D’Eno, on connaissait le cerveau à l’abri sous sa calvitie légendaire, l’implication pionnière dans Roxy Music, plusieurs albums fondateurs en solo et quelques excursions chez les autres ; un mentor en résumé, pour tout ce que la musique mondiale avait de surdoués sachant compter jusqu’à trois. Sur Jon Hassell, la vérité semblait plus floue, si ce n’est son apprentissage chez Stockhausen, sa participation au In C de Terry Riley et sa contribution en tant que trompettiste aux cultes Fourth World vol. 1 et 2, composés avec Brian en pleine guerre cold. Lorsque les deux têtes pensantes de l’avant-garde, pas vraiment connues pour être des héros du stand-up, avaient entrepris de s’inviter à la Gaieté Lyrique pour prolonger une discussion socratique « vieille de déjà 33 ans », je n’avais pourtant guère hésité. Muni d’un mot d’absence signé du proviseur, j’avais décidé pour une fois de sécher le quotidien.

On ne savait, à vrai dire, pas à quoi s’attendre. Deux sexagénaires le cul rivé dans des fauteuils clubs face à une audience bilingue, le tout pour discuter d’à peu près tout et n’importe quoi et surtout de theories complexes sur la vie de Brian. A kind of discreet talk or speech for airports, le genre de conversation d’ambiance à tourner de l’oeil après trois phrases. Pourtant, en dénouant le fil de cet entretien d’une heure entre ces deux Chevalier et Laspales culminant à 200 de Quotient Intellectuel, le brouillon de culture devint peu à peu passionnant, suffisamment pour donner envie à l’auteur d’enclencher le dictaphone et laisser tourner la bande.
Il faut dire qu’Eno et Hassell ne sont pas nés de la dernière pluie ; en réécoutant Fourth World Vol. 1 (1980) on aurait meme tendance à croire qu’ils l’ont inventée. Complice de longue date, le duo théoricien consacra une heure de son temps à l’exposition d’idées vagues sur des concepts précis ou l’inverse ; puis le couple s’en alla sans doute philosopher autour d’une tasse de thé sur ce qu’il convient ici d’appeler « un pan de culture moderne ». Un entretien dérushé tant bien que mal et en dépit du bon sens, livré tel quel et sans emballage, où le lecteur apprendra mille vérités sur la musique actuelle et ses contradictions, l’importance des sofas face à l’aphorisme de Marshall McLuhan (“The Medium is the Message”) et l’avant-gardisme des stratégies obliques de Brian Eno, ce célèbre jeu de cartes conçu en 1975 pour guider les elites – et que l’auteur emprunte ici en intertitre pour pimenter son récit abyssal. Point de départ et d’arrivée de cette illustrated talk entre les deux penseurs : la redéfinition du territoire sur un axe nord/sud qui fera plus tard dire à Eno que “we all come from the South”. Le Sud, comme le vagin du monde ou le berceau de l’Afrique, le Nord comme extension raisonnée et, disons, le capitalisme.  “Ma tête danse et mon bassin danse”, dixit Jean-Michel Reusser pour résumer l’histoire, et l’on n’aurait pas trouvé meilleur résumé pour laisser la parole aux deux cortex.

The North and South of You : Utilise moins de notes.

Brian Eno : « John Hassell et moi nous sommes rencontrés en 1978. John vivait à New York et moi je venais juste de m’y installer ; dès lors nous avons débuté une conversation qui dure depuis 33 ans, comme vous pouvez le constater. Pendant toutes ces années, John a reporté nos différents échanges dans un livre qui sera peut-être un jour publié, dont le nom provisoire est The North and South of you.
Nous allons débuter la discussion d’aujourd’hui autour de ce concept. Je suppose que nous intervenons devant vous comme des philosophes, mais vous vous souviendrez peut-être de cette célèbre phrase de John Cage : « Music is philosophy ». Dans un autre registre, il me semble que tous deux nous nous sommes intéressés à l’art parce qu’on avait trouvé là une façon de réfléchir, un moyen d’utiliser nos statuts d’artistes pour philosopher ; la philosophie étant elle-même un moyen de réfléchir sur nos travaux, le sens de la vie, l’ordre du monde et de ses connaissances ou les raisons de nos choix. Ce fut la base de notre discussion voilà 33 ans. »

