Ça fait des années que ça dure : Gonzaï aime Chloé. À l'occasion de son superbe nouvel album de pop science-fiction, "Endless Revisions", on l'a rencontrée pour parler des années Pulp, de son nouveau label Lumière Noire, de culture techno mais aussi de sa passion pour l'alpinisme...

J’ai cru croiser Franz-Olivier Giesbert. Et cela ne m’étonne pas, car la brasserie où Chloé m’a donné rendez-vous – avec ses tentures dorées et ses serveurs parisiens en tablier queue de pie – me transporte dans la France de Pompidou. Curieux endroit pour rencontrer Chloé Thévenin et parler de son album « Endless Revisions » sorti sur son nouveau label. DJ Chloé serait-elle devenue une artiste conservatrice ? Peut-être qu’à force de voyager en classe affaire autour du monde pour passer des disques, l’ancienne résidente du Pulp ne cache plus son amour pour les huitres et le champagne ?

En fait, il ne faut pas y voir une quelconque attirance pour le bling-bling : c’est juste que cette élégante brasserie se situe à trois minutes de son studio. Et c’est ici que Chloé a mis des années à concevoir, produire et réaliser cet album stellaire. Chose rare, à une époque où l’effort d’attention est au plus bas, cet album demande un lâché prise à l’auditeur afin d’en apprécier et d’en discerner chaque détail. Comme toujours avec Chloé, c’est une œuvre très riche, exigeante, solide et ambitieuse avec une production ample qui nous plonge dans un liquide amniotique traversé par une ambiance chaude et novatrice. Une œuvre de science-fiction doublée d’une véritable météorite noire. Pas seulement un disque techno, mais tout simplement un album de pop moderne, accompagné de voix venues d’ailleurs : ici c’est le chanteur indie Ben Shemie du groupe Suuns sur le morceau Recall, ailleurs c’est une ancienne gloire de la variété française sexagénaire – Alain Chamfort – qui se met à nu le temps d’un featuring new wave et glacial. Ou bien c’est Chloé elle-même qui prend bien soin de brouiller les pistes sur les morceaux Party Monster, Dune ou The Dawn en trafiquant sa propre voix, pour arriver à incarner une sorte de muse digitale perdue dans la matrice. Enfin, c’est une œuvre très sombre : à croire que les DJ qui passent tous leurs weekends dans des fêtes sont en dépression. Sur ce disque, aucun monument pouet-pouet-boum-boum pour lever les bras : on est plus proche d’une version digitale de Siouxsie & The Banshees que d’une célébration hédoniste de la house music. Bon, Franz-Olivier Giesbert n’est pas là, mais Chloé prend place en face de moi et commande un Perrier citron.

Chloé, sur « Endless Revisions » il y a un réel travail sur le son : beaucoup de delay et d’échos, très amples, des sonorités trance. Une production riche avec une notion de perspective d’espace. C’est volontaire ?

C’est intéressant car oui c’était complètement voulu, dans le sens où j’ai évolué dans le son. Après mon deuxième disque, j’avais envie de me dire que si je faisais un autre album il fallait qu’il soit encore mieux produit, que je passe une étape. D’où le fait que j’ai eu besoin d’aller chercher de l’inspiration ailleurs, en m’ouvrant à plus de collaborations avec des projets comme les musiques de films. Quand je bosse sur de la musique de film, je suis au service d’un projet et ce n’est pas moi qui suis en avant. Cela oblige à mettre son ego de côté. J’étais curieuse de voir comment je pouvais évoluer dans cette exercice-là et voir aussi ce que cela pouvait m’apporter. Ce sont ces expériences, ces autres façons de travailler, qui ont nourri l’album, notamment en termes, comme tu disais, de production et de sonorité. J’aime bien mélanger les sons concrets à la musique pour entendre les transformations. C’est ce travail que j’aime particulièrement, comme dans un mix : des sons qui viennent d’horizons différents et qui se mélangent.

Est-ce que cela est dû, peut-être, à une influence pour le sound design cinématographique avec le travail d’artistes comme Cliff Martinez ou encore Johann Johannsson pour Denis Villeneuve ?

