A l’occasion de son passage ce soir au Festival Sonic Protest en duo avec Mondkopf, Charlemagne Palestine a accepté de revenir pendant une heure sur sa drôle d’histoire pas répétitive : les débuts à New York, la rencontre impromptue avec Moondog, l’amour des teddy bears ou encore la rivalité qui l’a longtemps opposé aux pionniers du mouvement minimaliste qu’il continue de dénigrer… Ladies and gentlemen : here comes the maximalist ! Et rencontre nec peluche ultra.

Steve Reich au musée, Philip Glass remixé par les kids, concerts de John Adams à 50 euros la place, Michael Nyman réhabilité depuis le fond de la commode… le mouvement minimaliste n’a jamais été autant à la mode que depuis que ses pères fondateurs rampent – littéralement – dans toutes les salles institutionnelles pour jouer des pièces souvent vieilles de 40 ans devant des foules ébahies avec souvent, disons le, du pognon plein les poches. Si la majorité de ces œuvres avant-gardistes n’ont pas pris une seule ride et qu’un Different Trains de Reich pourrait désormais illustrer une pub pour déodorant sans que personne ne trouve à y redire, il en va autrement pour Charlemagne Palestine, 45 disques et quelques au compteur, un demi-siècle de carrière et un accoutrement digne de Broadway (il est né à deux rues) quand tous les autres arborent des looks austères de profs d’histoire-géo. Incontestablement, on tient là le Poulidor de la musique contemporaine, et certainement pas le plus gâteux (coucou Pierre Henry).

Charlemagne Palestine, c’est donc une carrière qui échappe aux nomenclatures. Et qui permet à celui qui se considère davantage comme un oncle que comme un père de quoi que ce soit d’afficher un look de boxeur martelant son piano avec des chemises dignes de Tom Selleck tout en s’inspirant de l’argot yiddish pour inventer des termes comme « Strumming », qui donnera son nom au plus célèbre de ses disques, enregistré en 74 dans un loft new-yorkais pour le label français Shandar. Bref. Charlemagne (le nom, déjà…) c’est l’anti-héros de pianiste de conservatoire adulé jusque dans la scène indie-rock par Lee Ranaldo de Sonic Youth, comme le rappelait récemment Rubin Steiner dans un portrait à (re)lire si vous voulez tout comprendre au Palestine pour les nuls. Avec ses peluches de fête foraine trônant comme des totems autour du clavier, l’Américain a fait de la légèreté une affaire sérieuse. Et nous le prouve encore une fois le samedi matin de notre rencontre en se pointant peinard dans la salle de déjeuner de l’hôtel pour déballer en Français dans le texte comment il a flip-flopé [1] 50 ans durant pour rester, à 67 ans, ce mec qui se souvient de tout. Du premier souvenir de sa vie (une suffocation à seulement 1 an qui lui vaudra son premier foulard.. qu’il porte encore autour du cou comme un fétiche) aux origines de l’ours en peluche, crée à New York cinq ans avant l’arrivée de ses parents, émigrés juifs, à Big Apple en 1910.

Après ce long préliminaire, le rideau s’ouvre. Musique, maestro.

Charlemagne Palestine en concert avec Mondkopf le 8 avril à l’Eglise Saint-Merry.
http://www.sonicprotest.com

[1] Un terme que Charlemagne emploie souvent dans les interviews pour résumer ses zig et ses zag à travers le champ de mine qu’est la carrière de musicien.

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