Le 19 juillet dernier les Dandy Warhols déposaient le bilan avec The Capitol Years 1995 – 2007, Best of en 14 titres + 1 inédit de leurs 5 albums parus chez cette major. Enfin… ce n’était pas annoncé comme tel mais ça ne pouvait pas être pris autrement.

Depuis qu’ils œuvrent sur leur propre label, Beat The World Records, Courtney Taylor-Taylor et les siens n’ont pas produit un album digne de ce nom. Vous en connaissez des tubes extraits d’Earth to the Dandy Warhols (2009) ? D’ailleurs en connaissez vous qui soient issus de son prédécesseur, Odditorium or Warlords of Mars (2007) ? Non, clairement au-delà de ces années « maison de disques » les Dandys n’existent pas. Pour eux la messe était dite et la source magique du songwriting tarie après les sorties de Welcome to the Monkey House (2003) et du fameux docu rock Dig ! (2004). Ce Best of et la grande tournée qui s’ensuit, tout ça n’est qu’une dernière occasion de faire marcher la machine à fric…

Mais je tenais à interviewer Courtney. Lui, et pas Peter (guitare) ni Zia (clavier). Eux, je les avais déjà interviewés à Paris pour la sortie de Welcome To The Monkey House. A l’époque, au même moment, Courtney avait déjà pris l’avion pour parler à des médias plus côtés. Alors quand j’ai su que leur tournée ferait escale à la Cigale de Paris le 26 juillet, je tenais vraiment à en profiter pour le choper. C’était maintenant ou jamais. J’avais mailé leur manageuse, ça devait se faire, pas de problèmes, mais au dernier moment bizarrement c’était plus possible, elle avait essayé de me refiler Peter et Zia, par mail. A la limite, si ça avait été de visu, j’aurais peut-être dit oui. Sept ans après, on aurait pu tranquillement faire le point tous les trois et j’aurais peut-être pu cette fois tirer sur les joints d’herbe qu’ils auraient roulés. Mais non, c’est Courtney Taylor-Taylor que je voulais. Le songwriter en chef. Histoire de boucler la boucle. De finir en beauté. Alors cette fois… c’est moi qui ai fait ma diva. J’ai soufflé dans les bronches de la nana : « C’est quoi le problème ? Courtney estime qu’un site Internet ce n’est pas assez bien pour lui ? Si c’est ça c’est dommage car faut se réveiller on est quand même en 2010… »
J’ai eu tort. Courtney était juste trop pris par les préparatifs de la tournée à venir et son statut de nouveau papa. Mais j’ai eu raison. Ce coup de pression m’a permis d’obtenir une interview mail avec lui, qu’on ne m’aurait pas proposé sans cela. Comme quoi, ça vaut parfois le coup de la jouer mégalo.

Le problème avec les interviews mail, outre le fait qu’on ne puisse pas spontanément rebondir sur les propos de notre interlocuteur, c’est que celui-ci a tout le loisir de carrément snober un pan entier de l’interrogatoire qu’on a patiemment monté comme un scénario. Et paf ! Comme un château de sable ! Il peut même demander à un pote de répondre à sa place sans qu’on s’en rende compte ! Je n’avais jamais pensé à ça avant de lire une interview de Crystal Castles où le mec racontait qu’avant il demandait souvent à ses proches de répondre à sa place « en affabulant le plus possible ». Mais bon, ce n’était pas son genre à Courtney. Trop under control, le gars. Le genre à s’auto-interviewer comme il l’avait fait à l’occasion du communiqué de Welcome to the Monkey House. Le 12 juillet dernier, il avait donc reçu 40 questions d’un certain Sylvain Fesson et, merci à lui, il a été joueur en répondant à 35 questions sur 40. Comment être sûr que c’était bien lui au bout du clavier ? La teneur mégalo des propos en atteste. Ainsi que le petit « Thanks man, CTT » qui venait parapher le tout

Je suis surtout sûr d’avoir eu affaire à lui au bruit que firent les 5 dernières questions qu’il a zappé. Elles portaient sur le présent et, plus encore, l’avenir des Dandys. Je lui demandais si leur dernier album, le premier qu’ils aient sorti eux-mêmes sur leur label s’était bien vendu ; si c’était aussi inspirant pour un groupe de rock comme eux d’être soutenu par la puissance de feu d’une major ou de travailler à son compte comme un petit épicier 2.0 ; si ce n’était pas dur de continuer à faire des chansons sur l’hédonisme « sexe, drogue et rock’n’roll » à 40 ans passés ; et si, in fine, les Dandys étaient prêts pour une nouvelle décennie.