Oui, carrément. Il y a toute une nouvelle tendance dans le cinéma, de metteurs en scène qui accordent de la place au sound design et aux sons de musique dans leurs œuvres. Peut-être aussi parce que la musique électronique a pris une place plus importante. C’est un travail qui est très intéressant et auquel je suis sensible. J’ai toujours été sensible à ça dans les films et je suis contente qu’il y en ait davantage. Après, ce n’est pas parce que Denis Villeneuve est mis en avant que j’en suis venue à m’intéresser à cette notion de sound design. À mes tous débuts, je suis venue à la musique grâce à la musique de films en fait : quand j’étais plus jeune il y avait l’émission Le Cinéma de Minuit à la télé sur la 3. Il y avait tous ces vieux films et je les regardais tout le temps. Leur musique peut paraître démodée aujourd’hui mais sur certains il y avait un travail sur le son qui était hyper fort en terme d’ambiance que cela arrivait à créer. Depuis, on peut dire que j’ai toujours eu un attachement au cinéma, que cela soit des films d’auteur ou des gros trucs américains : je suis très bon public du coup, mais très chiante aussi ah ah !

Comment est venue la collaboration avec Alain Chamfort ? C’était suite à son album de remix auquel tu as participé ?

On s’était rencontrés un peu avant. J’avais eu l’occasion de l’inviter lors d’une émission de France Inter où j’avais une résidence. On avait eu l’occasion de se croiser auparavant, mais c’est lors de cette émission que l’on a fait réellement connaissance. Suite à cela, j’avais toujours en tête l’idée de collaborer avec lui, voir ce que cela donnerait. Au début, je n’ai pas trop osé car on évolue pas dans le même univers musical, mais il y a une petite graine qui a quand même germé dans ma tête. Plus tard, il y a eu le projet d’album de remix d’Alain Chamfort qui m’a été proposé, et j’ai eu la possibilité de choisir le morceau Trace De Toi – qui était un peu le slow absolu pour moi. J’ai eu l’occasion de le recroiser et je lui ai parlé d’une collaboration, même si je n’avais pas de morceau à lui proposer. Je tenais à cette idée de morceau pour lui, avec sa voix et son univers. Il a été très patient et il a trouvé un superbe thème assez vite, qui était exactement ce que j’attendais. C’est à ce moment que je me suis dit : il a compris.

Le morceau s’appelle Androgyne, sur d’autres morceaux les voix sont souvent trafiquées à l’excès : comme pour marquer l’ambiguïté et brouiller les pistes. Sur le morceau Party Monster, notamment.  

Sur Party Monster c’est moi qui chante, même si je ne sais pas si on peut appeler ça chanter, vu que je n’ai jamais souhaité faire une carrière de « chanteuse ». Je vois plutôt le morceau comme une globalité. Après il m’est arrivé sur des morceaux de faire les voix sans mettre trop d’effets. Mais au fond c’est comme si je voulais que la voix sonne entre deux tendances : entre l’humain et le pas trop humain, je dirais, entre machine et organique. Quelque chose qui s’insère dans le morceau et qui me permet d’accentuer mon attention.

Plus le disque s’écoule, plus il devient sombre : Dune ou Pendulum sont proches d’une ambiance black metal.

Disons,que quand je commence un morceau, je ne me dis pas : « tiens je vais faire un morceau dark ». Après c’est vrai que dans la construction de l’album, j’essaie d’équilibrer un peu. Il y a un travail entre l’ombre et la lumière, et c’est d’ailleurs ce travail sur la transformation qui m’intéresse. Un peu comme dans la musique classique ou électro-acoustique, où on peut être confronté à des moments intenses ou bien des moments de chaos total. Ce sont des choses qui me touchent, ou du moins, c’est ce qui, moi, m’emporte. Faire des morceaux plus lumineux, cela me permet de rebondir pour amener l’auditeur vers autre chose, comme des sortes d’interludes. L’album me permet justement de pouvoir aller vers plusieurs ambiances, plus que sur le format maxi.

