf te réclame ses sous à partir du moment où l’artiste met le bout de l’orteil sur un plateau.
          Donc : contrat de bénévolat aucun intérêt, car quoi que l’artiste puisse dire, réclamer, signer, l’Urssaf demandera ses $.
          [par ailleurs, rien n’empêche l’artiste de reverser son salaire net à qui que ce soit, du moment que les charges sociales sont payées].

  10. 85 euros par tête, déjà ça, c’est injuste. On est pas du bétail et un gars seul et talentueux peut faire un meilleur concert qu’une équipe de douze qui vient de s’engueuler dans les loges. De plus, sachant l’accumulation de compétences dont tu as besoin pour faire de la musique correctement et le temps que tu passes sur place à faire les balances-concert-rangement, ce minimum syndical est bien ingrats. Alors certes, c’est l’amour de l’art qui prime et la prime, elle est pas pour toi…

    1. Bien sur que ce n’est pas grand chose, ça pose de manière générale la place de l’artiste dans notre société …
      Mais comme je l’ai dit plus haut, organiser une soirée concert, à moins de faire 2 artistes en solo et de n’avoir aucun frais de location de matériel, c’est juste pas viable économiquement pour un organisateur … hélas.

  11. Passionnant article, passionnants commentaires, félicitation à BSTR pour la vulgarisation et l’approche réaliste qui vient du terrain. Elle démontre toute la difficulté de la vie professionnelle des artistes musiciens et de l’économie de la culture en général. Même si quelques incohérences, la majeure partie des éléments sont véraces. Juste une petite précision, importante à mon sens, l’intermittence du spectacle est un régime spécifique d’assurance chômage, et non un statut professionnel, le statut comme précisé au début c’est salarié. Filipetti faisait souvent l’erreur, les grands médias (libé par exemple) aussi. Souvent quand on parle des intermittents on parle en fait des indemnisés et non des autres qui ont quelques contrats « intermittents » mais non indemnisés par pole emploi et qui sont dans la multi-activité (zik+technique+interventions pédagogiques souvent). Un très grand nombre de musiciens sont dans l’entre-monde et jonglent.

    Pour les difficultés du secteur, la problématique vient de deux origines à mon sens : 1/des lieux qui peuvent lâcher les 800€ pour un groupe ne les mettent pas et en mettent 400/500 au black pour ne pas payer les cotisations sociales, les contrôles manquent (pas assez d’agents de l’URSSAF et inspection du travail). 2/Les artistes ne sont pas assez fédérés pour avoir du poids et la force du groupe, ce qui fait que certains acceptent de travailler à des prix trop bas ce qui tire tout le secteur vers le bas. Je ne leur jette pas la pierre, c’est la précarité et la perversité du système qui génère ça. Voilà plus de 10 ans que j’accompagne des artistes dont beaucoup de musiciens dans leur parcours professionnel, l’équation est extrêmement complexe, encore + dans la musique. Encore une fois les solutions je pense sont collectives et les stratégies coopératives seront toujours plus pertinentes que les logiques individualistes. Mais cette logique collective est complexe à mettre en oeuvre dans un milieu souvent marqué par des egos qui ne passent pas les portes et des équilibres budgétaires hyper-incertains comme l’a écrit Bester.

  12. je préconise un deuil profond et assumé de vivre de la musique, surtout en france. continuer de produire des albums pour la gloire des anti-héros(ïnes) que nous sommes, arracher des dates par ci, par là, quitte à jouer dans des lieux insolites, garder une vision exigeante de faire de la musique pour la musique avant tout. et lâcher prise sur le reste. se détourner de la logique de métier. c’est une voie en soi, un chemin personnel, qui ne dépend ni du succès, ni de l’approbation extérieure, ni du contexte, ni du temps… il faut juste savoir ce qu’on veut trouver. si l’argent arrive et la possibilité de tourner tant mieux. si y’a pas, tant pis. on continue quand même. parce que y’a un but, une quête musicale. tous les DA du monde, les tourneurs ont le temps de couler leur boite 10 fois, ils sont fragiles car ils n’ont pas d’autre vision que leur but marchand, et ça c’est périssable. une vision artistique elle, est éternelle et nourrit les êtres humains en profondeur, elle fuck les vernis de surface et les fausses attitudes basées sur les modes, le buzz. si je devais m’attarder sur le buzz et les modes, je coulerai avec ce titanic qui est déjà perdu. laissez la bête mourir, regardez là, c’est fini. y’a déjà foule d’inspirations géniales et des groupes géniaux partout dans le monde, y’a tous les jours de bonnes raisons de faire de bons albums, de continuer d’être inspiré! belle route à tous!