Courtney Taylor-Taylor : La fin du rock’n’rôle

C’est donc la fin. Les Dandys n’auront pas changé l’histoire, tout juste été de ces groupes pop à la jeunesse triomphale qui fait pfffuit ensuite. Plus Suede que Blur. Oasis que Radiohead. De ces formations sur lesquelles on s’essaie comme un catalogue La Redoute avant de passer à autre chose. The Dandy Warhols Come Down (1997), Thirteen Tales From Urban Bohemia (2001) Welcome To The Monkey House (2003) : c’est là que se situe leur « apport », dans ces trois albums où il n’y a absolument rien n’est à jeter. C’est là que l’ambition de leur leader qui se rêvait « it boy » sur le modèle Lou-Bowie-Jagger a porté ses fruits. Ce Best of en témoigne en alignant quatre morceaux de Come Down, trois d’Urban Bohemia, quatre de Monkey House et tout de même trois morceaux d’Odditorium, que Courtney défend tout spécialement dans l’entretien qui suit parce qu’il sait que, premier album à part, c’est le point faible de leur disco.

A cette période, les Dandys Warhols n’étaient déjà plus qu’un lointain souvenir. Un groupe de troisième division. Odditorium ? Un disque de rockstar ménopausée qui n’y croit plus, qui ne règne plus que dans ses rêves – et encore – mais qui continue parce que… que faire d’autre ? Que faire d’autre qu’essayer de prolonger encore l’illusion ? Avec ce vaste fourre-tout psyché c’est comme si Courtney avait voulu prouver qu’il n’était pas ce type calculateur uniquement attiré par l’obsession de tout faire pour passer pour une rockstar, comme Dig! l’avait montré, mais qu’il était aussi une tête foraine, cramée… comme son pote Anton du Brian Jonestown Massacre. Alors que non, son truc à Courtney c’était surtout les pop songs. Psychés mais pop. Tendre vers le bordel, l’ouverture de boîte crânienne… sans jamais tomber dedans. Rester dans le cadre des refrains catchy et des riffs faciles répétés ad lib, ce que Welcome To The Monkey House, en état d’APEsanteur, avait très bien réussi à renouveler en troquant les grattes pour des synthés.

Les Dandy, époque traversée du désert

Il aura manqué quelque chose aux Dandys, pour être plus populaire et aller plus loin que là où les menèrent leurs références vintage. Quelque chose comme l’émulation de la scène Britpop. Quelque chose comme la menace extérieure d’un ennemi de taille, ce que fut Blur pour Oasis, et vice versa. Un tel adversaire, Dig ! en avait fantasmé un à Courtney, c’était Anton Newcombe du Brian Jonestown Massacre. Mais c’était trop tard et surtout trop partial. Newcombe n’avait jamais été l’envers parfait de Courtney. Jamais été l’incarnation vivante de tous les géniales idoles rock qu’il rêvait être et qui le forçaient à n’être – faute de mieux – qu’un Rastignac prostituant sa personne et son art. C’était trop mytho(logique) pour être vrai.

Il fallait choper Courtney pour revenir sur cette histoire. Pour en savoir plus sur cette satanée tête de lard. Et pour rendre hommage à ses Dandys, grands perdants de l’après Dig !. Saluer leurs ratages, tous ces devoirs qu’ils ont copiés sur les premiers de la classe sans que personne dise rien, toutes ces chansons qui, comme « Welcome To The Third World », tenaient plus du bootleg (ici « Original Sin » d’INXS et « Sweet Thing » de Jagger) que de la pure compo. Oui, saluer ce good old time qui fait qu’on n’oublie pas ses premières fois, qu’elles soient de chair ou de papier. Comme cette année 1997 où une nana de votre classe avait eu la bonne idée de vous prêter Different Class (Pulp) et Come Down, L’ALBUM des Dandys, celui où chaque titre exulte ce vachard sentiment d’insouciance. Vous veniez de découvrir OK Computer (Radiohead). Vous alliez découvrir Urban Hymns (The Verve). L’éducation rock, tardive, était enfin lancée. (Interview consultable en version originale en cliquant ICI)

Bonjour Courtney. Ma première question sera simple : pourquoi sortir un Best of ?

La baisse des ventes de CD et des autres supports physiques nous a donné envie de faire un bel objet autour de l’idée de Best of. Quelque chose qui serait à contre courant de cette mode iTunes qui permet à chacun de faire son propre Best of dans son coin.