Interruption de Jon Hassell, qui pendant l’heure que durera la conférence s’avèrera aussi brillant que brouillon, et dont on résume ici la pensée non pas par manque de respect mais plutôt par crainte d’user toute l’encre d’Internet : “A l’époque de Fourth World Vol. 1, Brian et moi souhaitions trouver un moyen de combiner les technologies modernes et les traditions spirituelles du tiers-monde, ses cultures. Il fallait trouver les mots exacts, la bonne métaphore pour résumer cette idée et la transcrire en musique. Et le concept de « North and South » nous est finalement venu d’après une chanson de Cole Porter, All of You : « The eyes, the arms, the mouth of you / The east, west, north and south of you ». Et au fil du temps, l’idée d’un monde fonctionnant sur l’altérité nord-sud nous est apparue incontournable, car ce concept renvoyait autant au corps humain qu’au monde dans son grand ensemble, avec cette idée que les hémisphères nord/sud fonctionnent de la même façon que l’être humain. Le berceau de l’humanité vient du sud, au premier sens du terme, qu’il s’agisse de l’Afrique ou de la femme, au sens biologique. A l’inverse, l’homme utilise le langage – l’hémisphère nord – pour dominer le tiers-monde, imposer son mode de pensée. Plus tard, lorsque les technologies de broadcast se sont imposées comme jamais auparavant, la population de l’hémisphère nord a rapidement su imposer un premier message global et pour la première fois mondial, avec cette image frappante d’un combat contre la nature, cette vision d’un être humain découpé comme la map monde, avec des antagonismes qu’on retrouve ça et là de façon symétrique”.

Listing des oppositions nord/sud

Les mass medias : perdu en territoire inutile.

Brian Eno : “Lorsque vous désirez rebooter votre ordinateur, vider votre carte mémoire, vous parlez de formatage. C’est l’une des notions importantes de cette discussion, qui elle-même renvoie à cette autre question : qu’arrive-t-il à l’information lorsqu’elle traverse le médium ? Citons ce merveilleux livre de Deborah Tannen, The Argument Culture : stopping America’s war of words, qui analyse le fonctionnement de la télévision américaine et sa capacité à créer de faux arguments. Tannen prend l’exemple d’un intervenant qui devrait se lever pour crier « Tous ces enfants soldats qui meurent en Afrique, c’est terrible !« , puis elle imagine qu’il faille trouver un opposant à ce message, quelqu’un qui soit capable de penser l’inverse, un paumé d’Arkansas qui effectivement penserait que ces enfants soldats après tout c’est pas si mal comme concept. Le fait qu’on puisse trouver une seule personne sur terre qui s’oppose au mode de pensée dominant, cette capacité à biaiser le discours par son inverse, cela revient à confronter la thèse et l’antithèse dans un discours sans fin. C’est un procédé télévisuel très répandu qui fonctionne aussi bien pour la télé dramatique que pour tout le reste, de telle sorte que chaque point de vue finit par devenir équitable, et donc égal à zéro.
Récemment, j’ai voulu acheter un sofa pour mon appartement londonien. J’ai essayé, puis j’ai fini par me rendre compte que je détestais les sofas, et que c’était pour ça que j’avais tant de mal à en acheter un. Et puis subitement, j’ai réalisé que la raison pour laquelle je haïssais tant les sofas, c’était parce qu’ils étaient conçus pour regarder la télévision. J’en suis donc arrivé à la conclusion qu’on pourrait casser ce processus en supprimant les sofas, car si vous n’avez pas de sofa, vous ne regardez pas la télévision… Mais enfin, tout cela pour dire que l’émergence des nouvelles technologies a rétréci le tuyau dans lequel passent au quotidien toutes ces informations, réduisant le message à son strict minimum. Les médias contemporains exigent de l’information qu’elle soit la plus élémentaire possible, compressée au maximum. Binaire, en un sens.

La nuit dernière, Jon et moi parlions de deux livres incontournables du 19ème siècle, deux ouvrages qui aidèrent à ouvrir les consciences : Le meilleur des mondes d’Aldeous Huxley, et 1984 de George Orwell. Pour résumer, 1984 est une vision pessimiste du futur où la société est dominée par une extrême et violente surveillance de son prochain, tout le monde est observé, et tout est sous contrôle. De son côté, Huxley décrit le monde du futur comme une anesthésie volontaire où la population aurait été droguée de son propre gré, un futur où l’homme se serait dissous consciemment dans le plaisir. Il se trouve que j’ai eu la chance de lire un jeune auteur biélorusse nommé Evgeny Morozov, dont le dernier livre se nomme The net delusion [The Dark Side of Internet Freedom, janvier 2011, NDR]. Il dit : « En fait notre futur sera une combinaison de ces deux futurs, l’addition du Meilleur des mondes et de 1984… » Un autre concept évoqué par Jon est la colonisation du divertissement. Citons ici le livre de Neil Postman, Amusing ourselves to death ; l’ouvrage se base sur des tests de laboratoires effectués sur des rats, et comment ces derniers meurent dès lors qu’on les prive des stimulations électriques attachées aux zones du plaisir. La conclusion de Postman est qu’on pourrait faire n’importe quoi pour ressentir du plaisir, même mourir”.