Pour le morceau Pendulum, c’est un extrait d’une émission que j’avais faite pour la maison de la radio sur France Culture, dans le cadre de l’atelier radiophonique. J’avais eu l’occasion de faire une émission de quarante minutes, où j’avais carte blanche et où j’avais accès aux archive de l’INA. Ce projet était ensuite sorti en CD accompagné d’un livre, puis j’avais fait un live à Beaubourg pour l’occasion. La thématique que j’avais choisi concernait les poètes, la mouvance surréaliste et dadaïste. J’avais fait des prises de voix avec une russe qui récitait un poème. J’ai réenregistré ce poème pour l’album, car j’aimais bien le fait qu’une autre langue fasse son apparition, tout en travaillant sur la transformation de la voix : comme le fait d’entendre une sorte de conte, sans que l’on en saisisse le sens. Cela me fait penser au film Under The Skin de Jonathan Glazer. Un film qui ne laisse pas indifférent : il a ceux qui ont adoré et ceux qui ont détesté. Pour ma part, j’ai pris une grosse claque notamment en terme de son et d’image : le silence y avait une grande place, Scarlett Johansson parle très peu, les quelques voix que l’on entend sont écossaises avec cet accent hyper bizarre et très marqué. La musique était-elle même très curieuse, malgré cela le film fonctionne. Je pouvais fermer les yeux et écouter, c’était un peu comme un trip sonore.

Tu t’y prends comment pour réaliser un disque ? Tu le vois comme un tout, ou tu enregistres petit à petit en faisant le tri ?

Personnellement, je bosse tout le temps, j’ai besoin de cela pour expérimenter. Ce serait trop simple si je me pointais au studio et paf ! Voilà les morceaux. Cela me prend beaucoup de temps. Je fais partie de ces gens qui ont besoin de travailler pour qu’il se passe des choses. Parfois, ça peut prendre des directions différentes. Par exemple, il m’est déjà arrivé de commencer un morceau orienté club pour un maxi et en bossant dessus, au fur et à mesure, qu’il prenne une toute autre tournure, et que je me rende compte que c’est un morceau qui aurait plus sa place sur un album. Ce qui est bien c’est qu’entre le point de départ et l’arrivée, je laisse pas mal arriver les surprises. Même s’il faut aussi être rigoureux : je m’oblige à me laisser aller mais en même temps je me surveille et je recadre. Mais l’idée de l’album n’est pas venue immédiatement. J’ai tourné, fait des remixes, des maxis, j’ai produit le groupe Nova Materia, des musiques de films. C’est dans ces expériences que j’ai trouvé de nouvelles matières pour l’album.

« C’est le reproche que je peux faire parfois aux festivals : certains proposent un Dj set parce que c’est moins de travail et plus économique que de proposer un live.« 

J’ai l’impression que sortir un disque pour les producteurs techno c’est une économie bizarre voire schizophrène : ce sont souvent des disques différents qui n’ont pas souvent leur place lors des dj-set. C’est souvent l’argent des bookings qui financent une œuvre qui va paradoxalement toucher moins de public comme celui qui vient de te voir en festival.

Oui, mais cela dépend de l’intention quand tu fais un album. Il y a des Dj’s assez efficaces, qui sont dans un style très particulier comme la techno, ou la minimal. Et ils font des disques remplis de tracks pour pouvoir être jouées, même si c’est un tout petit peu plus bizarre parce que c’est un format album : au final ce sera un peu la même chose. Pour le coup c’est très efficace en terme d’étiquetage et de reconnaissance : si on invite tel artiste en Dj set, on sait à quoi s’attendre, il n’y a pas d’ambiguïté. Pour mon cas, ce n’est pas que je cherche à créer de l’ambiguïté, mais je considère que le mix, c’est un travail à part entière : je cherche depuis des années des morceaux, et je vais écouter des morceaux, qu’ils soient lents ou pas – et cela vient peut-être du fait que j’ai été résidente pendant longtemps, ce qui fait que quand je joue j’aime bien mixer longtemps. Le travail de Dj c’est une chose, mais la production c’est vraiment un autre boulot, même si c’est très lié. Ce qui fait qu’il y a de très bons Dj’s qui sont de mauvais producteurs et de très bon producteurs que l’on invite en Dj et dont on se rend compte que c’est naze. C’est le reproche que je peux faire parfois aux festivals. On invite des personnes qui sortent des titres sublimes, certains proposent un Dj set parce que c’est moins de travail et plus économique que de proposer un live : aujourd’hui avec l’évolution des logiciels et du matériel on peut « mixer » même en ne connaissant rien. Il faut savoir faire la différence.

« Faire la fête éternellement, ce n’est pas possible.« 

Moi, il s’avère que j’ai découvert d’autres musiques avant la techno, et quand j’ai découvert ce mouvement, je me suis rendu compte que cela me correspondait car je pouvais faire de la musique toute seule, en mélangeant mes influences antérieures. C’est comme ça que ça s’est fait. J’écoute plein de musiques hyper différentes chez moi. A titre personnel, c’est moins chiant : faire que des boucles huit heures par jour, c’est pas mon truc ah ah !

