Un retour à Paris en octobre, un album à paraître au printemps 2017 et la réédition des ‘’Art of the Demo’’ en un seul volume ; ceux qui pensaient en avoir fini avec Cheval Blanc devront encore attendre. Parce que le luxe c’est le temps, voici en exclu un nouveau clip mixant ‘Le Poème Lent’ et ‘De l’amour’ à regarder avec un bol de chips trempé dans du jus d’antidépresseurs.
(C) Laurent Hini

Ca devait être quelque part en 2007 et c’est peut-être la première chose qui nous séduisit chez l’homme caché derrière Cheval Blanc : ce physique de boxeur sorti d’une nouvelle de Bukowski, et avec lui cette impression que ce vieux corps – déjà – trimballait déjà plus d’histoires, de fin de nuits compliquées et de culs de bouteilles que la majorité des chanteurs qui ont depuis fait carrière grâce au désespoir.

Dix ans sont passés. Certains ont cru Jérôme Suzat-Plessy détruit par l’alcool (faux), disparu (presque vrai), reconverti en poète (vrai) ou encore en exil sur son île de Sainte-Hélène à lui, en Ardèche (vrai aussi). Parce qu’avec Cheval Blanc les mots ont toujours un double fond, l’art dèche colle finalement tellement bien à son travail dénué de toute temporalité qu’il s’avère impossible, en réécoutant Le Poème Lent et De l’Amour, de rester le nez collé sur son quotidien. Cette escapade déprimante que Jérôme propose chanson après chanson, soupir après soupir, est évidemment une force et une faiblesse ; une force parce qu’elle le maintient paradoxalement en vie, une faiblesse parce que cet art de la composition à fleur de peau a jusque là découragé plus d’un directeur artistique d’en faire une alternative à Rover et autres Vianney. On les comprend. Et ce mouchoir sur l’œil explique à lui seul comment les dix dernières années se sont jouées, pour Cheval Blanc, sur un silence.

Il y a trois ans déjà, encore, Agnès Gayraud de La Féline écrivait que « le blanc lui va bien, tout comme l’idée de cet animal échappé de l’enfance ». La description reste d’actualité pour celui dont chacun des clips permet de mesurer à quel point, en fait, ce n’est pas Cheval Blanc qui avait disparu, mais le monde qui s’était arrêté.

En attendant le jugement dernier, et parce que ‘’personne n’est innocent’’, la carte postale du clip à regarder plus haut est une mauvaise nouvelle pour ce monde positiviste à l’extrême, et donc une bonne pour tous ceux qui ont encore la force de pleurer.

Cheval Blanc prépare un album à paraître au printemps 2017 chez Nuun records ; ainsi que la réédition des enregistrements de « The art of the demo » réunis en un seul volume . Il sera également en concert le 6 octobre à l’Espace B avec Fantôme et Eskimo, et le 8 octobre au Kalvair à Dunkerque.

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