Etre rock en 2009, sonner moderne au 21ième siècle, rester corrosif en toute situation...Derrière l'artifice, les cordes vibrent, quelque soit le siècle. Lassé par le tintouin en cuir et les fro

Etre rock en 2009, sonner moderne au 21ième siècle, rester corrosif en toute situation…Derrière l’artifice, les cordes vibrent, quelque soit le siècle. Lassé par le tintouin en cuir et les froufrous marketing, Formerly W. Goethe a retrouvé la trace des premiers compositeurs (classic) rock, il déchiffre pour nous le temps d’avant. Cette semaine, L’orfeo de Monteverdi, un LP très électrique qui suinte la colère du très haut. C’était il y a 400 ans.

Entré en studio à la fin de février 1607, C. Monterverdi la coqueluche de la Westcoast italienne nous livre enfin un album concept de près de deux heures.

On se souvient que cet artiste sans concession avait eu toutes les difficultés à monter son projet d’abord refusé par les producteurs de la major vaticane. Et si L’Orfeo bât en brèche le style old-school des madrigaux et des motets à papa, on ne peut que s’en réjouir. Fini le dogme shoegazer ou psyché que prêche sa Sainteté Paul V, la musique de MC(laudio) Monteverdi botte le cul du Saint-Siège d’une façon définitive.

Ce disque au ton impérieux et délibérément insolent est raccord avec tous les ragots et toutes les rumeurs sulfureuses qui ont filtré des studios d’enregistrement : oui ! On fera monter des femmes sur scène. Et oui ! Monteverdi a fait appel aux subsides du parrain du Gangsta-Oratorio, le Duc de Mantoue, condotierre bling-bling, altesse mafieuse, aussi bon producteur qu’il a la gâchette facile.

Gros son sur l’intro de ce LP : une toccata cuivrée et résolument punchy qui sonne presque métal, disto pour les cordes qui flirtent avec la musique sérielle. Mais avant tous ces samples de viole de gambe et de clavecin, on doit reconnaître que le travail des voix est la prouesse de l’album : pendant qu’Eurydice, jeune soprano aux jambes de levrette, pose un flow récitatif percutant, la punchline d’Orphée fait le contrepoint parfait des backing vocals, très R&B, du Chœur des Nymphes et des bergers à l’acte I. A remarquer également la performance de la basse tenant le rôle de Charon « Passeur des Enfers » dont la diction slang n’a rien à envier à celle de Chucky D.

Les prises live sont les meilleures. Le décor et la scénique de l’œuvre révèlent toutes les visions lynchiennes de Monterverdi : délires des dieux antiques et des esprits infernaux, fantasmes pervers de nymphes d’Arcadie qui sont moins des objets de désirs que les Ménades, foutues bitches lascives qui finiront par déchiqueter et bouffer le héros Orphée, jeune homme très moderne aux prises avec la drogue, les femmes, le sexe, avec les maux de notre civilisation du fric et des freaks.

Ceux qui ont été déçus au point de vomir par la dernière fadaise « hip-hop commercial » d’Olivier Messiaen, auraient bien raison d’aller constater par eux-mêmes toute la puissance qui se dégage de L’Orfeo de Monteverdi, accouplement aussi jouissif que monstrueux de la grande musique sacrée et du performance art.

C.Monteverdi // L’Orfeo // Naïve
(Pas de Myspace)

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