170 concerts, des dizaines de pays et pas une clope : le groupe hollandais, qui passe la moitié de l’année à sillonner les routes a adopté un rythme de vie sain loin des clichés du rock. Interview.

Point concert : les Hollandais jouaient mercredi 04 avril à la Maroquinerie, à Paris. Point SNCF maintenant : pour cause de grève, cette interview s’est réalisée par téléphone. Au bout du fil, le chanteur du groupe, Kevin Stunnenberg, un tiers de Birth of Joy. Depuis dix ans, les trois potes, qui se sont rencontrés adolescents à l’école de musique (ils devaient dans le cadre d’un cours monter un groupe fictif et ne se sont plus jamais quittés depuis) sillonnent les routes d’Europe et du monde pour faire jaillir de leurs instruments des sonorités rock bien ficelées. Nés dans les années 80, ils grandissent avec Nirvana et Queen Of The Stone Age. Les parents penchaient plutôt du côté de Deep Purple, de Queen et des Rolling Stones. Les classiques. Cette musique, Kevin me dit qu’elle est venue à eux, naturellement. Ce qu’ils aiment dans les années 60 ? L’approche de la musique, libre et libérée. Et leur dernier album en date, « Hyper Focus », en est encore une preuve. Allo ?

Kevin, vous avez une relation assez spéciale avec la France, n’est-ce pas ?

Notre première rencontre, aux Transmusicales, a été extraordinaire. Le public a été super réceptif et on a su saisir l’opportunité. Depuis, on revient tous les ans. On a fait un super concert à Toulouse et on aime bien jouer à l’Ubu à Rennes aussi.

« Imagine-toi, on fait 170 concerts par an ! »

Tu dirais que c’est plus facile de percer en France qu’ailleurs ?

Facile ? On a travaillé dur pour en arriver là. On a fait de bons débuts en France donc ça aide, mais tu ne peux pas juste profiter, faut bosser dur. Après, c’est peut-être plus dur de se faire connaître en Angleterre ou aux Etats-Unis. Tu peux toujours aller aux USA faire des concerts, mais le pays est immense, c’est dur ! Pour la Grande-Bretagne, c’est compliqué parce que les groupes qui nous ont influencés sont britanniques ! Alors si nous, des Hollandais, on débarque là-bas avec notre musique, ils vont nous dire « Super, mais on a des meilleurs groupes ici les gars ! »

Travailler dur, ça implique beaucoup de sacrifices ?

Bien sûr. Imagine-toi, on fait 170 concerts par an ! Ça veut dire qu’on est quasiment sur la route la moitié de l’année et qu’on joue un concert tous les deux jours. Même si c’est le plus beau métier du monde, ça implique de faire des sacrifices : tu vis loin de ta famille et de tes proches et ça te manque. Par exemple, en tant que chanteur, je dois préserver ma voix. D’ailleurs, je viens d’arrêter de fumer.

C’est aussi mieux pour ta santé !

Oui oui, mais surtout pour ma voix ! La semaine prochaine, on enchaîne 19 concerts d’affilés sans une journée de repos ! Ça m’a fait flipper donc pour survivre, je n’avais pas le choix.

Pas trop dur ?

Non, parce que je suis motivé ! Motivé pour progresser, mieux chanter dans les aigus et améliorer ma voix donc ça me motive énormément.

Les tournées sont longues et assez chronophages j’imagine… Tu te vois faire ça toute ta vie ?

C’est jouable si tu restes en bonne santé ! Déjà, faut boire moins d’alcool. Je viens d’arrêter de fumer et puis il faut faire attention à ce qu’on mange ! On s’améliore, on fait moins les fous en tournée et puis les concerts, c’est un peu comme faire du sport ! En fait c’est un rythme de vie assez sain ! Si tu mènes une vie de débauche rock, tu ne tiens pas. Et les gens veulent me voir sur scène au meilleur de ma forme !

Vous avez déjà beaucoup tourné en Europe. Est-ce qu’il y a un pays dans lequel vous n’avait pas encore joué sur ce continent ?

Attends, je réfléchis… Non, je ne crois pas ?

Même en Lituanie ou en Estonie ?

Oui !

« Nous, on n’ira pas [en Corée Du Nord], on n’a pas trop envie de se faire buter ! »

Un groupe de rock a joué en Corée Du Nord il y a peu…

Ah bon ! Nous, on n’ira pas, on n’ a pas trop envie de se faire buter ! Et puis on ne veut pas mélanger notre musique à des causes politiques.

Dernière question, j’ai lu que t’aimais pas trop la pop moderne. Pourquoi ?

Oui, c’est vrai. J’aime la bonne pop : les Beatles, Queen, les Rolling Stones et ce sont des groupes commerciaux. Mais aujourd’hui, il y a trop de merde, même dans le rock. Le vrai rock que je défends vient du cœur. Il se battit sur plusieurs années. Alors que là, c’est conçu pour être consommé rapidement comme des pubs à la télé. Pour moi, ça n’a aucun sens.

« Hyper Focus » de Birth Of Joy est sorti le 16 février.

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