Après que son voisin eut digressé sur la notion du plaisir (For your pleasure, deuxième LP de Roxy Music, le dernier avec Brian Eno, comme quoi…), Jon Hassell s’embarque dans une interminable discussion sur le christianisme et la vierge Marie, émettant cette délirante hypothèse que la foi de Moïse [petit rappel biblique : Moïse aurait reçu l’appel de Dieu à travers un buisson qui brûle sans se consumer, NDR] soit dûe à l’absorption de plantes locales aux vertus hallucinogènes. Et que le monde, pour résumer, soit dans l’erreur depuis 2000 ans. Pourquoi pas, après tout, mais continuons.

Critique du « Binary system » : La répétition est une forme de changement.

Brian Eno : “ A cause de la structure même du langage, on passe notre vie à naviguer entre deux extrémités, qu’on pourrait ici symboliser par l’opposition homme/animal. Si l’on cesse de penser le système comme un circuit fermé binaire on/off, et qu’on le remplace par un continuum, il est intéressant dès lors de repousser le curseur, savoir jusqu’où on peut aller, plutôt que d’être emprisonné dans l’un des pôles, pour prolonger la métaphore nord/sud. Ce qui se passe avec les médias, la TV, c’est que l’échange est construit sur la dialectique entre deux arguments qui sont mathématiquement toujours opposés, qui se renvoient la balle dans un circuit fermé entre deux interlocuteurs, deux positions, diamétralement opposés mais pourtant interdépendantes. C’est ce point précis que John et moi critiquons violemment, le fait que la télévision magnifie les points de vue extrêmes pour continuellement les opposer. Et donc les réduire à l’état néant.”

On pense ici à l’ouvrage de Bourdieu, Sur la television (1996), qui reprenait en des termes similaires la vacuité d’un passage à l’antenne, le media de masse anihilant toute la profondeur du message au profit du divertissement, du plaisir et du besoin – supposé – de comprehension du message par le plus grand nombre.

John Hassell : “ La communication de masse, nos téléphones portables, oh what a magic plan, quelle invention diabolique ! Vous sortez les gens de leurs villages, ces endroit où l’on a juste à crier ou frapper à la porte de son voisin pour l’interpeller, et puis vous foutez tous ces gens dans des mégalopoles, vous les parquez dans des appartements – apart from everybody else, that’s the meaning – et vous les connectez au monde extérieur par l’intermédiaire d’un simple câble avec un média à l’autre bout du fil. Et tout l’argent généré par ces corporations, ces lobbys, servent à élire un leader politique censé régler des problèmes que l’homme a initialement créé. C’est une boucle sans fin ! »

Making the world safe for pleasure : Imagine une chenille en mouvement.

Brian Eno : “Jon nous a amené cette phrase que j’aime beaucoup. ‘On admet traditionnellement que si quelque chose agresse notre corps, celui-ci trouve des moyens de nous faire comprendre qu’il ne faut plus répéter ces actions. Qu’il s’agisse de la chaleur, du bruit, bref de l’environnement extérieur, le corps a développé des réponses, comme les nerfs par exemple, pour nous éviter certaines situations dangereuses. Parallèlement, l’un des autres mécanismes développés par le corps, c’est celui du plaisir et de ces facteurs qui guident dans nos decisions, nos pulsions. Ce qui se passe actuellement, c’est que nous délaissons cette notion de plaisir, parce qu’on estime qu’elle n’a pas grand chose à voir avec la vie quotidienne, que ce serait comme une sorte de petite récompense, de petite douceur, qu’on s’accorderait sporadiquement, comme ces vacances agréables qu’on s’était accordé voilà deux ans. En fait nous marginalisons cette partie de notre propre existence et le message positif qui en découle. Mais personne n’a dit que les choses devaient être ainsi. Lorsque je voyage en Italie, je suis toujours stupéfait de constater à quel point la population arrive à distinguer le plaisir des obligations quotidiennes, et comment ils parviennent à concilier les deux ; comment ils estiment les professions les plus routinières, comme les serveurs par exemple. L’extrême opposé, finalement, de mon pays où l’objectif de chacun semble de devenir un acteur de télévision…’
La question que pose Jon à travers cette phrase, c’est « pourquoi ne faisons-nous pas plus attention à ces messages de plaisir ? ». Bien sûr, le processus de création artistique – et donc musicale – fonctionne exactement de la même façon : vous créez quelque chose, une œuvre, que vous trouvez belle, vous y trouvez du plaisir d’une certaine façon, sans parvenir à comprendre d’où vient votre émotion et ce qui la régule. Et puis vous cherchez à remonter le fil, comprendre le mécanisme de construction de votre propre création, tout ça pour saisir sa portée artistique, son inscription dans le monde réel. Ce que les artistes font, de manière générale, c’est créer de nouveaux mondes possibles, où ces relations, cette notion de plaisir, pourraient exister. D’une certaine façon, être un artiste c’est parvenir à recevoir ces messages de plaisir, savoir les interpréter et les laisser vivre à l’intérieur de soi, puis comprendre pourquoi ils vous procurent de bonnes émotions, et finalement comment ils peuvent s’intégrer à votre quotidien, de façon répétée, et pas juste pendant les vacances. C’est à mon sens la question la plus fondamentale que vous puissiez vous poser”.

