A moins, évidemment, qu’un homme tronc soit missionné pour écrire un papier sur les punks de Bristol.

Acte 1, aout 2017. Un petit nain moustachu illumine la scène de la Route du Rock avec un set qui transpire la bière autant qu’un anglais un vendredi soir après le boulot. Le groupe n’a pas encore publié « Brutalism », son premier album, que les bookmakers parient déjà sur cette bande d’énervés comme étant the next big thing. Bon, le résultat des courses est un peu raté ; les morceaux de leur premier n’ont pas réussi à se placer sur les CD d’ambiance de chez H&M, mais Joe Talbot et ses copains au physique 30 de QI ont fait suffisamment de bruit pour alerter tous les zombies aux alentours, à tel point qu’ils sont aujourd’hui souvent cités avec Shame comme l’un des espoirs du punk britannique.

Acte 2, septembre 2017. Grâce à un processus de recrutement digne des grands cabinets, et sur la base d’un entretien téléphonique à 23H30 un mardi soir, Gonzaï engage un nouveau stagiaire sans se douter encore que même un enfant de 9 ans biberonné à Lacrim écrirait mieux.

Briefé pour rencontrer les faiseurs de boucan quelques jours après le début d’un stage où l’objectif était de montrer que la génération des « Digital Natives » était prête à prendre le pouvoir, ledit stagiaire manqua de peu de nous faire un burn out après avoir honteusement avoué qu’il refusait de faire l’interview au prétexte qu’il n’avait jamais réalisé d’interview en anglais, et que quand même, c’était vraiment trop lui demander. Viré dans la foulée, il inaugurait sans le savoir une longue série d’engueulades avec des apprentis stagiaires dont le dernier en date s’est vu éconduit après avoir pleuré dans la cour comme un prisonnier de Guantanamo à qui l’on aurait fait remarquer d’un peu trop près qu’écrire sans mettre de majuscule aux noms propres était quand même un peu LIMITE quand on voulait faire de l’écriture autre chose qu’un moyen de taper des statuts Facebook.

Acte 3, janvier 2018. Par miracle, les réponses aux questions rédigées par le futur salarié d’une PME de merde spécialisée dans le bâtiment sont finalement arrivées par mail. Et comme les occasions de montrer à quel point nous sommes des bras cassés sont trop nombreuses pour ne pas s’en servir, voici donc le résultat. Vous avez aussi le droit de vous enfoncer une paire de ciseaux dans les globes oculaires pour éviter le carnage qui suit.

On est en 2017, c’est le bordel partout. Est-ce qu’en fait ce n’est pas le moment idéal pour un jeune groupe de punk ? [c’est la meilleure question, Ndlr]

Joe Talbot : Nan. Du moins pas si ces groupes se définissent comme « punk ». L’état actuel de l’Europe et de l’Angleterre a vraiment besoin de quelque chose de plus pertinent et subversif que le mouvement musical dont tu parles, et qui est mort à la fin des 70’s. La capacité à être un esprit libre capable de tout remettre en question est plus que jamais nécessaire dans l’Art, mais faudrait que les jeunes mohawks arrêtent d’être des clichés d’eux-mêmes. Le punk c’est chouette, mais c’est devenu une caricature repérable à 10 kilomètres, ça n’effraie plus les riches ; les inconnus, les outsiders, si.

Que s’est-il passé entre votre EP « Welcome » et l’album « Brutalism » ?

Joe Talbot : Beaucoup de boulot. Et la mort.

Vous êtes plutôt du genre « no future » ou votre message est plus optimiste ?

Joe Talbot : on est carrément positifs. Pour nous l’amour, la joie et la compassion sont les meilleurs outils du mépris.

 

On aime souvent faire des parallèles entre les groupes et les villes d’où ils viennent. Vous, vous trouvez que Bristol a aidé à définir votre son ?

Effectivement, la capacité de Bristol à cultiver les différences nous a clairement poussé vers l’avant, on a réussi à grandir grâce à cet élan positif, c’est indéniable.

C’est quoi le truc le plus punk que vous ayez fait dans votre vie ?

Joe Talbot : on a voté.

Quand on est punk, est-ce qu’il y a une limite au trash ou bien est-ce que plus c’est crade, mieux c’est ?

Joe Talbot : je comprends pas bien ta question, mais je préfère le mot crade.

Maintenant que vous avez réussi à survivre à cette interview, courrez chez le disquaire le plus proche et achetez « Brutalism » en n’oubliant pas de foutre le feu à la boutique avec votre zippo de gros caïd. Bisou.

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