(C) Gerard Love
(C) Gerard Love

Passé un certain âge les trentenaires ou quadra ne peuvent plus suivre les Djs : parce que vous jouez trop tard en festival à 3h40 du matin, par exemple, ou bien uniquement en club. A côté de cela le public rock peut toujours voir et vivre sa passion : on appelle la nounou et on va voir LCD Soundsystem pour 21h. Toi, tu touches un public de kids, mais n’as-tu pas l’impression qu’au fur et à mesure tu perds le public du début ?

C’est clair. Après quand tu leur demandes, à ces trentenaires-quarantenaire, ils te disent qu’avec leur vie de famille ils ont changé leur mode de vie aussi. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais maintenant, tout le monde fait du yoga, a arrêté de boire, fait du sport… moi la première. Faire la fête éternellement, ce n’est pas possible. J’ai plein de d’amis qui ne sortent plus trop, mais par contre qui sont ravis quand je fais un truc à Beaubourg à 20h40, par exemple. Pour le coup, je suis un peu obligée de voir jouer d’autres artistes en club parce que j’y joue moi-même. Après, peut-être qu’il y a plus de personnes qui sortent actuellement, car il y a de plus en plus de soirées. Il se passe un truc à Paris en ce moment qui n’est plus arrivé depuis des lustres. A une époque il y avait des pétitions parce que Paris était une ville qui dort. C’était le moment où beaucoup de personnes ont bougé à Berlin.

On vit une époque où l’on est inondé de musique. En tant que Dj, comment fais-tu pour prendre le temps d’écouter ?

C’est clair qu’on est noyé sous les sorties. J’essaie de pendre du temps pour écouter, mais aussi je tente de me garder de tout apriori. J’essaie aussi d’écouter des choses que je n’écouterai pas forcement, car c’est souvent là qu’il y a des bonnes surprises. Evidemment, après il y a des labels et artistes que je suis de plus près. En plus, je suis souvent en contact directement avec eux.

Au sujet de la création de ton nouveau label, Lumière noire : d’où est venue cette envie ? Tu sortais beaucoup de titres sur Kill The Dj avant.

Lumière Noire est une entité indépendante. Ce qui s’est passé, c’est que j’ai monté un label assez rapidement. Au départ ça a commencé par une soirée, et puis je me suis rendue compte que j’avais envie de créer un label pour sortir des disques plus régulièrement. C’est ce que je fais maintenant, j’en suis ravie et c’est normal au bout d’un moment de vouloir passer un peu à autre chose. Le milieu de la musique électronique a beaucoup changé, c’est aussi une manière de m’adapter à ma façon, avec ma vision. J’aime beaucoup rencontrer des artistes qui m’envoient des prod’, que cela soit ici ou à l’étranger, et j’aime beaucoup voir leur évolution. A un moment, quand je vois qu’il y a quelque chose que je trouve interagissant, j’essaie de le sortir. Que l’artiste soit connu ou pas, comme dans le cas de Sutja Gutierrez dernièrement : c’est un artiste espagnol, qui était dans la folk avant. Il m’a envoyé des morceaux et j’ai totalement craqué dessus. J’aime beaucoup son mélange de musique électronique un peu bancale avec une démarche tout à fait naturelle. Pour les parisiens d’Ile est Vilaine, c’est pareil : dès qu’ils m’ont fait écouter j’ai dit : « je le sors! ». Ils ont bien la pêche, leur live est top et ils ont bien évolué.

« La techno est devenue un business« 

Du coup on t’envoie plein de CD-r depuis que tu es patronne de label ?

Pas tant que ça, non. En fait on m’en envoyait déjà pas mal avant : des artistes qui me demandaient si je pouvais leur donner un coup de main pour les orienter vers des labels. Ce que je faisais avec plaisir. Mais bon, à un moment donné, je me suis rendue compte que j’avais laissé passer des choses que j’aurais pu sortir ah ah ! Tu sais c’est un peu ce truc de dj : je me rappelle qu’avant quand on mixait sur vinyles on barrait les noms au feutre pour pas que les gens, mais surtout les autres djs, sachent ce que tu passes. Pas tout le temps, mais souvent ah ah ! Je me souviens quand je voyageais, j’allais chez des disquaires des villes où je jouais, pour trouver les trucs que personne n’avait. C’est comme cela que tu constitues ton propre son aussi. Donc, il y a un petit côté comme ça, j’avoue, avec mon label Lumière Noire : pouvoir me garder des trucs sous le coude. C’est une manière de crier un peu mon identité.

