La musique folk a tendance à m'ennuyer et, à vrai dire, je ne sais jamais s'il faut parler de la folk ou du folk. En conséquence, j'évite de m'exprimer sur le sujet. Pourtant,

La musique folk a tendance à m’ennuyer et, à vrai dire, je ne sais jamais s’il faut parler de la folk ou du folk. En conséquence, j’évite de m’exprimer sur le sujet. Pourtant, parce qu’il dépasse majestueusement les bornes, The Black Hawk Ladies & Tambourins d’El Boy Die me contraint à clamer combien j’aime… ça. El folk is not dead

Le petit français d’El Boy Die a sagement débuté sa carrière en traînant ses guêtres avec Herman Dune et en portant la barbe. De là à questionner la corrélation entre barbouze cradasse et propension à faire de la musique folk, il n’y a qu’un pas (que l’on franchira allègrement si l’on considère que porter une casquette induit que l’on fasse du rap). En 2007 donc, El Boy Die a sorti un premier album à côté duquel toi, moi et le reste du monde sommes passés. Inutile de rougir ou de faire comme si tu t’en souvenais, ce disque (dont la postérité a oublié jusqu’au nom) n’est qu’une esquisse hésitante de l’univers délicat et intriguant que dessine aujourd’hui The Black Hawk Ladies & Tambourins.

Avec ce second album, le musicien a su s’affranchir des clichés folkeux, s’est rasé et a affirmé avec aplomb les contours de son univers. El Boy Die a élargi son champ des possibles à une musique aux influences médiévalo-chamaniques et pousse l’effronterie jusqu’à offrir un résultat gracieux ; The Black Hawk Ladies & Tambourins parvient à être profond et suave sans jamais céder à la mièvrerie. C’est ainsi qu’à la seconde, tu évacueras les références douteuses qui te passent en tête [Cf. Debendra Banhart, Kula Shaker] pour imaginer les liens mystiques qui unissent le musicien à un David Eugene Edwards ou à un Brendan Perry. The Black Hawk Ladies & Tambourins s’ouvre sur Dead King qui, à défaut de t’inviter à la transe méditative, t’incitera à éteindre le documentaire de TF1 que tu regardais en sourdine en même temps. Au fil des pistes, le temps s’étire élégamment entre mysticisme (Journey of a Lame Deer et ManEagle) et romantisme (Under My Broken Tree). Sans que l’on ait eu vraiment le temps de le réaliser, arrivent les cuivres de l’instrumental Pathway to Heaven qui ferme l’album.

Le plus triste dans tout ça, c’est sans doute le fait que tu vas t’extasier, que tu vas te pâmer mais que nous ne serons pas plus de trois à aller acheter ce disque à la Fnac. Si The Black Hawk Ladies & Tambourins est beau à en faire pleurer en canon les lamas du plateau des Andes, El Boy Die n’en demeure pas moins un projet dont la destinée le condamne à être rangé dans le bac des merveilles écoulées à 153 exemplaires. Peut-être est-ce une raison suffisante pour rejoindre les lamas dans leur affliction ? A toi de me dire.

El Boy Die // The Black Hawk Ladies & Tambourins // Semprini (Differ-ant)

http://www.myspace.com/elboydie

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