C’est ainsi que Jon Hassell part dans un long trip sur la masturbation et l’incapacité de l’homme à évoluer en dehors de sa propre culture : “J’ai l’impression d’avoir toujours composé comme la bande-son idéale pour la fantaisie, de la musique à écouter avant et après les orgasmes. Et le monde post-coïtal, d’une certaine façon, repose sur ce qui peut me permettre d’évoluer dans un monde idéal, fantasmé, où les métaphores sont la base de toutes mes compositions”. Ok Jon, une aspirine pour tout le monde et passage à la dernière partie.

What do I really like ? Honore ton erreur comme une intention cachée.

Brian Eno : “Lorsqu’on dit d’un artiste qu’il est talentueux, c’est parce qu’on a l’impression qu’il a trouvé la réponse à cette question. Qu’il a trouvé cet endroit en lui-même, qu’il a su développer son for intérieur, et pas forcément pour ce qu’il y a ajouté, mais aussi – et surtout – pour ce qu’il a su quitter, littéralement laisser en dehors”.
La conférence illustrée des deux pré-retraités touche à sa fin, voilà venu le temps des questions. Dans l’auditoire, une main se lève pour aborder le rôle des critiques dans l’appréciation d’une oeuvre, citant Chuck Berry sans qu’on n’ait véritablement compris pourquoi. Pas grave, la réponse de Brian Eno s’avère éloquente :

“Si vous ne parvenez pas à décrire vos sensations, ce n’est pas grave. Le langage est la monnaie que nous utilisons au quotidien, le langage est la devise du sérieux ; alors nous prenons les choses avec beaucoup de gravité, avec cette ambition de les traduire par des mots. Mais le problème reste que l’émotion ne s’exprime pas aisément, que les mots parfois manquent car nous n’avons pas le vocabulaire forcément requis face à telle ou telle situation, car elles sont simplement difficiles à décrire, littéralement en-dehors de la carte, si vous me passez l’expression. Cela explique à mon sens pourquoi les galeries contemporaines sont aujourd’hui remplies d’informations textuelles. Ca me rend fou de voir ces gros pavés de texte en-dessous des peintures, tout ces spectateurs qui passent des heures à lever et baisser la tête : regarder l’image, puis lire le texte, regarder l’image, puis lire le texte, et ainsi de suite pour chaque œuvre. Pourquoi serions-nous obligé de lire dans une galerie ? On peut logiquement en conclure que visiter une galerie se résume désormais à une expérience des mots, et que plus globalement toutes nos expériences deviennent progressivement verbales ; on a beau parler de la virtualité introduite par Internet, on passe finalement la majorité du temps à lire, à communiquer par le langage.”

J’avoue m’être échappé avant la fin de la conférence, mais j’imagine bien la scène d’ici : des Terriens affairés à questionner les deux gourous sur mille puits sans fonds, et pourquoi les aiguilles tournaient de droite à gauche et comment Brian Eno pensait produire le prochain Coldplay. En sortant de la caverne de la Gaité Lyrique, je fus aveuglé par le soleil du printemps, et puis les stratégies obliques d’Eno remontèrent à la surface : “il ne s’agit pas de construire un mur mais de faire une brique”. En guise de bras d’honneur, j’ai probablement dû lancer l’une de ces mauvaises chansons d’Eno (au hazard: Footsteps sur Wrong Way Up, avec John Cale, 1992) qui surpasse pourtant ses descendants. “Ce qui a marché une fois, ne le refais pas”. Au fond tout le monde se fout que Small Craft on a Milk Sea, son dernier disque, soit de la “music for elevators”, le plus important c’est encore de l’écouter, lui, dernier prophète discret perdu dans un monde qui parle résolument trop fort.

Illustration: Jérémy Boulard

Les stratégies obliques illustrées, fortement recommandé à tous les névrosés 2.0 et apprentis musiciens en quête de sens : http://www.jennifer-thomas.com/oblique/index.html

5 commentaires

  1. et ben ça change de quatre branleurs avachis dans un sofa (ah ah) qui se matent le nombril. Ils sautent quand même du coq à l’âne nein ?

  2. Des propos pas si fumeux que ça, et diablement justes pour qui prend la peine d’essayer de les comprendre.
    Un bien bon article !

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