Du 6 au 13 Octobre, le cinéma Etoile Lilas accueille le festival d'un des pays les plus intéressants en terme de cinéma : le Mexique. Ça s'appelle Viva Mexico. Voici la bande annonce écrite d'un événement inloupable (mec, sic).

Le cinéma Mexicain, c’est toute une histoire. Une histoire du cinéma, d’abord. Parallèlement à la Révolution Mexicaine au début du 20ième siècle, les premiers réalisateurs de là-bas reprennent les événements en question sur un ton aussi bien docu que fiction. On oublie pas non plus le Don Juan de Salvador Toscano (1898). Ça, c’est pour la notification wikipediesque, pour introduire le truc.

Pour le reste, qui nous intéresse ici, effectuer un voyage dans le temps, un retour vers le présent en se penchant sur le Mexique d’aujourd’hui, vertigineux, celui qui a enfanté pléthore et à raison des réalisateurs qu’on ne présente plus, qui représentent ces terres, exubérantes, accueillantes, sèches, violentes. De grands faiseurs techniques à l’image d’Alfonso Cuaron, dont on se souvient évidemment des ballets spatiaux de Gravity dans la looongue introduction (avant que ça vire au drama-catastrophe épuisant) ou de l’accouchement en plan-séquence des Fils De L’Homme, comme d’une espèce d’origine du monde miraculeuse en temps réel.

Mais encore : des conteurs d’histoires à l’ambition gargantuesque, redonnant des lettres de noblesse au cinoche « choral », à l’intérieur desquels des destins parallèles zigzaguent jusqu’à, contrairement aux lois mathématiques, se… rencontrer : Inarritu (Oscar 2015, bravo) et Guillermo Arriaga, scénariste auteur du triptyque du même Inarritu (Amours Chiennes, 21 Grammes, Babel) et responsable de Loin De La Terre Brûlée, grand film mésestimé par le public parce que pas beaucoup visionné.

Un autre, Guillermo Del Toro, le plus post-moderne des gringos (eh oui, Robert Rodriguez n’est que d’origine mexicaine), le néo-Burton en plus grand, plus gros, plus large, plus horreur, plus auteur, plus geek, plus freak, plus fantastique – son Crimson Peak sera évidemment l’événement de cette fin d’année. Tout ça, c’est pour l’ampleur internationale, l’hollywoodisation de ces artistes suffisamment solides pour qu’on ait déjà envie de commencer à crier Biba Mexico !, en oubliant presque qu’ils viennent de là-bas. Alors que ? Alors qu’ils incarnent une sorte de « cinéma world » qui, terme aussi horrible soit-il en musique, prend davantage de sens ici, puisqu’on ne parle pas d’un art confiné à l’intérieur de son pays ou de son continent mais d’un langage qui abat les cartes, les frontières ; s’ils voulaient l’Amérique, ils ont obtenu le monde, littéralement. Puis il y a les auteurs mexicano-mexicains, pourtant habitués des festivals européens, ceux qui dispersent les foules en deux camps : ceux qui y goûtent volontiers et ceux dont l’ultra-violence dégoûte.

Name dropping encore et toujours : Amat Escalante, d’abord, lenteur et coup d’éclat pour son électrisant Los Bastardos : western social dans lequel deux clandestins explosent le crâne d’une innocente bourgeoise sans que personne s’y attende (maintenant si, vu que j’ai spoilé) ; ou encore Heli et cette séquence disons inconfortable, dans laquelle un pénis se fait brûler au chalumeau pendant qu’en arrière plan, des enfants jouent à la console, comme si ladite violence n’était rien de plus que le grain de sable d’une dune dans le désert : quelque chose de normal, sur lequel on pourrait même s’asseoir.

Deux autres et après j’arrête : Michel Franco (rien à voir avec le dictateur) et Carlos Reygadas (rien à voir avec le terroriste ou bien le chanteur), tous deux adeptes aussi d’une certaine « dénonciation sociale », coups de gueule en forme de coups de boule. Interminable torture pour Franco avec cette petite fille qui se fait martyriser par ses camarades d’écoles : Despues de Lucia reste parmi les films les plus pénibles vus ces dernières années, l’un des plus forts aussi ; ceci n’empêchant pas cela ou ceci en conséquence de cela. Plus métaphysique chez Reygadas et son Post-Tenebras Lux, dernier en date, poème filmique où les séquences semblent indépendantes les unes des autres ; somptueux démarrage forestier avec les bouts de l’écran flouté, pas pour « faire genre » arty, non non non, c’est surtout éblouissant et, en alternative aux propositions 3D, du jamais vu, de la beauté sans limite… de frontières là non plus. Sans oublier : Rodrigo Pla (La Zona), Christian Keller, David Pablos… Et les jolies gueules cinégéniques alors, les bombes latinos ? Salma Hayek, Gael Garcia Bernal… Merci Mexique.

Bref, le cinéma chicano compte parmi les plus excitants du monde : ce papier didactique le rappelle à ceux qui ne le savaient pas. Les autres y croient pour l’avoir vu. Pour les uns et les autres, le 6 octobre et jusqu’au 13, c’est le moment de se remplir les pupilles d’exclusivités en tous genres avec des avants-premières de grande classe, il est temps d’aller vérifier si, au Festival Viva Mexico, le génie ne s’est pas pris la braguette dans le chalumeau. La moitié des réals précités seront de la fiesta et d’autres talents hauts en promesses qui claquent, de ceux dont on ne connaît pour l’instant que les courts, des pépites, des pepitos. Gringo Stars ! Des rencontres, des cocktails de piscine à bulles de champagne, du guacamole, des chips triangulaires, des tables rondes, des blagues caramba : même, s’il se fait tard, vous pouvez rentrer en taco. Olé.

www.viva-mexico-cinema.org/edition-2015/programme/
Du 6 au 13 octobre au Cinéma Etoile Lilas

vivamex-2015-bd

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