Et si certains albums étaient des chambres de poche, des alcôves à portée de tympans ? Enfiler ses écouteurs pour recouvrer sa sérénité, comme on s’enferme chez soi pour décompresser : « va jouer dans ta chambre ». Et Gonzales de jouer, dans son "Chambers", douze titres néo-classiques en association avec le Kaiser Quartet de Hamburg, façonnant ainsi l’une de ces antres intimes déplaçables à volonté.

« Tout homme porte une chambre en lui. On peut même le vérifier en écoutant. Quand quelqu’un marche vite et que l’on tend l’oreille, la nuit par exemple, lorsque tout est tranquille, on peut entendre le petit bruit d’un miroir mal fixé au mur ou celui d’un chapeau de lampe. » (Kafka, Cahiers in Octavo)

« Chambers » est moins un disque de musique de chambre qu’un album de musique en guise de chambre. Ce qui conduit à la chambre : l’envie de se reposer, de s’isoler, lire, dormir ou faire l’amour. Ce qui conduit à la chambre : le besoin d’intimité. « Chambers » est un disque résolument intime, une de ces oeuvres vous donnant le sentiment d’avoir été composée spécifiquement pour vous, votre solitude, et rappelle d’ailleurs à un point troublant un autre disque de chambre, le bien nommé « Aux solitudes » de Jean-Philippe Goude (2008), celui-là même qui affirmait en interview être « plus solitaire qu’un autodidacte ».

Intimité : c’est comme si les musiciens s’étaient nichés directement dans votre conduit auditif pour travailler leurs partitions, qu’il n’y avait eu de contact avec la société, que les instruments vous parlaient purement, simplement. Vertige de la proximité. Cela vous est d’ailleurs si proche qu’il devient difficile d’en parler sans violenter votre pudeur. Ecouter puis parler de certaines oeuvres confinant parfois pratiquer la masturbation en espace public — où plus chastement, à l’exposition décomplexée des coins les plus obscures de votre cerveau.

Le dernier album de Gonzo pourrait en fait être assimilé à une séance d’hypnose néo-romantique.

Chambers_cover800-630x630-608x608Une visite du subconscient en 12 morceaux, pratiquée par quatre thérapeutes docteurs es cordes (le Kaiser Quartett de Hambourg) et un docteur es piano (Gonzo, donc). L’album de s’ouvrir d’ailleurs sur Prelude to a feud : un prélude, une fugue, qui est fuite hors de ce monde, de sa réalité tangible, pour en rejoindre la face alternative, se focaliser sur les formes qui s’agitent dans l’ombre du réel, fantômes psychiques. Les coups répétés des violoncelles et des alto agissant comme des barbituriques, l’auditeur se transforme vite en somnambule, dirigé par des cascades de pianos. Elles s’enchâssent dans ses tympans comme autant d’avalanches de sable, lâchées par un Chilly Gonzales reconvertit en M. Sandman le temps d’un album.

Plus loin, le marchand de sable ayant accompli son ouvrage, on commence à regarder le derrière de son oeil (ou de son tympan). C’est Advantage Points, puis c’est Freudian Slippers, que Gonzo dédie « à l’inconscient ». « Slippers » comme les chaussons, donc, ceux de Chilly Gonzales que l’on connait maintenant depuis quinze ans, mais ici aussi assimilés à ceux de Sigmund Freud. La robe de chambre de l’auteur de « Solo Piano » n’étant plus seulement l’uniforme du flegmatisme de façade de ce travailleur de fond qu’est Gonzales, mais devenant aussi celle du spécialiste des rêves du XXIème siècle. La robe du psychanalyste, du chef d’orchestre de vos fantasmes, la tenue archétypale de qui passe sa vie à étudier la petite musique mentale que chacun porte en soi : « Comment tente-t-on de communiquer avec les rouages inconnus du cerveau ? Avec des techniques surréalistes comme le double fantomatique du violon ? Avec des rythmes trébuchants, bredouillants ? Avec des interruptions, comme celles d’un choeur, pour essayer d’imposer un certain ordre ? » s’interrogera d’ailleurs Gonzales dans le descriptif accompagnant son album.

