Suée nocturne, tremblement irritant, psychorigidité passionnelle. Je suis enfermé dans une dépendance que je ne peux contrôler.

Suée nocturne, tremblement irritant, psychorigidité passionnelle. Je suis enfermé dans une dépendance que je ne peux contrôler. Junkie blafard, collégienne pustulée, garçonnet slimesque. Les causes divergent mais le combat, lui, converge. Nos pensés emprisonnées, à la quête d’un soupçon de compréhension, s’efforcent jour après jour de briser les chaines de l’idolâtrie. Geek dans l’absolu. Après une première saison baby rail sur la cuvette, la seconde s’annonce intraveineuse ultra dosée. Je tremble, tachichardique: Flight of the Conchords is back.

Comment décrire ce qui n’a jamais encore été inventé ?

Quelques jours de cela, l’androgyne Bruna-Rosso tentait sur le plateau du Grand Journal de défendre la saine folie de Bret & Jemaine. Avec ces quelques minutes en fin d’émission, la pauvre balançait, toute hésitante qu’elle est, un extrait de l’épisode réalisé par le clipeur de génie, Michel Gondry. No reaction. Tout le monde s’en branle. Dossier classé. Mon Dieu, si ces ignorants savaient ce que je sais.  Les Flight of the Conchords sont entrain de révolutionner l’humour bancal de la clique américaine (Ferrel, Wilson, Stiler), le burlesque franglais (Monty Python, Les Nuls) et inventer les fous rires de demain. La première saison fut une excellente surprise mais parfois redondante et limitée. Avec cette seconde et déjà dernière, les Flight s’autorisent l’inavouable. En roue libre totale. Les mots me manquent et c’est un comble pour un branleur de mon espèce. Il faut croire que la critique destructrice est plus aisée que la louange constructive. Soyons donc direct. Du génie, de la folie. Un humour du vide, une absence de trame scénaristique. Une justesse inouïe. Des crampes abdominales incessantes. De l’absurde à en chialer.

Dernière idée en date, un concert de charité à la cause des chiens épileptiques. Live parti en déroute après l’enflammage de Bret qui décide subitement de lancer le remix « epileptic dog», sorte de rap électronique sur les chiots agonisants, sous les projecteurs d’une lumière stroboscopique…Une boucherie. Les chienchiens tombent les uns après les autres. Réponse de Bret : « Ah mince, je les voyais heureux et dansant devant moi, tout tremblotant ».

La puissance du débile

Plus qu’une série. Plus qu’un simple groupe. Les FOTC brassent des générations entières  à coup de sweat animalier et naïveté puérile. Car la loose crée la mode. Les pulls laineux et montagneux de Jemaine. La doudoune sans manche bicolore de Bret. Fascinant comment le ringard et soyons clair, le moche, se transforme ainsi en trésor de friperie et pièce de collection. Des fringues qui reflètent parfaitement l’éclosion d’un nouveau courant de pensée. Une naïveté de chaque instant. Duel à coup de sopalin, fausse barbe irritante, amourette de récré. Les Flights explosent ainsi notre pensée sophistiquée (cf. intellos de bas étages), pour nous abrutir certes. Mais récupérer la pureté perdue de notre enfance. Y croire, avoir espoir dans un foutrisme ambiant où seul règne l’apparence et sa futilité.

Je déclare la mort aux commentaires interminables bien relouds. Place au duel rhétorique. Et que notre futur, ses défaites et victoires, se décide par chifumi.

Les titres chantés s’accordent à la débilité créative du duo. Des textes au rimes foireuses (Tiffany m’a largué à l’Epiphanie), aux thèmes absurdes (Des anges en coït, un gigolo en détresse) et des mélodies enfantines mimi cracra. Résultat des courses, des tubes internationaux qui ne cessent de trotter indéfiniment dans la tête. Une minutie exquise à trouver la sonorité idéale, le tempo accrocheur. Les vidéos Youtube (le nouvel album n’est pas encore disponible) tournent sans cesse, heure après heure, jour après jour. Et le pire dans l’histoire, c’est qu’aucune lassitude n’ose s’installer. Mélomaniaque !

Créer à partir du Rien. Inventer un humour novateur basé sur des textes bancals et absurdes. Générer l’extase et la dépendance en vingt minutes. Thématiser la connerie et la naïveté en chansons. Oui, la Nouvelle-Zélande vient d’engendrer les génies de demain. Au placard Mr Gervais, faites place aux maîtres de leur époque, les Flight of the Conchords.

http://www.hbo.com/conchords/


 

 

 

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