La dernière fois, je vous ai laissé sur une plage de Viareggio devant le bucher funéraire de Percy Shelley. Dans la peinture de Fournier, on pouvait voir en première ligne, devant le

La dernière fois, je vous ai laissé sur une plage de Viareggio devant le bucher funéraire de Percy Shelley. Dans la peinture de Fournier, on pouvait voir en première ligne, devant le prêtre, Lord Byron touché par la mort de son ami, et tenant à être au plus près du feu.

Nous sommes d’accord pour dire que les morts reposent dans les cimetières, mais aussi dans les lieux qu’ils ont fréquentés. Ainsi on peut retrouver Bloy rue Blomet ou à Bourg-la-Reine dans le même appartement que Charles Péguy, Montherlant au Voltaire ou à Rome, Stendhal à Florence… et Byron ?

J’ai profité d’un voyage en Italie pour me rendre à Viareggio, où non loin de là se trouve Porto Venere (rien que le nom mérite le voyage). C’est ici, il golfo dei poeti ; Et là, nous sommes à l’entrée de la grotte Byron. Le poète y aimait s’y recueillir, penser à  ses amours ou à sa solitude. Aujourd’hui comme une journée estivale, le recueillement cède la place à la baignade. L’endroit est plus fréquenté, mais ne reste pas moins désagréable…

Je reviendrai quand il y aura moins de monde…

Nous commençons à tourner le dos au soleil, le ciel orangé semble éblouir l’entrée ; les rires des ados dans l’eau sont remplacés par la brise qui joue de son souffle dans un rythme langoureux entre l’eau et les rochers…

A cette heure-ci, de la nuit, nous y sommes seul. J’essaie de ressentir l’âme de Byron. Il est tellement dispersé entre Vénise, Ravenne, l’Albanie, et Missalonghi, que je n’y arrive pas…et puis il y a cette silhouette assise là, regardant la mer avec un regard défiant et triste à la fois. C’est un byronien ! Su questo non ci piove ! Il n’y a pas de doute. Alors je me dis que le meilleur moyen de parler de Byron est finalement d’observer Andrea Fiordispina, jeune poète italien emflammé, à fleur de Christ et de Dionysos. Il pensait qu’en venant ici (endroit qu’il connaît) il allait retrouvé son amour perdu. Comme la sculpture un peu plus haut, de cette jeune femme qui regarde la mer en attendant son mari pescatore, Andrea Fiordispina attend Mlle Effe.

Au rythme de la mer qui monte et qui s’agite, il cria de plus en plus fort : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Évangile selon Matthieu).

« Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ! »

Impuissant face aux sentiments perdus de Grazia Effe, il regardait impuissamment son amour glisser entre ses doigts et couler dans les profondeurs du Mare Nostrum. Fiordispina ne me voyait pas, mais il voyait Effe qui n’était pas là. Pour lui, elle semblait flottée dans les airs, le vent agitait ses cheveux bruns et répandait son odeur sensuelle d’eau de parfum.

Je pouvais ressentir au plus profond de moi ce que ressentait Andrea. Nous avons tous été marqué par une histoire d’amour déchirée. A chaque fois que nous y repensons nous nous disons que cette personne a été notre Amour, à présent que tout est rompu et perdu rien ne pourra cicatriser cette séparation. Andrea ne voulait pas de cette cicatrice, son corps  »sucé par les sorcières » (comme disent les toscans) et son cœur étaient suffisamment lacérés. Les seules cicatrices qu’il eut aimé porter étaient celles de Grazia Effe.

Comme à l’appel d’une sirène il plongea dans l’eau tourmentée et devenue froide du golfe, il la voyait nagé sous l’eau dans sa robe rouge à fleurs bleues, au milieu de petites bulles d’airs qui l’entourait. Il la saisit par les hanches. D’elle il n’y avait que la robe, et de lui ce poème :

Minute after minute
Hour after hour
Your love be cold
The dark night took the heart like a robber without telling
And burned the love…
Alone…
Far from us.
We try to protect our eyes, but we don’t realize :
The sun is bleeding, the blood is suffering.

Les souvenirs disparaissent dans le chagrin et la tristesse

I can see you dance in your clothes … and laughfing
We can’t run to the past, we can’t do it fast.
Lost and alone, as beaten dog under the hail
Whose world, or mine or theirs or is it of none?

And she says :

I have suffered also ;Strappa da te la vanita, te dico strappala
Pull down the vanity, i say pull down.
There is a time to love, a time to die.

Andrea Fiordispina, Cadimar, été 2009.

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