Une fois bien installée dans cette anti-chambre musicale, cet « espace-autre » ou hétérotopie comme les appelait Michel Foucault, on peut alors se laisser à revisiter tout un tas de souvenirs qui ne nous appartiennent pas. Sur Green’s Leaves, je me souviens des diaboliques déhanchés au bal de Louis le Juste, post-mariage avec Anne d’Autriche ; sur The Difference, je me remémore l’adrénaline qui montait avant les combats de boxe amicaux que je partageais avec Cassius Clay ; sur Solitaire, je me rappelle le temps où je partageais ma colocation avec une grosse jument de course, Biatch Beauty, et je la vois se brossant les dents avant de se coucher à mes côtés, moi lui caressant le flanc, elle fermant les yeux ; sur Advantage Points, me revient encore cette longue marche enneigée jusqu’à parvenir au sommet d’un mont où était prévu un duel au couteau entre un jihadiste et Michel Houellebecq ; sur Myth me, enfin, le dernier morceau de l’album et la seule chanson à paroles, je me souviens d’une interview avec Gonzales, dans une antichambre grise de l’Hôtel de la tour d’Auvergne. C’était en février 2015, il faisait bleu.

Blandine : Perso, j’aime bien ce qui est ennuyant pour penser, rêvasser, c’est peut-être pour cela que j’aime autant « Chambers », mais de manière générale, je m’inquiète pour cet album. Vous n’avez pas peur de susciter l’ennui avec cette musique de chambre ?

Gonzales : Ouais, bon c’est très subjectif ce qui est boring pour quelqu’un quand même. Moi je suis très bored quand je vais écouter un DJ dans un club, par exemple. Si les gens pensent que faire une musique instrumentale assez constante, avec des sursauts c’est boring, bon, ils ne devraient pas écouter ce genre de musique. Mais en fait, qu’est-ce que vous entendez par « ennui » ?

Mh, pas vraiment l’absence de surprise, puisqu’il y en a dans l’album, mais peut-être le côté musique de chambre, ère romantique, très intime. On a pas été habitué à ça. Avant Gonzales c’était le type qui fait des effets, de la punchline, etc. Et là vous allez de plus en plus vers l’intime, c’est presque porno. Ca pourrait se faire, un album de porno musical ?

Un album érotique ouais, ça pourrait exister, mais… Non, ce qui était bien dans l’époque romantique, c’est que c’est la première fois qu’on a reconnu que le subconscient pouvait avoir du pouvoir sur quelqu’un, sur n’importe quel artiste en fait. On a compris que les pulsions de violences ou de désir, bref tout ce qui est un peu interdit dans la société « polie », tout cela se retrouve dans la musique. C’est toujours le cas aujourd’hui, on le sait, mais c’est à l’époque romantique qu’on l’a compris. La musique n’était plus envoutante pour les mêmes raisons, ce n’était plus une sorte de tour de magie caché, on a assumé ça, le fait qu’elle reflétait notre subconscient. Et du coup il y a eu un rapport différent entre le compositeur et sa musique. La naissance du héros romantique notamment, que ce soit Niccolò Paganini ou Beethoven, le type qu’on sacralise parce qu’il exprime notre intériorité, et qui influe sur elle. L’idée de la célébrité musicale, pour ces raisons, c’est un produit du 19ème siècle. Et aujourd’hui on y est toujours, avec la culture célébrité. On n’aurait aucun rappeur ni aucun génie de la pop sans héros romantique. On n’aurait pas Kanye West ou Daft Punk sans Pagganini et Chopin. Donc oui, aller vers l’intime pour ces raisons.

L’idée de la célébrité musicale, c’est un produit du 19ème siècle.

Vous parlez du mythe, du héros romantique, et vous semblez aimer l’idée du musicien mythique, mais en même temps il y a une chanson dans l’album, Myth me, qui semble vouloir déconstruire ça, se préserver du culte de l’artiste et de la vanité qui l’accompagne. Elle commence d’ailleurs par « Vanity is vanishing » (la vanité est en train de disparaître)…

