Fai Baba est le projet de Fabian Sigmund, un bluesman suisse qui a sorti cinq albums avec des musiciens qui se sont greffer à lui au fil des années. Particularité : sa voix. Un peu comme si Asaf Avidan officiait dans un autre registre musical.

De passage en France pour soutenir sur scène leur dernier album « Sad and Horny », paroles échangées entre deux tests micros où il est question d’amour et de hippies.

Première question pas du tout utile mais absolument indispensable : le nom de Fai Baba provient d’une divinité hindoue et tu as un album qui s’appelle « She’s My Guru ». Est-ce que tu es un bouddhiste pratiquant qui fait du yoga ?

Bouddhiste oui, hindou aussi et fasciste ! Non… Le nom de l’album vient plutôt d’un jeu de mots. Selon moi, un gourou peut être aussi bien une personne ou un objet, qui a des pouvoirs spéciaux sur toi et ton environnement.

Comme le super-pouvoir de l’amour par exemple ?

La plupart de mes chansons parlent d’amour. « She’s My Guru » était justement un bon titre pour représenter ça.

Avec tes chansons et ta voix, tu ressembles à un crooner profondément seul et triste qui cherche un peu de réconfort. Tu te considères comme un bluesman ?

Je pense oui, je me suis déjà posé la question. Quand j’écris des chansons, c’est vrai que je suis plutôt dans une démarche solitaire et sensible. Et ça sort comme ça. Je ne consacre pas énormément de temps à la composition, comme un véritable compositeur le ferait en travaillant tous les jours. C’est plutôt fluide et simple. Tous les sentiments que je mets dans mes chansons proviennent de souvenirs et d’histoires passées, surtout à propos des relations humaines et des femmes.

Ton premier album « Love Sikk » était bien plus heavy, en comparaison avec ce que tu fais maintenant. Tu peux parler de cette période ?

J’ai enregistré cet album seul dans ma chambre, je me faisais chier. Donc j’ai loué un multipiste analogique à un ami pour commencer à enregistrer mes chansons ; et ça a donné ça. Petite anecdote rigolote : sur la dernière chanson, Love Sikk, l’enregistreur a commencé à déconner jusqu’à ne plus fonctionner du tout. Si tu écoutes bien, à la fin il y a des bruits un peu chelous. Ça semble normal à l’écoute mais c’est juste le multipiste qui rend l’âme. J’étais plutôt branché blues et folk quand j’ai commencé ; et c’était plutôt populaire à l’époque. C’était plein de hippies en vadrouille façon Devendra Banhart avec plein de bières et des tatouages. Ça m’a plutôt influencé, je dois avouer. Je suis allé à Los Angeles et à New York pour me rendre compte du phénomène en traînant dans des planques à hippies. Et c’était plutôt cool.

Tu es probablement né dans le mauvais pays, comme pas mal de personnes. Pas trop le mal du pays depuis la Suisse ?

Non ça va ! La musique s’apprécie partout. Tous mes amis ont grandi avec le rock, mais il faut admettre que cette musique a profondément changé. Je suis né dans les années 80, j’ai grandi dans les années 90 et suis devenu adulte dans les années 2000… Maintenant on est dans les années 2010, presque 2020, et on a jamais eu autant de diversité qu’aujourd’hui. Mais tout ce qui se fait depuis les 50 dernières années prend ses racines dans le blues. Ma musique peut sonner un peu rétro au premier abord, mais je pense que ça reste quand même assez moderne dans la manière dont tout ça est travaillé.

Ton dernier album s’appelle « Sad & Horny » et il reflète plutôt bien la dualité dans ta musique. 

Ça représente assez l’idée. J’ai bossé sur cet album pendant 6 mois et j’ai commencé à faire de la musique avec Domi (Ndlr : le batteur). On a enregistré ensemble un mélange entre chansons douces et chansons plus énergiques. Un mélange de ses influences couplées aux miennes. Pour l’histoire du nom « Sad and Horny », ça vient de mes amis en fait. On avait l’habitude de boire des Dark and Stormy, un cocktail à base de rhum. Sauf qu’on avait l’habitude d’appeler ça « Sad and Horny », tellement ça nous rendait malades. Le double-sens nous a semblé drôle et le choix s’est fait comme ça.

Une des meilleures chansons de l’album s’appelle Why Do I Feel So Alone. Pourquoi te sens-tu si seul, Fabian ? Dis-moi ce qui ne va pas.

Ahah ! C’est une chanson assez naturelle et qui peut parler à tout le monde. La solitude est quelque chose d’universel tu sais, on se retrouve toujours face à soi-même à un moment donné.

Certains morceaux de cet album devaient figurer en bande-originale d’un road movie, mais ça n’a finalement pas été le cas. Il s’est passé quoi ?

C’était pas un road movie, c’était un film de science-fiction. Un nouveau projet autour de Star Trek avec David Hasselhoff.

Tu te fous de ma gueule ?

Il y a des producteurs qui m’ont effectivement demandé si j’étais intéressé pour faire la bande-originale d’un road movie. J’étais plutôt inspiré donc j’ai accepté. Je suis allé en studio pour bosser certaines chansons en imaginant simplement qu’est-ce que j’aimerais entendre si je devais parcourir les routes pendant des heures. Les gars ont ensuite décidé de ne plus travailler avec moi, en préférant faire appel à un sound designer qui faisait des bruits d’ambiance bizarres. Mais du coup j’ai gardé certaines de ces chansons pour les faire figurer dans « Sad and Horny ».

Fai Baba // Sad and Horny // Casbah Records, A Tree In A Field Records
https://faibaba.bandcamp.com/album/sad-and-horny

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