Certains groupes, par souci de précaution, passent leur temps à se tromper d’époque. Radio Transmission, des Chicros, avec ses

Certains groupes, par souci de précaution, passent leur temps à se tromper d’époque. Radio Transmission, des Chicros, avec ses allures de negro-spiritual qui tape sur le caillou avec une chaine au bout des pieds, aurait surement fait un carton en.. 1958.

Ces disques, souvent français, représentent à eux seuls l’exception culturelle française, une catégorie de disques qui s’écoutent dix ans trop tôt, vingt ans trop tard. Tellement pas raccord avec le temps qu’il fait qu’on en aurait presque envie de pleurer : L’art du disque de Damien, l’intégrale de Married Monk, Koudlam, Rob et ses disques mille-feuilles, Jacno, Ferrer….la mention « tombé pour la France » a surement été conçue pour eux.  Longtemps après leur « mort », d’illustres inconnus diffusent ces albums sur des blogs, et gratuitement, preuve que le business du culte vaut pas tripette au monde du Wi-Fi. Le rapport avec les Chicros ? Vous ne voyez TOUJOURS pas le rapport, bande de cuistres ?

Pas si loin que ca, finalement, d’un Black Sabbath perdu au temps de l’inquisition, Radio Transmission est simplement un disque de fainéants. Brillant sur –presque- toute la longueur des courtes pistes (19 chansons en 36 minutes, soit le chiffre d’or de la période glorieuse des 60′), le disque des Chicros aurait été un vinyle qu’il aurait évité aux nerveux post-moderne de skipper compulsivement d’une piste à l’autre. La touche « next », enfant du cd numérique, serait-elle le mal initial qui a dérouté le public du but premier de la musique (Ecouter de la musique avec un enchainement naturel entre les chansons) ? C’est déjà un autre problème qui m’éloigne du disque des Chicros. Les petits barbus français méritent tout de même mieux qu’une paire de digressions.

Imaginer un disque comme une radio télévangéliste (sic) avec de jolies comptines doo-wop et blues, à l’heure de l’urbain écologique, avouez qu’il y a de quoi rester allongé avec un clope calé entre les dents du bonheur à siroter du sus de papaye. Radio transmission est donc un disque de fainéants, rapport au paragraphe précédent, illustré de singles pour les radios non-commerciales (What’s new today on TV), un peu foutage de gueule des dévots (Radio Jesus), alternant pop déstructurée à la Grandaddy (la barbe, point commun) et kraut rural (What should I lie about) pour effrayer les passants. Tellement bien fait que Radio Tranmission, épouvantail contre le mauvais gout, éloignera surement les magazines généralistes, les journalistes apeurés par plus de dix pistes sur un album et ta grand-mère qui a connu la guerre et l’arrivée des américains dans la capitale.

Des barbes longues comme ci, des cœurs gros comme ca, les Chicros restent envers et contre tous une preuve du temps présent, bien plus subtile que la radio qu’ils convoitent alors qu’elle hoquète dans un dernier souffle. Rendez-vous dans dix ans, lorsque la guerre nucléaire aura définitivement éradiqué toute trace d’électricité. Alors, promis, on recommencera à casser des cailloux en se prenant pour Howlin Wolf. Je vous laisse deviner ce qu’on écoutera en fond sonore.

http://www.myspace.com/loschicros

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