Oui, bon comme pleins de morceaux ce n’est pas exactement ce que je crois à 100%, cette chanson. Mais il y a un moment où, c’est vrai, je me suis posé la question : c’est quoi la relation entre la musique de quelqu’un et le mythe qui remplace cette musique ? Pourquoi ça me fascine autant ? Il faut en faire une chanson. Vous voyez, tous mes idoles ont ces deux côtés. Je pense à Bobby Fisher ou Glenn Gould, ou Michael Jackson. A la fois, ils ont réinventé le genre, ils ont changé la manière dont on jouait le jeu, mais SURTOUT, ils ont bousculé les institutions, ils ont ouvert leur gueule, ils n’ont pas respecté les règles. On avait l’impression qu’ils « manquaient de respect » au monde, au début. John MacEnroe par exemple, il se fâche, il parle mal aux gens pendant qu’il joue, on se dit c’est pas possible mais à un moment, ce qui l’amène aux gens transcende tout ça, on se rend compte que si c’est pas possible c’est parce que derrière il fournit un travail pas possible. Et ce type devient un mythe. Un vrai mythe, et quand vous demandez au gens « que pensez-vous de John McEnroe ? » ils ne vont pas spontanément dire « ah c’est le mec qui a inventé le jeu où au moment où tu fais le service tu te rapproches du filet » mais ils te diront ah ouais, John McEnroe qui dit « You cannot be serious ! » à l’arbitre. Ou Glenn Gould cet hypocondriaque, hyper-excentrique, qui portait des gants même en Juillet. C’est le mythe qui passe par là parce que ces gens ont fait quelque chose de mythologique. Donc à un moment, je me suis juste dit : « tiens, si je me retirais, il y aurait peut-être plus de chance pour moi de resurgir, de proposer quelque chose de mythique« . C’est quand on disparait qu’on étonne, qu’on devient marquant.

Ce qui explique votre descriptif de la chanson, sur le livret, « je suis un compositeur et ceci est mon hymne de pré-retraite » : vous pensez à une retraite encore, à vous retirer pour mieux régner ?

Exactement. Seulement, je dis aussi dans la chanson à la fin « but theses changes are so minuscules, I’m still adicted to the ridicule« . Finalement, je finis sur un peu de rap dans pour dire que même si je pose plein de questions sur le rôle de la vanité, etc. — imaginons un monde où je ne suis plus dans la séduction avec le public, ça pose pleins de questions : est-ce que j’arrêterais ? Est-ce qu’il y aurait une différence dans la musique elle-même ? Qu’est-ce que ça veut dire de perdre le moteur sur lequel je travaille pour que ma musique soit entendue, etc ? — eh bien même si je pose toutes ces questions, que j’envisage la retraite mythique, au final, là, je suis toujours en train de faire une interview, et je suis toujours addict à ce ridicule…

En venant, je pensais à votre robe de chambre, que vous portez tout de même depuis toujours, en concert, sur les pochettes d’album… C’est drôle qu’elle trouve soudain à s’épanouir dans une musique de chambre cette robe. « Chambers », inconsciemment, aurait été en germe depuis toujours ?

Ahah, c’est possible. Non, disons que depuis toujours j’aime bien les petits choses, la chambre. Le piano droit plutôt que le piano à queue, par exemple. Les petites formations. J’ai un côté sous-chien, on en a parlé la dernière fois, un côté underdog, et j’ai l’impression que le petit piano droit quand il essaye de faire de l’effet c’est mignon, c’est comme un enfant qui joue à l’adulte, je trouve ça touchant, qu’un piano droit se veuille être « davantage » tout en restant un piano droit. Je crois qu’en quatuor par exemple, on rêve qu’on est un orchestre symphonique mais au final, bon, on est juste quatre, on est un groupe. Vous savez j’ai été inspiré par ce quatuor pour faire cet album de chambre, c’est surtout eux qui ont été les germes du disque, j’ai écrit pour eux, pour ces quatre types, je me suis vraiment « enseigné » pour écrire pour les cordes moi-même…

Ca fait longtemps que vous aviez cette idée, d’écrire pour les cordes ?

Ouais, c’était dans l’air mais jusqu’à ce que je les rencontre ces quatre monsieur, l’idée restait flottante.

C’était quand, la rencontre avec le Kaiser Quartet de Hambourg ?

