Les pates d’eph’, les rouflaquettes, les cols pelle à tarte, les chemises à jabots, les coupes afro… Et Bonaparte ? Curieux mélange. Derrière cette contradiction apparente, quatre nantais bien partis pour s’imposer comme l’un des groupes sur qui compter au sein de l’Empire psychédélique français. Pas un hasard si on retrouve le quatuor sur la playlist French but psyché de l’émission Face B de France Culture, aux côtés de groupes comme Aquaserge, Moodoid, Dorian Pimpernel et Forever Pavot.

Disco Anti Napoleon, un nom de groupe bien chelou comme on les aime, qui fait son petit effet et évoque un mariage forcé voire carrément gonflé entre deux personnalités et deux époques inconciliables. Comme Salsa Anti Mobutu ou Country Anti Kim Jong Il, entre autres exemples choisis. Un nom qui suggère, en vrac, des images d’anachronismes sucrés à la Sofia Copolla dans Marie-Antoinette : Joséphine de Beauharnais dansant la disco dans son château de la Malmaison avec Don Cornelius de Soul Train en invité de marque. D’Austerlitz à Sainte-Hélène, la même bande-son : Napo version Daddy Cool, jusqu’à ce que son fils Léon lui crève le bidon, comme dans la chanson. Disco Anti Napoleon, c’est quoi ? Un côté nostalgie d’Empire façon Julien Sorel à l’époque où l’Empereur c’est plutôt Alain Soral. Allez comprendre.

Pas question de bonapatrisme ni de boules à facettes ici, à vrai dire. Disco Anti Napoleon, c’est plutôt les Tame Impala français. Un imaginaire très californien qui détonne : Pornic, c’est pas vraiment Santa Monica… Mais qu’importe. On peut rêver de soleil, même en pleine éclipse. Biberonnés au revival psychédélique plus qu’aux Bee Gees, les jeunes de D.A.N. font de la musique en lorgnant vers leur pedal board. Beaucoup d’effets, d’ambiances, entre psyché et kraut. La liste des morceaux évoque les films de science-fiction et les voyages dans l’espace. Spaceship, UFO, Superhero,  Gremlins ... Autant de titres très référencés mais dans l’ère du temps, qui construisent une imagerie spatiale et justifient l’utilisation d’une tonne d’effets. Revivaliste et moderne : après tout, si l’on y pense, Interstellar n’est qu’un écho à 2001, Odyssée de l’espace. La même envie de quitter la Terre, d’aller regarder ailleurs ce qui s’y passe. Alors verser dans le psychédélisme en 2014, pourquoi pas après tout.

Ce qu’il faut dire surtout à propos de Disco Anti Napoleon, c’est que les mecs ont vingt ans et proposent quelque chose d’étonnamment mature pour leur âge. Des « jeunes talents » comme on dit, très prometteurs pour un premier album. Ils sont jeunes et ont l’air jeunes d’ailleurs, mais s’en sortent très bien compte tenu des attentes placées en eux, après des passages remarqués aux Transmusicales de Rennes et au Printemps de Bourges, en marge de leur EP, « Blue Lawn », sorti en 2013. Signalons aussi le culot de ces jeunes gens, qui ont réussi à placer sur leur album un morceau de quinze minutes. Rien que ça. Alors longue vie à l’Empereur.

Disco Anti Napoleon // Ascent // Futur Records – A+LSO (Sony)
https://www.facebook.com/discoantinapoleon

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