De la mort de Claude François (1978) à l’élection de François Mitterrand (1981), les sous-doués du punk français, attirés par l’odeur du pognon, tentent de pomper le succès de Plastic Bertrand dans l’espoir de faire un max de flouze. Bingo ! Quarante après, Born Bad rend hommage à leur vénalité avec une compile du même nom qui confirme que non, ça n’a pas plané pour tout le monde.

De la grande poésie bac – 5. Impossible de résumer autrement ce patchwork de plantades artistiques compilées vicieusement par Born Bad. Tout part, comme avec le Born to be Alive de Patrick Hernandez et Jean Vanloo, d’une histoire simple : un chanteur un peu neuneu (Plastic Bertrand) tombe sur un producteur belge un peu pété (Lou Deprijck) et compose par accident un tube interplanétaire qui s’écoulera, rien que pour la France, à près d’un million d’exemplaires.

Si ça plane pour Plastic Bertrand, l’affaire ne tarde pas à éveiller la curiosité des Majors qui, comme en tout temps, tentent de recopier le one-hit Wonder en autant de plagiats tous plus foireux les uns que les autres. De Barclay à RCA en passant par Polydor, tous essaieront de 78 à 81 de reproduire l’improduisible (la France punk pour tous, en gros), et c’est précisément à ces 10 variations sur le même thème (avec à la clef autant de flops commerciaux) que Born Bad rend aujourd’hui hommage.

BINGO-cover-HD

Sous-titrée « 100% des gagnants ont tenté leur chance », comme au loto, « BINGO ! » raconte surtout l’histoire d’échecs tellement grands qu’ils en deviennent géniaux. A défaut d’avoir tiré le bon numéro, eux ont surement tiré un max de mobylettes et pour s’en convaincre, suffit d’écouter quelques unes des paroles de ce supplément de grande littérature : « Je me sexpistolise » chante Piero sur Quelle époque épique et punk, « On a acheté des silex-pistols » hurle Too Much, un groupe qui porte bien son nom et qui tente le pari du sous-Roxy Music, ou encore « J’ai la télé en stéréo / je me bats à coups de chaine de vélo » dixit Soda Fraise sur Ca baigne dans l’huile, version négative et presque satanique (dans ce que cela a de pire) de Ca plane pour moi et qui, au passage, pompe aussi les chœurs du Sympathy for the Devil des Stones. Que dire, si ce n’est qu’on tient là un chef d’œuvre qu’on croirait composé par les Charlots en grosse descente ?

Qui perd gagne

Usant sur la longueur, jouissif dans l’instant, « BINGO ! » est une oxymore musicale. Ils étaient composés pour la win, ils finiront tous à la poubelle et c’est cette grandeur à hauteur de nain ratiboisé qui rend ces morceaux taillés pour la rigolade. De fait, tout est tellement « sous » sur cette compilation (designée par Kiki Picasso) qu’elle finit presque par surpasser tous les concurrents qui, à force de se prendre trop au sérieux, finissent surtout par se prendre les pieds dans le tapis. Sur « Bingo », au moins c’est clair, de tapis il n’y en a pas. C’est un peu comme si 14 chansons frappaient à votre porte 40 ans après leur naissance pour chier sur la table de la salle à manger, avant de vous plaquer un énorme rot à la gueule puis de partir, repues, en pissant sur votre gosse.

Trois niveaux en dessous de « Chébran », autre compilation évidemment plus essentielle, mais pas pour autant dispensable, « BINGO » revisite donc ce pan méconnu de l’histoire française, à peine moins honteux que le chapitre de la collaboration ; mais en attendant le supplément karaoké pour reprendre les paroles dans le bar PMU le plus proche de chez vous, certains instrumentaux comme Le beau têtard sur son cigare (putain, ce titre…) contiennent étonnamment quelques subtilités, voire un peu de pyrotechnie au bout des doigts.

Mais qu’on ne se trompe pas, et comme le chantent Les Marylènes (4 danseuses du Martin Circus), de toute manière : « c’était perdu d’avance ».

Compilation “BINGO : French Punk Exploitation 1978-1981” // Born Bad
http://shop.bornbadrecords.net/album/bingo-french-punk-exploitation-1978-1981

7 commentaires

  1. vaut mieux allez braquer ‘rare punkue français ’77-’83’ l’autre là c bien fade & fake. mais y’en a qui jugeront que par cette soupile.

  2. moi’jconnais, un disquaire independant, not fucking indé, INDEPENDANT, en Slip & Chaussettes qui danse dans la boutique avec les clients, il n’a ni i-pod you tube connecté, ni site weub, dans une ville de 150.000 habitants, et tout ce qui sort , il l’attrappe en vinyls, les coupons mp3, il les jette.le mec ne regarde pas derrierre, pas de reeitions, pas de bavardages ou crane de torse, la boutique n’a même pas de nom, on peut garer les bikes dans son local, il refuse les articles des mags/radios, bon, il bouffe, il sort, et il achete des disques des deux oreilles.

  3. c’est mieux que le best of king khan qui va finir par arriver. avec remixes de feminielli.
    pendant ce temps là thelovecoffin joue un samedi soir dans la capitale de l’amour devant 3 misereuses rangees de personnes,autant de gens en train de boire sur la terrasse,toujours personne de missionné pour annoncer le debut des lives,on en a rien à branler de votre stationdesmines,tu parles pas à des squatteurs,tu parles a des francais pov buse,nike ta berlinisation et nike ta tronche de mark e smith et nike tous les responsables de la connerie musicale qui peuple les oreilles des francais,oui,nan mais ferme la,oui ya bien mieux a faire et nike ton post ‘ca va tutesens bien?’

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