Le nouvel Arcade Fire ? Une blague que tout le monde aura oublié après-demain. Les Canadiens s’en foutent : ils veulent tout, maintenant. L’horizon proposé par les stars rock du XXIe siècle ? Des écrans géants de stade.

Une armée de bras en l’air, et tape, tape dans tes mains. La foule à perte de vue et des écrans géants filmés par de petits écrans, tu te rends compte si on oubliait d’immortaliser ça ? Des hymnes pompiers surproduits osant le disco parce qu’on va pas se cantonner au rock indie, dis. Prends ça, U2. La Win (Butler) attitude, mon vieux. Occuper l’espace, la guitare en bandoulière fera l’affaire ­– range-moi cette pédale de distorsion, tu veux qu’on ait des ennuis ou quoi ? –, ne pas oublier de tenir le micro de la main droite, l’index de la main gauche pointé droit devant, instant d’intimité avec la foule et pour ne pas perdre de vue l’horizon ; lancer une OPA sur le futur en gribouillant sur une boule à facettes, avouez qu’il fallait oser.

Non pas qu’il soit honteux de vouloir faire danser. Au contraire. Mais enfin, il ne faut pas trop se foutre de notre gueule non plus. Autant y aller à fond et écouter Donna Summer. Être un grand groupe en ce début de XXIe siècle impliquerait donc de brouiller l’écoute ? C’est un peu court. Pour ce qui est de tricoter de quoi remplir des stades, les Canadiens ne manquent pas de talent. Pour la postérité, Radiohead a encore de beaux jours devant lui.

C’était pas mieux avant

Soyons honnête : depuis ses débuts, je n’ai jamais pu encadrer Arcade Fire. Avec « Everything Now », c’est encore pire. Déjà, le précédent, « Reflektor », avait été vendu comme une corne d’abondance débordant de trouvailles de production, alors qu’en vrai, on se demande encore ce que James Murphy est allé faire dans cette galère. Qu’importe. Com’ maligne, pseudo tubes, indie mais XXL : en un peu plus de dix ans, Win Butler & Co ont réussi à (se) persuader qu’ils faisaient partie des groupes qui comptent. On en est pourtant loin.

Au cas où ce ne serait pas assez clair, leur nouveau disque s’ouvre sur du disco pompier taillé pour les stades (Everything Now) et les clubs (Signs of Life), et ose même des trucs un peu reggae (Chemistry). Mon dieu. Vous voulez du catchy ? Allez hop, Creature Comfort. Grosse basse synthétique, deux notes de crin crin pour la mélodie et une batterie un rien martiale pour emporter le morceau. Ce que c’est, de vouloir s’adresser aux foules.

Arcade Fire, c’était mieux avant ? Non. Avant, c’était du rock des 00’s à la prod 80’s. Les temp(o)s changent. Pas le manque criant de fond. Everything now, OK. Mais demain, c’est un peu trop loin.

Arcade Fire // Everything Now // Columbia Records

 

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