Vous a-t-il été difficile de choisir ces 14 morceaux ?

Non, ce fut assez facile. On a juste pris toutes les chansons qui avaient été classées dans les charts mondiaux et ça a très vite rempli le disque.

Quel est ton album préféré des Dandy Warhols ?

Cette semaine, c’est Odditorium Or Warlords Of Mars. Pour le Best of, on a fait remasteriser nos morceaux par Chris Gheringer. Du coup les trois chansons de ce disque qui figurent sur le Best of sonnent mieux que jamais. Donc voilà, en ce moment j’ai un faible pour lui.

Quelle est ta chanson préférée des Dandy Warhols ?

Comme on a pas mal répété pour la tournée ces derniers jours j’ai pu m’apercevoir que ma chanson préférée était « Holding Me Up ». Ce morceau est terrible, et en live il décolle carrément. Sinon j’aime toujours beaucoup « The Last High ». Belle chanson.

Quelle est la mélodie dont tu es le plus fier ?

Je n’en vois pas une en particulier, mais je dirai tout de même « Bohemian Like You » pour la simple raison qu’elle a quelque chose de très vivant et de fun à chanter.

Niveau paroles, ce serait ?

Pareil, « Bohemian Like You », pour ce passage : « Just a casual, casual easy thing. Is it ? It is for me » (« Juste quelque chose comme ça, en passant, quelque chose de plaisant à l’occase, n’est-ce pas ? Pour moi c’est ça »). Sûrement une des plus belles choses que j’ai pu écrire.

Quel est ton album préféré du Velvet ?

Oh je suppose que c’est The Velvet Underground and Nico.

De Bowie ?

Ziggy Stardust.

Des Stones ?

Ce mois-ci c’est Goats Head Soup.

Des Beatles ?

Ca a toujours été Sergent Pepper.

Et ta chanson préférée de tous les temps ?

D’habitude c’est « Lay Lady Lay » (de Bob Dylan, sur l’album Nashville Skyline, 1969, Nda) mais ces jours-ci je n’en ai aucune idée.

Comment as-tu découvert la musique ?

J’ai pris des cours de piano et de violon quand j’avais 4 ans mais la musique m’est vraiment tombée dessus une ou deux années plus tard après avoir entendu « Killer Queen » (de Queen, sur l’album Sheer Heart Attack, 1974, Nda). Ensuite je me souviens avoir entendu « Radar Love » (de Gold Earring, groupe de rock néerlandais célèbre pour ce morceau paru en 1973 sur l’album Mootan, et qui fut repris par de nombreux groupes, dont U2, REM, Def Leppard, Santana, Nda). Depuis, à part penser musique je n’ai pas fait grand-chose.

A vos débuts, bien qu’étant américains, les médias vous considéraient souvent comme des acteurs de la scène Britpop. Comment expliques-tu ça ?

A l’époque, la plupart des groupes américains à guitares sonnaient « rap rock » comme Limp Bizkit. On a donc naturellement été mis dans le même sac que nos groupes favoris qui étaient entre autres Spiritualized, Blur, The Charlatans… Mince, t’imagine si on ne les avait pas eu pour tourner avec eux ?! On n’aurait pas survécu.

En 1997 votre deuxième album, The Dandy Warhols Come Down fit forte impression. Mais cette même année Ok Computer de Radiohead et Urban Hymns de The Verve firent mieux. Te sentais-tu proche d’eux ? Ne serait-ce qu’en terme de concurrence…

Hé bien disons que les rares fois qu’on s’est vu, Thom Yorke m’a fait l’impression d’être l’être le plus petit et le plus laid qui soit. J’avais donc beau être pote avec certains des autres membres du groupe, non je n’étais pas proche d’eux. The Verve, je ne les ai jamais rencontrés et c’est peut-être pour ça qu’aujourd’hui je me sens plus d’affinités avec eux. On a passé tant de temps à écouter leur musique, elle a tellement fait partie de nos vies… Storm in Heaven fut une des influences majeures du son Dandy Warhols, sans qu’il soit une seule seconde question de marcher sur leurs plate-bandes. A chaque fois que j’entends qu’on parle d’eux ça me fait chaud au cœur.

Et qu’en était-il d’Oasis ?

C’était le groupe omniprésent de notre époque. Si l’on doit donc parler de concurrent c’est d’eux qu’il s’agit. En plus la structure de leurs morceaux était proche des nôtres puisque les leurs étaient aussi basées sur de simples grilles d’accords.

