J’ai découvert Conrad Schnitzler en 2002, en subissant l’écoute du premier album de Tangerine Dream, Electronic Mé

Membre fondateur de Tangerine Dream et Kluster, Conrad Schnitzler s’est éteint le 4 aout 2011 des suites d’un cancer de l’estomac. Gonzaï revient sur ce père fondateur de la musique européenne en sortant du placard une rencontre en vidéo filmée par Julien Perrin.  Souvenir.

J’ai découvert Conrad Schnitzler en 2002, en subissant l’écoute du premier album de Tangerine Dream, Electronic Médiation.

Un marmot en plastique, de dos, relié à une machine par des câbles illustre le vinyl blanc d’époque. Tout un programme… Entouré par Klaus Schulze et Edgar Foese, Conrad s’évertue déjà à agresser l’auditeur à l’aide de violons, violoncelles et d’une machine à écrire savamment trafiquée (maltraitée surtout). « Méditation électronique » qu’ils disent. Pas sûr pour la méditation. Encore moins pour l’électronique… En 1969, ce type d’instrument vient d’apparaître et coûte son pesant de choucroute. Alors ils trafiquent et déforment tout ce qu’ils trouvent. Des guitares, une batterie, un orgue, une flûte et toutes sortes de machines pouvant créer des bruits bizarres et distordus. Peu après Tangerine Dream, Schnitzler se barre fonder Kluster avant d’entamer une carrière solo qui perdure encore aujourd’hui.

Cet hiver 2004, à Berlin, c’est Manuel Göttshing (d’Ash Ra Temple) qui me file le téléphone de Conrad. Tremblant comme un Jérôme Soligny en érection devant un Bowie malade, il me donne rendez-vous devant une gare près de chez lui, en banlieue berlinoise. Accompagné de son clébard, j’embarque dans le vieux pick-up de ce papy des plus souriants. À peine arrivé dans sa (très) modeste demeure, je dégaine fièrement ma toute nouvelle caméra super-HDV-DV-numérique-digitale-sony.

Problèmes…

C’est bien chouette de flamber avec un joujou tout neuf mais sachant que je ne l’ai que depuis une semaine, je ne maîtrise aucunement la bête (où qu’on fout la HD ?). Et Conrad qui me balade partout : salon, jardin, rue, studio, cuisine, salon, sans cesser de débiter des histoires plus ou moins passionnantes d’ailleurs. À peine le temps d’effectuer deux réglages que je suis déjà largué. Son studio, rempli de câbles et de machines astucieusement empilées, développe des sons parasites extrêmement gênants. Je n’ai même pas de bon micro, seulement celui de la caméra, autant dire, rien…

Et quand j’ai la « bonne idée » de réaliser un entretien dans son jardin parce qu’il y a du soleil, il me faut une bonne demi-heure pour prendre conscience que son chien ne cesse d’aboyer et qu’au bout du troisième avion rendant inaudible les paroles de Conrad, je me dis qu’un aéroport doit certainement se trouver à quelques kilomètres de là. Ajoutez à cela un pied de caméra rouillé, l’effacement involontaire d’une partie de jambes en l’air que j’avais filmé la semaine précédente, une trouille bleue pour ce premier face à face avec un artiste admiré et l’on prend conscience de mon professionnalisme de l’époque…

Mais il fallait bien commencer un jour.

Alors, avant Michael Rother (Neu !), Dieter Moebius (Cluster), Damo Suzuki (Can), Klaus Schulze et Faust, il y a donc eu ce premier contact. Courant 2009, pour le documentaire que je souhaite lui consacrer, il y en aura un second.

Réalisation/Image : Julien Perrin Montage: Benjamin Aujon Mixage : Jules Wysocki www.nokrautrockstory.blogspot.com

Lien vers un titre d’« Electronic Meditation » – Cold Smoke: http://www.deezer.com/track/192937

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