  13. Trop d’impôts,on sait pourquoi et surtout pour engraisser qui.
    Mais bon trop de concerts aussi.
    Sauf en province,alors que les jeunes y sont quasi aussi cultivés.
    Si de bonnes âmes avaient l’idée de délester les parisiens d’une bonne dizaine de concerts par soir et d’une bonne dizaine de nouvelles salles par an,pour les reverser en province…merci
    Gonzai fait bien des soirées à Béziers.

  14. Une chose au sujet du groupe qu’il faut préciser.
    En général le groupe déclaré de 7 musiciens, environ 1500€ le coût (salaire + charges + fiche salaire compta + per diem) doit ajouter à cela les frais de transport et d’hébergement, car rare sont les salles / organisateurs à vouloir prendre le groupe + hotel à payer + transport. On monte alors vite à 2200€, en ajoutant la part du tourneur (si tourneur il y a) on est alors autour des 2500€.

    D’où le fait qu’on fasse effectivement tourner plus facilement des groupes de 2 ou 3 personnes.

    Très bon article. Merci Bester.

  15. Là ça devient très technique en effet. Pour un musicien c’est la catégorie « artiste-musicien » qui s’applique et non « artiste-interprète » (qui sont ces mystérieux artistes interprètes, je ne le sais guère). Et donc le minima pour une petite salle, 103,04€ brut, 105,03€ si en tournée. Grosso merdo 85€ net et 170€ coût employeur.

      1. @genin clement Non ça c’est pour les boys bands 😉
        Sérieusement à partir du moment où t’as un instrument dans la main t’es dans la catégorie artiste-musicien, donc à 103,04€ brut pour les petites salles. Si tu payes tes musiciens moins que ça tu es dans l’illégalité, mais bon c’est déjà un bel effort de les payer et déclarer !

        1. En effet, l’interprétation n’est pas facile sur ces tableaux!
          Un artiste interprète, c’est tout simplement un artiste qui ne compose pas, qui joue un répertoire composé par quelqu’un d’autre, classique, jazz, et maintenant certain funk, salsa, world music, ont tendance a reprendre un répertoire. Même si ils ont fait les arrangements!
          Il seront d’ailleurs a ce titre, rétribué par les droit d’auteur arrangeurs (sacem), et les droit d’interprètes (adami, spedidam)
          On s’écarte du sujet, mais c’était pour répondre à ta première question
          Perso, j’ai toujours fait des déclaration au smic horaire, ce qui me semble plus juste!
          Du coup les cachets d’artistes (musicien, danse ou théatre) je les sort a 116€05 brut en 2016 soit un total de 185€ cout employeur et 90€ net

  16. Je me rappelle encore des premières tournées anglaises avec mon premier groupe Sloy dans les années 90 où nous avions demandé aux patrons de certaines salles et clubs, pourquoi l’état anglais les laissait tranquille en terme de législation du travail. Faut savoir que même aujourd’hui des milliers de groupes anglais jouent gratuit ; au meilleur des cas sont payés l’équivalent de 100 € sans bière et repas. La réponse était toujours la même :  » l’état laisse faire car il savent que c’est par la scène que les groupes deviennent bons, et si on veut des bons groupes, et donc que cette industrie existe et qu’elle rayonne à travers le monde, il faut bien qu’ils s’entraînent. En Angleterre, tu as 6 à 8 morceaux et tu peux partager une soirée avec un autre groupe, pas besoin d’avoir une heure de set… Tu fais , tu t’exprimes et les groupes se rendent vite compte de leur talent ou pas, quitte à en remonter un autre 6 mois plus tard ».

    1. C’est vrai que de toucher du cash pour une concert c’est bien bandant! surtout si derrière tu n’a ni retraite, ni chomage, ni conges payé, ni sécurité sociale! au moins là on y gagne bien!! hein!

      1. @ Genin clement – c’est quoi ta réalité de concert à toi, tu peux nous la donner pour que l’on sache. Tu joues
        dans quelle formation, tu joues où, c’est quoi tes plans concerts où tu es payé suffisamment ? Eclaires nous, n’attends pas !

      2. Mais tu crois franchement que l’on revendique de ne pas être payé suffisamment et s’en foutre. En France comme partout en Europe, si tu es payé 150 à 250€ € dans un bar c’est le maximum, et je me garderai de te donner les sommes qu’une Smac veut bien donner à une jeune artiste. Que doivent faire les jeunes et les moins jeunes artistes, ne pas jouer ?

