Il pleut des trombes sur la capitale alors que je m’engouffre dans la cour de l’Alba Opéra. Du coin de l’œil j’aperçois une petite plaque dorée selon laquelle Louis Armstrong aurait vécu entre ces murs dans les années 30. Quatre-vingt-cinq ans plus tard j’espère encore le retrouver sagement assis, en train de lustrer sa trompette dans un fauteuil de la réception. À la place de Louis j’aperçois une paire de rouflaquettes derrière laquelle se cache timidement Gaz Coombes, l’ancien leader de Supergrass en pleine promo pour son album « World’s Strongest Man ». Ça tombe bien j’ai quelques questions à lui poser.
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Pour la sortie de son album j’aurais très bien pu me contenter d’un track by track, m’asseoir à ses côtés dans le petit salon de l’hôtel et le regarder dans le blanc des yeux pendant qu’il déblatère sur ses onze morceaux. Mais après avoir bravé les éléments et maintenant qu’une flaque d’eau commence à ruiner le plancher sous mes pieds, autant en profiter pour entamer la discussion.

Comment t’es venu à la musique? 

J’ai commencé à jouer du piano quand j’avais 6 ou 7 ans. À l’époque on s’amusait à tourner des vidéos avec mes cousins, on était obsédés par les guitares et les claviers. On admirait The Cure, du coup je prétendais que j’étais Robert Smith. J’ai commencé la guitare à 12 ans, quand on a voulu monter notre groupe au collège avec Danny Goffey. Tout ce que je savais faire c’était du piano et lui un peu de batterie, on a rapidement réalisé que ce n’était pas la meilleure combinaison possible. C’est pour ça que j’ai acheté une guitare, pour monter The Jennifers.

Pour toi ça représentait quoi la musique à ce moment ?

C’est difficile de se rappeler car tout se mélangeait à l’époque. C’est un peu comme avec ta première petite amie, tu découvres et tu expérimentes. Là c’était mon premier groupe, ma première petite amie, ma première dose d’acide… tout ça ensemble.

Donc la découverte c’est le but premier? 

Je ne sais pas si on peut dire que je me suis redécouvert dans cet album. En tout cas une chose est sure c’est que je suis retombé amoureux de la guitare électrique. Quand je compose j’essaie toujours d’aller de l’avant, de faire évoluer mes idées ou mes techniques d’écriture. Le plus important c’est de se sentir libre et de suivre son instinct, je veux pouvoir attraper un instrument et commencer à en jouer sans avoir à tout planifier, juste voir comment je me sens. Jackson Pollock faisait ça très bien en projetant littéralement sa douleur sur la toile. Il y a toujours une méthode ou une inspiration hasardeuse pour se lancer.

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C’est la raison pour laquelle tu privilégies toujours tes premiers jets ? 

Oui. J’aime découvrir certains passages et me demander leur utilité. Je ne comprends pas les autres groupes qui sortent des morceaux trop étincelants ou trop produits. C’est complètement con, on sait directement à quoi s’attendre et ça enlève tout le côté romantique de l’art et la musique. Pour moi un morceau doit être contradictoire, étrange, rempli de confidences et de jeux de lumières. Parce que la vie est comme ça. Un jour tu es au top et le lendemain tu te sens comme une merde. Rien n’est jamais fixé.

C’est une question d’honnêteté finalement…

Il ne faut pas avoir peur d’être honnête. A l’époque de Supergrass je pense que je ne l’étais pas dans les paroles. Je ne savais pas comment retranscrire mes émotions sans paraître dépressif ou donner l’impression d’être le gars qui gémit tout le temps. On n’est pas là pour faire des sermons ! Avec le groupe on écrivait ensemble. Il y a quelque chose de très puissant à s’unir pour ne remplir qu’une seule page mais parfois ça ne marche pas. On ne se comprend pas et le groupe se fragmente. Peut-être qu’à l’époque je n’étais pas heureux, en tout cas j’avais l’impression de faire beaucoup de compromis. D’un point de vue personnel ces cinq dernières années ont étés les plus productives de ma vie.

Donc tu écris pour toi ?

Je pense que j’écris par ce que je veux pouvoir entendre les meilleures choses que je n’ai jamais écoutées. Je veux jeter un œil à mes textes et me dire : « Putain c’est tellement bien ! ». Parfois quand j’écoute la radio je tombe sur des morceaux excellents et je panique parce qu’ils sont meilleurs que moi et que je dois m’améliorer pour les dépasser. J’ai aussi envie que les personnes qui suivent ma musique puissent voir qui je suis réellement et qu’ils en tirent un bagage sentimental. Qu’ils pleurent ou qu’ils rient ça m’est égal tant qu’ils sont remplis d’émotions. C’est le seul moyen de donner du sens à la musique.

Justement, tu retrouves cet état d’esprit chez certains artistes qui t’ont influencés ?

J’ai toujours été un énorme fan de Bowie, depuis que j’ai 12 ans. Il y a quelque chose de naturel chez lui, une évolution constante qui m’inspire énormément. Je me rappelle aussi avoir lu la biographie de Neil Young : Shakey. C’était il y a peut-être dix ans mais une phrase m’a marquée : « Quand je panique je me demande : qu’est-ce que Bob Dylan aurait fait? ». C’est rassurant de se dire que même Neil Young a son putain de guide spirituel.

Derrière cet album il y a aussi un livre : The Descent Of Man de Grayson Perry.

J’avais enregistré peut-être la moitié de l’album et il me restait beaucoup de paroles à compléter. Quand j’ai lu ce livre à l’été 2017, ce qui m’a frappé c’est sa perspicacité d’analyse des relations humaines, les problèmes qui découlent de la masculinité moderne, la façon dont les hommes naissent et évoluent. C’est à la fois étrange et fascinant d’écrire là-dessus. Mais l’album n’est pas inspiré que par le travail de Grayson Perry, il y a aussi beaucoup d’autodérision. Je joue sur ma propre vulnérabilité, ces moments où j’ai l’impression d’être le plus fort, au-dessus du commun des mortels et qu’en fait je suis la plus grosse merde du monde, un looser. Il y a une contradiction très claire dans la construction du disque.

Qu’est-ce qu’il faut pour être l’homme le plus fort du monde? 

Selon moi c’est un concept plus viscéral que littéral. J’ai deux petites filles à la maison et ça me parait ridicule toutes ces attentes que les hommes ont l’air d’avoir : la puissance, le pouvoir, être le président ou avoir la plus grosse bite… Tout ça c’est vulgaire. Je ne sais pas ce qu’il faut pour être l’homme le plus fort du monde, et je m’en fous. Pour moi l’idée c’est d’être le meilleur humain. On est tous forts, on a seulement nos moments.

Le troisième album solo de Gaz Coombes « World’s Strongest Man » sortira le 4 mai. Toutes les informations c’est par ici

gaz.coombes.worlds.strongest

 

3 commentaires

  1. moi personnellement la tres surestimé scène britpop hormis 2 ou 3 groupe le reste sa ma TOUJOURS profondément gonflé et en particulier supergrass ,leur célèbre album I Should Coco pour moi c’est de la merde en barre 24 carats, je déteste supergrass et quand à Gaz Coombes en solo je m’en branle la berdouillette ,je me souviens quand 2012 pour son album solo Here Come The Bombs il avait sollicité avec insistance en mail une ex a moi pour qui lui trouve des dates de concert ,tellement il ramé .il est loin le derrière succès de Gaz Coombes ,depuis c’est la loose total

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