C’est d’abord un nom incroyable, c’est de la bonne musique ensuite. C’est du shoegaze et ça vient de Montréal. Retour sur « Hum », le troisième album d’un groupe à suivre.

10344769_861302797222235_2380241530570758290_nFemme Accident est le descendant de groupes comme Lush ou les Swirlies, avatars du shoegaze éclipsés par la Sainte-Trinité – My Bloody Valentine, Ride, Slowdive. Leur musique parvient à trouver un équilibre juste et élégant entre saturation et hypnose, à la jonction entre shoegaze et héritage psychédélique. Quelque part entre A Place To Bury Strangers et le Brian Jonestown Massacre, pour schématiser. Là où certains groupes masquent leurs carences mélodiques derrière un mur de guitares, Femme Accident laisse la place à des mélodies simples mais bien senties et à une voix aussi belle qu’envoutante. Femme Accident, c’est un peu l’harmonie des contraires, c’est froid et énergique en même temps, doux et très saturé à la fois. Un peu la version québécoise de la formation hexagonale Venera 4.

Après « Charms », mini-album sorti en 2011, et « Shiver » en 2013, Femme Accident sort avec « Hum » son troisième album sorti sur Sainte-Cécile – la plateforme de distribution de Dare To Care Records. Un premier enregistrement studio après deux enregistrements réalisés en condition live. De ce fait, la voix est plus travaillée. Pas une mauvaise chose. L’album débute sur un vibrato de guitare qui laisse penser qu’on a affaire à un groupe de surf music ou de garage un peu classique. Entrée de la voix et des distorsions, le doute est tout de suite dissipé. Tous les ingrédients du shoegaze le plus pur sont réunis : une voix féminine lointaine et traînante qui colle parfaitement au phrasé hypnotique d’une guitare qui alterne quasi-mécaniquement entre un gros son bien saturé et des plages plus clean et mélodiques, la pédale de chorus enclenchée façon Cocteau Twins. Beaucoup d’écho, pas mal de saturation. Mais, entre nous, qu’est-ce que le shoegaze sinon de la pop maquillée avec un son saturé et beaucoup de reverb ? A cet égard, et il est juste de le signaler, Femme Accident réussit à faire des chansons avant de faire du bruit. C’est ce qu’on appelle avoir le sens des priorités.

Parmi les belles réussites de l’album, on pourrait citer les morceaux Stay With Me, très New Order dans la rythmique, ou encore Watch me Burn et Hole in Your Head, plus distants. Il y a de bien belles choses jusqu’au dernier titre. Last Thoughts par exemple, qui sonne très fin des années 80, un peu Robert Smith émasculé. On pourrait ajouter aussi le morceau Everything Goes Wrong à la liste des titres les plus aboutis ; c’est un morceau planant, tordu et saturé, capable de plaire autant aux fans de shoegaze qu’à des fans de psyché. Quelque notes de guitare, un chorus, une autre piste de guitare qui fait penser à un sitar, une voix avec une touche de fuzz dessus, des arrangements à la sauce psychédélique. Le tout est très réussi. La chanteuse, Sophie Montpetit, fait ses propres chœurs sur le refrain et c’est d’une justesse impeccable. Le groupe se paie même le luxe de rajouter un saxophone dont les interventions parviennent presque à faire oublier que cet instrument est responsable des pires atrocités musicales commises dans le rock kitschouille des années fofolles.

Froid et mélancolique, « Hum » est un très beau disque pour passer l’hiver. C’est aussi une bonne occasion de découvrir la scène montréalaise, Femme Accident en tête, mais aussi l’excellent groupe No Joy, un peu le grand frère dépressif de Femme Accident (voir leur premier album « Ghost Blonde »), preuve que la scène shoegaze montréalaise, comme le virus Ebola, s’exporte bien.

Femme Accident // « Hum » // Sainte-Cécile – Dare To Care Records
https://femmeaccident.bandcamp.com/

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