Compos à la nitroglycérine et syncope dans le cérumen : Chromb! est enfin de retour. Une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, écoute en exclu de "1 000", chef-d’œuvre de jazz dada made in France.

Comme tout le monde, je lis une newsletter sur cent jusqu’au bout. Quand celle de Chromb! est tombée, j’ai tout arrêté. Parce que si les quatre Lyonnais sont capables comme personne de te vriller la tête avec leur jazz de guerre (pour de rire), de provoquer des séances d’air batterie dans l’open space sans se soucier de savoir si tu vas passer pour un fou, et te faire sautiller comme un lapin Duracell revenant de Fukushima, ils sont également aussi très drôles. Chromb !, ça s’écoute (on y vient tout de suite après), mais ça se lit aussi.

Qu’avaient-ils à dire ? « TON VILAIN PETIT CHROMB! D’AMOURE EST DE RETOUR DANS TA VIE POUR PLUS DE JOUIVIDENDE DANS L’INSIDE DE TON STYLE… »
 Excitation, sueurs et palpitant déjà dans les starting-blocks. Mais encore ? « En mars, le grand méchant CHROMB! passait une dizaine de jours enfermé dans l’incroyable studio de Raphael Cartellier pour coucher, à grand renfort de transpiration, d’instruments du rétro-futur et d’amour, son troisième album ! » Et comme si ça n’était pas assez clair : « OUI TU AS BIEN LU! ON REVIENT DANS LES OREILLES DE TA VIE ! » Défaillance, émoi, bouton play.

Commençons tranquille. Même si j’ai déjà le doigt sur le booster. Pour les néophytes, Chromb!, c’est quatre gars capables de jouer du jazz – ce qui n’est déjà pas donné aux trois quarts de la scène française – mais qui ont le cerveau trop rock pour se contenter d’enchaîner les grilles d’accords et de taper mollement du pied en attendant la fin du monde. Plus fort : leur morceau TNT, parfois pas si loin du métal, ne contient pas une note de guitare. Piano, batterie, basse, saxo. Je sens que je m’énerve. Pas facile de causer d’eux avec le frein à main. Ils sont de Lyon, ont déjà sorti deux disques, « I » (2012), et « II » (2014), et pour le soft papier, je m’arrêterai là. Attachez vos ceintures.

Cartoon chez Duke Ellington

2015-photo-promo-©Hazam-ModoffJe ne peux plus m’arrêter d’écouter ce disque depuis dix jours même quand j’aurais pourtant besoin de calme je le remets encore et encore et je finis par avoir les cheveux du boss de la tour de contrôle dans Y a-t-il un pilote dans l’avion ? quand il sniffe je ne sais quoi et qu’ils sont tout raides sur sa tête. Je vous jure, c’est épuisant.

Sept morceaux tempête, un dernier crépuscule ; une bombe atomique explosant en ternaire, aux ondes de choc bousculant TOUS les nerfs. Un boucan français, oui Monsieur, oui Madame.

Un cartoon chez Duke Ellington. Des pas de côté, orchestrés à la triple-croche. Des instants beauté l’air de dire on sait faire, puis l’apocalypse dessinée par un enfant, qui déborde avec ses feutres, qui choisit les couleurs les plus criardes, qui n’en a rien à secouer de savoir si ça ressemble.

Recevoir la foudre à contretemps. Beugler dans sa tête et jusqu’au bout des doigts. Tirer son chapeau à des mecs appelant leurs morceaux Des Francis en quinconce, Bonjoure, Le tombeau est vide, Die Krabben Leben Noch.

Être persuadé de ne pas avoir été autant bousculé en 2016 par un disque. Prier pour qu’ils viennent jouer par chez moi. En attendant, écouter et écouter encore cet album, pendant jazz-cartoon d’Aquaserge.

Si tu n’aimes pas quand ça joue vite et fort, il est temps que tu changes d’avis.

Chromb! // 1 000 // Dur & Doux. Sortie le 4 novembre.
En précommande ici, et .

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