Imaginez un film où la version blondinette de Lemmy Kilmister déciderait soudainement de se taper la moitié de la Terre; c’est à peu près le pitch de « Leather Teeth », le premier vrai album de Carpenter Brut qui vient de sortir sur terre après avoir été chié par une terre en flammes.

Cet album, c’est une comédie américaine lambda, mais du genre qui aurait mal tournée : l’histoire de Bret Halford, un étudiant en sciences un peu looser, qui tombe amoureux de la plus belle fille du lycée. Sauf que, bien entendu, elle préfère les gros muscles et la mâchoire carrée du quaterback de l’équipe de foot. Puis vient le plot-twist classique : Bret tente de créer une potion pour contrôler toutes les filles et finit par se faire défigurer. Maintenant qu’il ressemble à une rappe à fromage, son dernier recours pour séduire la Terre entière est de devenir une rockstar (parce que bon, ça va un moment les conneries, c’est quand même censé parler de musique). Bret intègre donc le groupe Leather Patrol et devient Leather Teeth, une sorte d’alter-ego maléfique. Maintenant qu’il scintille sous les paillettes du glam-rock et qu’il peut porter des pantalons en cuir lustré dans la rue sans passer pour un con, Leather Teeth va enfin s’atteler à réaliser son rêve : patrouiller dans toutes les petites culottes de la région et du monde entier.

Le gars qui signe le scénario c’est Carpenter Brut. Synthwave ou darksynth, on ne sait pas trop où le classer. En tout cas c’est une déferlante bien énervée de synthés rétro. Un shot musical plus dense et corsé que de l’absinthe. Comme si on poussait le son d’une borne d’arcade à fond, qu’on l’attachait à l’arrière d’un roadster tout droit sorti de Pimp My Ride et qu’on roulait à fond sous les néons de Vegas avec le guitariste au lance-flamme de Mad Max qui se grille une clope sur le siège passager. En fait c’est un peu la version métal du film Tron. Du moins c’est l’esthétique que l’on peut rattacher à l’époque de la compilation vinyle « Trilogy » en 2015, du clip TURBO KILLER et des apparitions sur les BO des jeux Hotline Miami 2 et The Crew. Car avec ce nouvel album, la donne a un peu changée.

AFFICHE_TURBO_2016

 

Même ambiance, autre époque

« Leather Teeth » est une virée beaucoup plus pop dans le monde du glam rock. Fini l’impression de faire un go fast dans un tank Panzer. Cette fois-ci on fait crisser les pneus de la DeLorean sur l’asphalte rétro-futuriste, on enclenche le lecteur cassette et on déambule sur l’autoroute de la décadence. Celle des permanentes, des bracelets cloutés, des justaucorps à motifs et des visages blafards à la Mötley Crüe et Van Halen. L’époque bénie, de ces groupes mythiques, qui figurent désormais à peu près tous sur des t-shirts H&M. D’ailleurs le nom du personnage Bret Halford a été choisi en référence à Bret Michaels du groupe Poison et Rob Halford de Judas Priest. Sur les visuels, Bret Halford aka Leather Teeth, apparaît comme l’archétype même de ces glam-rockeurs : la casquette d’officier sertie du logo Carpenter Brut brillant, qui trône sur la longue chevelure blonde, qui s’éternise elle-même sur un manteau clouté. Le tout savamment assorti de piquants, de chaînes et de lunettes à reflets. Le message est bien passé.

Vraie BO, faux film

Mais revenons-en au concept de l’album. C’est la bande originale d’un film imaginaire qui serait sorti en 1987. Un univers profondément malsain et pourtant coloré (le rose fait d’ailleurs sa première apparition sur une pochette Carpenter Brut). Les huit morceaux s’enchaînent selon le script établi. Le film commence sur les chapeaux de roues : dans Leather Teeth, Bret décide enfin d’arrêter la branlette et d’enfiler son cuir avant de partir collectionner les petites culottes avec son groupe Leather Patrol. Dans Cheerleader Effect il trouve la pièce parfaite pour entamer sa collection : le petit shorty d’une pom-pom girl, avec qui il tente de négocier l’affaire dans Sunday Lunch. Pour l’instant, on est à un marathon à poil et une chanson de Sum 41 pour que le film ne s’appelle American Pie. Sauf que c’est Carpenter Brut et que Bret aka Leather Teeth préfère commencer à casser des crânes dans Monday Hunt. Un tournant ultra dark qui fait plonger le scénario vers le film d’horreur entre « Street Trash, Brain Dead, The Thing et House. » L’album finit par verser dans le gore, les viscères et les bottines maculées d’hémoglobine avec Inferno Galore, avant que la bête de cuir ne soit définitivement lâchée dans Beware The Beast. Le final, tout en explosion, se fait dans Hairspray Hurricane puis le film se termine sur End Titles qui fait office de générique comme dans toute bonne production cinématographique.

Un album synthé(tique)

Si l’album est court, avec seulement huit titres pour un total de trente-deux minutes, c’est totalement volontaire : « les gens peuvent le mettre en boucle si c’est trop court ». Et on ne se gêne pas pour faire cracher les enceintes avec. L’univers est peut-être moins sombre que sur les projets précédents, mais il est toujours suffisamment puissant et reconnaissable pour que votre voisin vienne sonner chez vous, en gueulant que ça fait six ans que vous le faites chier à écouter votre musique de sauvage à fond. Un album concept totalement assumé, qui raconte son histoire mieux que Pierre Bellemare. Une histoire de filles, de mort et de synthétiseurs crades dont on attend de voir la version clippée, en espérant que le film finisse par sortir en salle avec Nicolas Cage dans le rôle principal.

Carpenter Brut sera à l’Olympia de Paris le 24 mars et au Pyramid Festival à La Grande-Motte le 16 juin. 

8 commentaires

  1. C EST DE LA MERDE EN BARRE 78 CARATS ,THOMAS HAZERA le scribouillard sera t’il le frère caché du crevard au micro pénis pierre siankowski? car musicalement il a les même gout de chiotte que le polak messin pseudo redacteur en chef des inrocks ) pour moi le grenat pierrot le polak c’est le pire redacteur en chef de l ‘histoire des inrocks

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