        1. bah, pourquoi le spectacle est-il hors la loi? Tu es en train de me dire, que si un gars veut travailler à l’usine, et que l’usine décide de le payer en dessous du cadre légal, il a pas le choix!!?
          la réalité, c’est qu’on est dans un pays de droit et de devoir!
          Tu as des droit, a toi de les faire respecter; et pour aller plus loin, si un gars refuse de te faire jouer au prétexte que le minimum légal est encore trop cher, il existe un tribunal pour cela, c’est le Prud’homme, rien ne t’empêche de saisir les prud’hommes si tu décèle une discrimination à l’embauche! oui oui, on est dans un pays de droit!
          Bon j esais tout ça n’est que théorique, et malheureusement, si tu n’accepte pas, ils va prendre quelqu’un d’autre, j’ai envie de dire, que c’est là qu’il faudrai aller au prud’homme, je pense que le programmateur hésitera la prochaine fois…
          Quand a ta question, sur moi, qui je suis pour parler comme ça? je suis un intermittent du spectacle, comme toi certainement, mais je suis administrateur, je ne suis pas sur scène! je travail dans l’ombre! Et je te rassure, les gens que j’administre, ils y arrivent, et ils sont nombreux, car j’administre 35 compagnies (pas que de la musique je te l’accorde) ce qui représente a peu près 250 intemrittents qui cumulent un peu plus de 2000 cachets sur l’année
          voili voilà! sur ce belle journée

        2. Bonjour Armand JR, oui c’est tout simplement le marché, mais la fameuse exception français empêche l’émergence de jeunes Strart-up musicale que cela soit pour le groupe pour le groupe, pour l’investisseur qui voudrait bien investir sur une écurie de groupe comme on le fait en port auto ou le statut auto entrepreneur est utilisable.

    2. Bonjour Armand, je n’ai rien à ajouter au débat, je voulais juste dire que j’ai vu Sloy à l’Elysée Montmartre quand j’avais 14 ans et que ça m’avait grave marqué.

  17. C’est marrant quand j’entends artiste et intermittence j’ai l’impression d’entendre Gattaz parlant des petit patrons de PME (alors qu’il bosse en réalité pour les grands patrons des grandes entreprises). La réalité de l’intermittence n’est elle pas que la grande majorité de ceux qui en bénéficie ne sont pas des artistes (permittent coucou !) ce qui tendrait donc à prouver que ce statut ne leur correspond vraiment pas et qu’il devrait donc être supprimé et au minimum repensé.

    1. Tu as des chiffres sur ce que tu avances ? En tout cas l’accord qui a été signé et qui attend l’avis du saint MEDEF pour être définitivement appliqué ramène plus de « petits » dans le champ d’indemnisation (507h en 12 mois contre 10 mois ou 10 mois et demi actuellemnt), et baisse les allocs des gros (3700€ bruts maxi en cumulé assedic/salaire)

      1. J’ai oublié les chiffres (et un peu la flemme d’en rechercher et ça datait d’il y a 4-5 ans) mais il me semble que le passage aux 507 en 10 mois 1/2 à sérieusement (et assez logiquement) écrémé le statut de nombres d’artistes. Alors que d’un autre côté le milieu se professionnalisait et que le black disparaissait de plus en plus et que donc de plus en plus de personnes cotisaient. Il me semble que le plus grand employeur d’intermittents reste toujours Radio France (et la télé derrière) et que les artistes n’y sont pas majoritaires. Le retour aux 12 mois j’ai un peu (beaucoup en fait) du mal à y croire de la part du MEDEF… Je ne vois pas du tout pourquoi ils feraient une fleur alors qu’ils sont en position de force. Le seul truc qui pourrait bouger les lignes c’est si la télé et la radio s’engageaient à pourrir médiatiquement le MEDEF parce qu’il menace leur business (qui se base sur l’intermittence). Mais pour l’instant ils ne sont pas à l’article de la mort : le MEDEF doit d’abord passer sur le corps du spectacle vivant (c’est déjà bien engagé) et puis sur celui du cinéma avant d’attaquer les médias.

  18. Triste de lire de la part de gens qui prétende défendre les artistes de tels inepties et contre-vérités !

    Premièrement, ce que l’auteur appelle des charges n’en sont pas, ce sont des cotisations sociales qui ne sont en rien assimilable à des taxes ou des impots (l’auteur « dit reversé à l’état » ce qui est totalement faux.) C’est une part du salaire qui est mutualisé, géré par des organismes indépendants de l’états, normalement par les salariés eux mêmes. Ces cotisations ne servent pas suelement à payer les retraites (pourquoi l’auteur fait un bloquage là dessus ?), mais aussi le chômage (donc ceux qui sont sur scene sont déjà un peu plus concerné, surtout si parle de l’intermittence), les aides aux parents (CAF) et la prise en charge maladie (et oui la dessus les américains ils sont forts hein !). L’auteur se trompe délibérément en assimilant le salaire au seul salaire brut, et on comprends facilement que ce qu’il regrette ce n’est pas tellement l’administration française (qui a bon dos) mais surtout et avant tout, de payer les musiciens au juste niveau. (et oui c’est un minimum de 175€ par artiste et techniciens ! Il faudrait comparer par exemple avec le salaire d’un plombier déclaré tiens …).