A la sortie de Come Down je me souviens d’une interview de Rock & Folk où tu disais que t’aimais tant Ok Computer que tu aurais voulu en être l’auteur. Vu la différence entre votre musique et celle de Radiohead cette déclaration m’a toujours surpris…

Il ne m’a pas fallu plus de 10 secondes pour comprendre qu’ils étaient tombés sur le plus grand producteur de l’époque. En rencontrant Godrich, l’audace de leur musique s’est mise à incarner l’esprit de l’époque.  C’était une période excitante.

Au total combien d’albums avez-vous vendu ?

Je dirais quelques millions.

Come Down compte une chanson en hommage à la coolitude de Kim Deal, la bassiste des Pixies. Quelle autre musicienne serait-elle assez cool pour t’inspirer une chanson ?

Kristin Hersch et Chrissie Hynde.

En 1999, votre batteur, Eric Hedford a quitté le groupe et c’est ton cousin, Brent DeBoer, qui l’a finalement remplacé. Dirais-tu que cela a affecté votre musique ?

Je ne pense pas. Eric était un batteur tout en toucher et Brent l’est aussi. Leur jeu harmonise le morceau, comme le faisait Ringo Starr chez les Beatles. Notre musique a donc logiquement continué son bonhomme de chemin.

« Godless », « Mohammed », « Nietzsche » : votre troisième album, Thirteen Tales From Urban Bohemia, s’ouvre sur une impressionnante triplette de longues chansons psychés qui semblent toutes avoir Dieu pour thème. Pourquoi une telle entrée en matière ?

Elles étaient censées fermer le disque mais juste après le mastering Brent a suggéré qu’on les mette au début. Bien joué Fathead (surnom de Brent, Nda) ! Pour ce qui est de Dieu, lui et moi on ne se parle pas et je suis plutôt horrifié par les gens qui croient tchatcher avec lui.

En 2000 tu as réalisé et joué dans le court métrage The End Of The Old As We Knew It qui fut présenté au Sundance festival de 2001. Peux-tu m’en dire quelques mots ?

Quand Bush et potes ont pris possession de la Maison Blanche en mentant et trichant à tout va, je me suis dit que cet attardé allait se prendre une balle. L’Amérique était en colère, surtout l’extrême gauche, elle n’avait jamais vu le pouvoir faire preuve d’une si grande et flagrante malhonnêteté. Tout cela allait contraire aux désirs de la majorité. Et moi, en tant qu’ancien étudiant en histoire, je savais que pour se refaire une image un leader impopulaire n’avait qu’une solution : créer un ennemi, inventer un ennemi. J’ai donc fait ce petit film et environ 8 mois plus tard ces ordures ont en partie prouvé que j’avais vu juste. Bon j’ai merdé en pensant que tout ça finirait dans un grand feu d’artifice nucléaire mais voilà, ça montre à quoi les 10 dernières minutes de ce conflit auraient dû ressembler. Pour moi.

Courtney par Jüül

Sur la chanson titre de votre troisième album Welcome To The Monkey House, tu chantes : « Quand Michael Jackson sera mort on reprendra « Blackbird ». Pourquoi cette chanson des Beatles ? Et l’avez-vous finalement reprise ?

C’est une chanson sacrément dure à reprendre, vraiment. Mais oui, on l’a reprise. Mince, je ne pensais pas que ça arriverait avant que j’aie 70 piges. Dingue !

Et reprendre un morceau de Michael Jackson, ça te dirait ?

Non.

Welcome To The Monkey House est le seul disque où l’on peut voir vos paroles sur le livret. Une raison particulière à ça ?

C’est le seul ? Je ne m’en rappelais pas.

Depuis 2003 vous possédez votre propre studio, The Odditorium. Est-ce que ça a changé quelque chose dans votre vie de groupe ?

Non. On a toujours eu un grand entrepôt en guise de studio, la seule différence c’est que maintenant on ne le loue plus.

Sur « Love Song », morceau qui figure votre sixième album Earth To The Dandy Warhols, vous avez collaboré avec Mark Knopfler. Tu es fan de Dire Straits ?

Oh oui, j’adore ce gars. C’est un des musiciens les plus parfaits qui soit.

Qui est ce Miles Zuniga cité comme co-auteur de deux chansons d’Odditorium Or Warlord Of Mars ?

C’est le guitariste et co-songwriter de Fastball, un groupe d’Austin, Texas. Un bon gars.

Vous avez co-produit chacun de vos albums avec un producteur différent. Pourquoi ?