Tu n’en a pas marre d’être cataloguée comme « la DJ des années Pulp », ce qui est au final un truc très parisiano-parisien ?

En fait, je suis cataloguée auprès de certaines personnes et d’une certaine génération. Cela fait partie de l’histoire, je ne vais pas la renier. Après, il y a plein de nouveau Djs ou producteurs, en France ou à l’étranger, qui n’ont jamais connu le Pulp et à qui ça n’évoque absolument rien, et du coup on ne me catalogue pas là-dedans. Après ce qui est sûr, c’est que c’était une résidence importante. Une discothèque la nuit et un dancing pour les vieux le jour, avec chaque jour un style de musique différent. Le Pulp avait aussi la particularité d’être gratuit ce qui a beaucoup joué dans son succès. Il faut le resituer dans le contexte, je ne sais pas si aujourd’hui un Pulp jouirait de la même aura. A l’époque il y avait très peu de clubs à Paris donc peu de concurrence. Et c’était un club queer, avant même que le mot queer existe. C’était un peu tout ça, une sorte de jeunesse désabusée.

Maintenant que tu es une icône techno, que penses-tu de l’évolution du mouvement ?

C’est devenue un business. J’ai grandi avec la musique électronique, et j’ai vu toutes les étapes que ce mouvement est passé. Il y a un moment, au début, où l’on voulait que cette musique et cette culture soit connue et reconnue. Et aujourd’hui c’est devenu une industrie, un style de musique hyper important. Et c’est très bien. Après c’est comme tous les styles, il y a à boire et à manger. Ce qui est curieux, c’est que je constate qu’il y a une nouvelle génération qui refait ce qui se faisait il y a très longtemps : par exemple il me semble que c’est l’artiste Moodyman qui mettait un drap pour se cacher quand il mixait à l’époque. Là, j’ai vu récemment une salle (le Badaboum à Paris. Ndlr) qui met un drap devant le Dj pour ne pas se focaliser sur l’artiste : on ne sait même pas qui c’est qui joue d’ailleurs. Il y a aussi de nouvelles raves qui sont mises en place et dont l’adresse est dévoilée au tout dernier moment. Ils reprennent les mêmes codes qu’au début du mouvement, mais ce qui m’interpelle c’est que c’est une génération qui n’a pas connu les raves. Il y a une sorte de starification, avec les selfies, l’actualité en temps réel – moi-même, je dois aussi rentrer un peu dans ce jeu, même si j’ai un petit problème avec cela vu que je n’ai pas grandi avec. Et cette starification, le fait de se montrer, cela en dit long parfois sur les artistes, sur comment ils se positionnent par rapport au public.

A force d’interviewer des Dj’s dans leur chambre d’hôtel en attendant leur set, j’ai remarqué que beaucoup passent le temps en lisant. Donc pour finir, au lieu de te demander un top constitué de morceaux, je vais te demander tes conseils lectures. Les coups de cœurs de Chloé…

Ah oui, c’est vrai qu’on a beaucoup de temps à attendre. En général, je réponds à mes mails, je regarde des séries et je lis pas mal. Alors là, j’ai commencé un livre que l’on m’a offert qui s’appelle Sapiens. Sinon, récemment j’ai finis un livre de Lionel Terray qui s’appelle Les Conquérants De l’Inutile. C’était un alpiniste français – parce qu’il faut savoir que j’adore la littérature de montagne – qui était un des premiers dans les années 50 à monter l’Everest. Autant personnellement j’adore les randonnées, mais le coté alpiniste et pure grimpe je ne comprends pas très bien et donc cela me fascine. Faut que je lise ensuite un livre qui s’appelle Premier De Cordée de Roger Frisson-Roche. J’ai des périodes comme ça, un peu monomaniaques, où je suis à fond dans une thématique ah ah ! Du coup j’ai regardé pas mal de documentaires sur l’alpinisme aussi. Notamment un sur George Mallory – un des premiers à avoir fait l’Everest – sauf qu’il n’est jamais revenu, il est mort. Et quand les journalistes lui demandaient, en anglais, ce qui le poussait à monter sans relâche les sommets, il répondait juste: «because it’s there »

Chloé // Endless Revisions // Lumière Noire
http://www.listentochloe.com/

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