    On commence à comprendre au fur et à mesure de l’article de quelle coté est l’auteur quand il reprends à son compte le soit disant déficite du régime intermittent (mais renseignez vous bordel, c’est fait pour cela internet).

    Mare de se faire exploité avec des discours comme cela. Musiciens, exigez d’être déclarés et payés comme il se doit, vous en serez les premiers bénéficiaires !

    1. « inépties, contre vérités, se trompe délibérément… »
      Vous êtes alors complètement passé à côté de cet article qui décrit très bien la réalité de l’organisation de concerts. Pour une fois.
      C’est normal de ne pas savoir et de s’offusquer quand on ne connait pas le quotidien des « musiques actuelles » : organiser des soirées ou être musicien et essayer d’en vivre c’est pas tout à fait de la plomberie…
      En fait il parle d’une réalité, celle des artistes et des organisateurs, et des problèmes que tout le monde rencontre dans ce domaine; rien à voir avec une prise de position « je veux pas payer de cotisations » (on parle de charges parce dans un budget il y a des charges d’un coté et des produits de l’autre hein, camarade).

      1. Number, tu es complètement passé a coté du sujet, pour ta part…
        Etre musiciens, c’est EXACTEMENT comme être plombier!
        et ça devrai l’être encore plus!
        parce qu’un plombier, au même titre qu’un musicien, ne travail que si on a besoin de lui, il est donc payé au service rendu… Il COTISE pour avoir des droits, la sécurité social étant quand même un minimum interessant dans notre pays!
        Vouloir regarder le monde de l’organisation comme des charges et de produits! c’est super!
        un groupe c’est une charge, le public un produit! WoW! quel bel vision!
        malheureusement, les institutions françaises, ont eu l’idée saugrenue de vouloir faire du social, et de donner des droits au artistes en France!
        Incroyable!! On devrai quand même supprimer tout ça au nom de l’économiquement rentable! merde!
        Désolé si on a pas du tout la même vision « Camarade »!

    2. Commentaire complètement con doublé d’une capacité à politiser un débat qui ne l’est pas. Heureusement pour vous qu’à Nuit Debout les concerts ne sont pas déclarés.

      1. si défendre son bout de gras c’est faire de la politique, alors quitte tout de suiteles nuit debout! parce qu’a la base c’est quand même pour nous défendre qu’elles ont été crée, pas seulement pour faire jouer des gens gratuitement! D’ailleur j’aimerai bien savoir de quoi tu vie, pour travailler gratos! a moins que papa maman s’occupe de toi!

  19. La différence entre un plombier et un artiste c’est que le premier possède un savoir-faire et le second un « savoir-créer »et créer c’est aléatoire, capricieux, incertain et énergivore. On peut effectivement voir ce métier comme de l’artisanat même si l’on ne proposera jamais à un plombier d’être rémunéré au chapeau ou sur la recette ou au nombre des entrées…

  20. Ne pas confondre les charges fixes (électricité,chauffage etc) avec les cotisations (caisses retraite, sécu…) pour ne pas contribuer à la « médification » des esprits…
    Tim

  21. Je n’ai pas lu l’intégralité des commentaires (faut pas déconner), mais une lecture en diagonale me laisse penser qu’il n’a pas été fait mention de l’initiative des Café Culturels (ceux qui se font taper dessus parce qu’ils organisent des concerts en dehors de la légalité) à se regrouper, réfléchir et même proposer des solutions à leur problématique spécifique: http://www.bar-bars.com

    Pour avoir discuter avec certains de leurs adhérents, ils proposaient un statut de musicien amateur rémunéré moins contraignant. De même qu’ils préfèrent ne pas être classés en lieux de concert exclusivement, bien que conscients de la nécessité d’assurer la sécurité des spectateurs. Une initiative à soutenir, parce qu’elle se pose les bonnes questions, je trouve.

  22. Bonjour,
    Je suis le fondateur de https://artist.live, plateforme ouverte dédiée au spectacle vivant.
    Très bon article qui résume exactement la problématique sur laquelle nous travaillons, bravo pour cette synthèse !
    L’initiative des Cafés Culturels va dans le bon sens et donne des perspectives, il faut comprendre les contraintes bien réelles des lieux de diffusion, leur simplifier la vie niveau administratif et intégrer les dispositifs permettant de réduire les coûts comme le GIP Cafés-Culture.
    Il y a aussi un gros travail pédagogique à faire avec les artistes pour faire évoluer les mentalités et sortir de la culture du black, des dates « payées » en pintes.
    En travaillant des deux côtés, on essaye d’accompagner le mouvement vers une normalisation du secteur 😉
    Merci encore pour cet article.

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