C’est dur de faire des disques. On a besoin d’aide pour ça. Et on a toujours changé de producteur parce qu’on a toujours voulu éviter de refaire ce qu’on avait déjà fait.

Dandy’s Rule Ok ? : 1h14 ; The Dandy Warhols Come Down : 1h06 ; Thirteen Tales From Urban Bohemia : 56 min ; Welcome To The Monkey House : 48 min ; Vos albums n’ont cessé de « rétrécir » pour se rallonger par la suite : Odditorium or Warlords of Mars : 62min ; Earth to the Dandy Warhols : 69min…

Oui, j’ignore pourquoi. Etrange, hein ?

Durant ces 12 ans chez Capitol vous avez été forcés de faire des compromis. En 1996 ils ont par exemple refusé de sortir ce qui devait être le successeur de votre premier album, et qu’on a connu en 2004 sous le nom de The Black Album. Idem en 2003 : ils ont refusé de sortir le mix original de Welcome To The Monkey House qu’on a découvert en 2009 sous le nom de The Dandy Warhols Are Sound. As-tu des regrets à propos de tout ça ou te dis-tu que c’était finalement mieux comme ça ?

J’aimerais savoir comment les choses se seraient passées si j’avais fait d’autres choix, mais c’est impossible, n’est-ce pas ?

Lors d’une récente interview pour Gonzaï, ton ami Anton Newcombe a dit que tu avais essayé de devenir célèbre et que tu en avais payé le prix. Qu’en penses-tu ?

Il y a de ça mais non. Là pour moi il « projette ». Le vrai truc c’est d’obtenir le succès sans devenir célèbre. Réussir à faire ce que tu veux et qu’on te foute la paix, voilà le but ultime. La seule fois où on a dû se coltiner cette histoire de célébrité c’était au moment de engouement pour « Bohemian Like You ». Dans ce cas-là tu es toujours entouré de gens malhonnêtes qui travaillent pour le compte d’autres. La célébrité c’est la part merdique du succès. Une fois que tout ça est passé, ça a été. Dig! fut un bon exemple de ce genre de manipulation dont je parle mais ça a permis au Brian Jonestown Massacre de faire enfin carrière, donc je ne peux pas le regretter. J’aurais juste aimé qu’Anton et moi ayons été là pour le montage final.

Un de vos plus grands tubes s’intitule « Every Day Should Be A Holiday ». Hier vous étiez les poulains de Capitol. Aujourd’hui vous êtes à votre compte sur Beat The World, que vous avez créé en 2008. Dirais-tu que chaque jour est un jour de fête ou une bataille ?

Ce sont des vacances durement gagnées, mais oui, des vacances. Je pense sincèrement qu’il en est ainsi de la vie de chacun. Nos vies sont des vacances que nous gâchons la plupart du temps en voulant faire trop de choses à la fois, ce qui fait qu’on passe notre temps à courir sans se rendre compte qu’on est en vacances. Toute vie est une bataille. Toute.

Illustration: Jüül

The Dandy Warhols // The Capitol Years 1995 – 2007 // Capitol
http://www.dandywarhols.com/


6 commentaires

  1. Voila un papier bien long pour un groupe périssable.
    Cela dit, on y apprend beaucoup, il s’est bien livré au jeu du question/réponse l’ami Courntey, congrats.

  2. La vache ! J’avais jamais vu le clip de « Last High » et il a quelque chose de kamikaze, comme un mauvais goût de revenez-y (ou fuyez si vous le craignez) bande de mother fuckers! ce qui, je dois le dire, a plutôt tendance à me plaire.

    Après pour ce qui est de périr, je crois que c’est le low de tous, non ?

    Perishable goods…

  3. Bel article pour entamer un dimanche.
    Je me permets simplement de relever un bout de phrase: « dans ces trois albums où il n’y a absolument rien n’est à jeter »

  4. cool cool et au bvue des réponses c’est bien courtney, pas de doute mec. Intéressant « obtenir le succès sans être célèbre »

    les hollandais dont il parle c’est les golden earring, chevelus version gouda qui officiaient dans les free concert et dans l’underground du cru. Ils ont notamment fait une cover d’eight miles high de byrds sur un album de 69, après c’est bien parti en vrille

  5. C’est con mais j’aurai envie de sauver Odditorium, justement parce que c’est un album sans tube, presque un seul morceau qui se déroule, qui coule doucement.

    Après c’est sans doute de l’avoir écouté pour m’endormir pendant une sévère dépression hivernale… enfin bon je trouve qu’il y a dedans un paisible et plaisant renoncement musical.

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