C’était en 2011, ils avaient monté un petit orchestre pour la tournée « The Unspeakable Chilly Gonzales », du rap orchestré, il me fallait un petit orchestre dans tous les pays et quand je suis arrivé en Allemagne je les ai rencontré et je suis devenu jaloux du fait qu’il y avait ce mec, l’arrangeur polonais, qui passait après la maquette pour faire des parties jouables par les cordes. Quand j’ai entendu mon morceau arrangé, ça m’a rendu triste de pas comprendre, d’être dépendant d’un arrangeur professionnel… Et je me suis dit « bah c’est pas très grave, je peux apprendre par moi-même, pendant deux ans, je peux voir ». Et j’ai appris. Parfois j’ai voulu les mettre hors de leurs zones de conforts, faire comme des rappeurs avec des coups saccadés pas naturels pour des violons, quitter le back and forth. Ils devenaient fous, mais c’est ça qui est bien aussi, ne connaissant pas les cordes, j’osais avoir des audaces de débutant que l’arrangeur professionnel n’aurait pas forcément eu…

C’est très classique comme album, même s’il y a l’ambition de faire du pop avec de la musique de chambre, ça reste classique à l’aune de votre carrière, est-ce que sur scène vous allez casser cela et revenir à un peu d’entertaining ?

Oui, toujours. Toujours, l’entertaining. En fait le show c’est toujours le même esprit, je change les détails et selon l’album j’adapte,  j’ai envie de folie. Surtout pour la Philharmonie en mars à Paris : I wanna make sure i’m the first crowdsurfing occupying the philarmonic scène, par exemple. Ouais, j’amène toujours le rap, le chant, les leçons de musique, tout ça à la fois.

Ouais, la vanité n’a pas encore tout à fait disparu

Ahah.

[Le morceau] Lefties, par exemple, je l’ai dédié à Barack Obama parce que c’est le mec gaucher le plus connu du monde.

Et chacun des morceaux est dédié à quelque chose, Freudian Slippers à l’inconscient, Solitaire à votre piano…

_DSC0748 © 2015 Alexandre IsardLes dédicaces, j’ai commencé à faire ça avec les Re-introduction études, l’année dernière. Je voulais faire un lien entre les sujets et les idées. Lefties, par exemple, je l’avais dédié à Barack Obama parce que c’est le mec gaucher le plus connu du monde. Bon, quand je compose je n’ai pas du tout l’image en tête d’une personne ou quoi, pas du tout, mais une fois que le morceau est là, j’essaye toujours de prendre un peu de recul, et je me prends pour mon propre collaborateur. J’écoute le morceau et je me dis « ok, qu’est-ce que ça raconte, quelle histoire on peut broder autour de tout ça« . Moi j’aime bien avoir des histoires autour de la musique. La musique en soi c’est très très bien mais parfois, j’aime avoir un petit titre avec du mordant, de la satyre, ou juste des images. Je trouve que ça apporte vraiment quelque chose. Et puis dans le monde pop on est habitué à avoir beaucoup de contexte, et comme je n’ai pas l’avantage d’avoir beaucoup de paroles dans la plupart des morceaux, j’essaye tout de même de nommer le titre, de lui donner une personnalité, des jeux des mots et quelque chose de plus conceptuel. Ensuite, la dédicace c’est aller encore plus loin pour les gens. Qu’ils savent ce que j’avais en tête. S’ils n’écoutent pas beaucoup de musique instrumentale, ça peut les aider.

Si chaque morceau de l’album est dédié, il n’y a pas de dédicace générale pour autant ?

Mh, peut-être au Kaiser Quartet si, parce que c’est eux qui m’ont fait écrire, alors que je savais que ça allait prendre longtemps, il fallait travailler deux ans, et quelque part j’ai fait tout ça pour eux.

Et vous envisagez d’encore collaborer ensemble à l’avenir ?

Pour toute la tournée évidemment. […] Mais j’ai déjà fait d’autres choses avec eux, je les ai amenés dans le monde de l’électro un peu, aussi. Ouais pour le moment ce que j’entends dans ma tête, c’est un piano avec le quatuor quartet, je me suis habitué à ça, mais maintenant j’ai eu trop d’accidents positifs dans ma carrière pour m’engager. Je ne veux pas passer à côté d’un accident potentiel en me disant « ok i have the perfect plan i’m gonna stay with them« , parce qu’il y a toujours des choses pas prévisibles qui arrivent. C’est la vie. Comme « Solo piano » qui s’est vraiment fait par accident et a pourtant tout changé pour moi. Là je ne sais pas encore vers quelle rencontre je vais…

C’est la « serendipity » quoi, saisir l’opportunité, pas de plan de carrière…

Non, en 2010 le quatuor n’aurait pas même été sur ma liste des cinq projets potentiels, et puis finalement vous voyez… Donc j’attends, je vais voir.

