Ils sont de plus en plus rares les disques de pop consistante. Quand il se trouve que nous en avons un entre les mains, le laisser simplement filer serait une erreur un peu con. Alors qu'il est si aisé de rester sur la gentillesse sautillante et creuse de ces produits que sont par exemple Foals, Two Doors Cinema Club et Breton, il est bénéfique d'accepter de desserrer son pantalon moulant pour profiter de la générosité qu'un groupe comme Future Islands est capable d'offrir dans « Singles », nouvel album luxuriant et avenant.

Bon certes, Future Islands n’est plus le groupe confidentiel qu’il fût. Après déjà trois albums au succès critique indéniable, le nom a eu le temps de circuler tranquillement et de s’installer paisiblement dans le paysage de la pop internationale. Quand bien même, ce n’est pas assez pour détrôner les squatteurs des médias de « bon-goût » dont je n’avancerai pas une fois de plus les noms.

Il faut bien entendu être absolument sincère et admettre que le trio américain n’est pas non plus exempt de défauts. Il y a parfois une tendance à automatiser la formule tendresse héroïque que certaines mélodies illustrent, mais est-ce grave ? Personnellement je m’en fous totalement. Il y a un paquet d’autres choses pour compenser.

Il y a d’abord cette voix que possède Samuel T. Herring. Puissante mais sans jamais céder à la gratuité, celle-ci dépasse les mélodies pour leur insuffler une dose de soul câline et pas farouche. Je me souviens avoir découvert le groupe à l’époque de leur premier album et en particulier ce morceau intitulé Little Dreamer dont la tristesse n’avait d’équivoque que son groove libérateur et la chaleur rassurante du timbre de ce chant si particulier.

Faut avouer, il n’y a pas de tel morceau dans « Singles ». On pourrait à la limite oser une comparaison au titre Light House mais celui-ci s’avère finalement assez casse-couille et en dessous de l’album d’une manière générale. C’est toujours moins pleurnichard que les autres lourds qui font marcher des nanas à poil dans le désert… Ne faites pas les innocents, vous savez très bien de qui je parle. Salopards.
Dans un second temps, il y a cette efficacité sans compromis apparents (du calme, ça reste de la pop). Les membres de ce groupe ont un talent évident pour composer des mélodies fédératrices et pourtant pas putassières pour un sous. Il suffit d’entendre l’introductif Seasons (Waiting On You) et son énorme refrain de stade de foot bobo. C’est cependant d’autant plus clair sur Fall From Grace, véritable bijou qui donne toute sa raison d’être à cet album. On est ici loin de la candeur et de l’optimisme habituellement livré par Future Islands. Le groupe navigue à ce moment sur des eaux biens plus troubles qui rappellent un peu la folie d’un Nick Cave sur Stagger Lee. Dommage qu’il reste un morceau très moyen à suivre, ce titre aurait fermé « Singles » de la plus belle des manières.

Il faut le dire, je n’écouterai pas cet album à longueur de journée car je n’ai pas tout le temps envie de faire l’amour à autrui. Cependant, lorsqu’un trop plein de sentimentalisme envahira les pores de ma peau, il sera temps d’utiliser « Singles » comme moyen de contraception.

Future Islands // Singles // 4AD, sortie le 24 mars 2014
http://www.future-islands.com/

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