Dans « Chambers », il y a très peu de textes, de paroles, alors qu’on était habitués à un Gonzales plutôt prolixe. Est-ce qu’il y a des textes associés à votre musique venant d’ailleurs, du coup ? Des livres, des notices d’appareil ménagers, qui l’auraient influencée ?

Ce que j’aime bien en fait dans cette musique romantique, c’est qu’on a déjà l’impression que les instruments chantent. Le violoncelle particulièrement, au début de Sweet Burden par exemple, il y a des moments où je le pense vraiment comme du chant. Felix Mendelssohn a inventé avec le genre Lobgesang des chansons sans paroles, il a fait quelques douzaines de morceaux comme ça, avec du piano qui chante — « songs without words ».
En ce moment je m’intéresse vraiment au pouvoir de l’émotion. La musique contemporaine est remplie de texte. Moi j’en écoute tout les jours de ce genre, le rap évidemment, mais ça manque un peu de l’émotion de l’instrumental pur. L’électro par exemple, ça peut manquer d’émotion. Evidemment il y a des exceptions, beaucoup d’exceptions mais quand même, mais je trouve que ça manque, et parfois je me dis qu’on peut trouver du sentiment dans cette musique acoustique. Ouais, je crois que c’était un bon moment pour ça, pour revenir à cette musique de chambre.

Pour un temps, la musique de chambre donc. Mais toujours sous le format court, des morceaux de quelques minutes, vous restez dans le format pop. Vous fonctionnez par petites touches…

Ouais, et c’est aussi la raison pour laquelle je ne pourrai jamais être pris au sérieux par un professeur de conservatoire, parce que je fais des petites touches oui, des miniatures. Et un musicien qui ne fait que des petites formes ne peut être considéré comme un maître. A peine. C’est seulement quand un musicien à fait des symphonies des concertos qu’il peut devenir le « maître ». Tout est question de structure dans le classique. Et moi… je sais que je n’en suis pas capable, et en plus ça ne m’intéresse pas. Et je trouvais ça chiant à l’époque que l’on parle de structure, du devoir de la structure, et je disais « mais pourquoi ce morceau n’est pas considéré comme un chef d’oeuvre, ce petit bijou de deux minutes trente ?« . Bon c’est une miniature, mais on s’en fout, de la maitrise, de la structure. Je crois vraiment qu’on s’en fout. Et une fois que j’ai compris que ça ne m’intéressait pas, que c’est pas une réaction mesquine de ma part mais que ça ne m’intéressait vraiment pas, j’ai simplement compris que je voulais parler à tout le monde. Les gens du milieu classique se complaisent dans une musique obscure que personne n’écoute, il n’y a rien à faire — et ça je ne le comprend pas.

Alors quel musicien contemporain vous comprenez, à contrario, de qui vous vous sentez le plus proche ?

Michael Nyman, je pense, c’est un vieux monsieur maintenant, un minimaliste de deuxième génération après Philip Glass, Reich, il a composé la musique de Leçon de piano, de beaucoup de films. C’est du minimalisme un peu naïf et j’aime beaucoup ce qu’il fait. Et il est vivant ! J’aime beaucoup les gens vivants. Quand on me demande si vous aviez un mentor oui je dis ce serait lui. Après je suis aussi toujours inspiré par les rappeurs : leur gestion de carrière, la vitesse avec laquelle leur musique buzz. J’aime aussi beaucoup Owen Pallett, de la pop musique de chambre…

Chambre, chambre, d’accord. Mais quand vous sortirez de la chambre, vous irez où ?

Je sais pas, en tournée ? J’ai un projet avec Jarvis Cocker c’est un peu comme avec Boys Noize, on va se rencontrer tous les six mois pour s’associer, et voir ce qu’on pourrait faire ensemble. Après je l’ai dit, j’attends la sérendipité, j’attends la chance.

Gonzales // Chambers // PIAS
En concert au Philharmonie de Paris les 24, 25 et 26 mars

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