Quatre ans après leur deuxième album « Clash The Truth », Beach Fossils revient avec un album varié, sans tomber dans le piège du catalogue musical insipide. On a voulu savoir comment s’était façonné cet album.

C’est un retour attendu [au moins par l’auteur de cet article, note de l’éditeur]. Quatre ans que les new-yorkais de Beach Fossils peaufinent leur troisième album « Somersault » (pochette la plus moche de l’année?) à Brooklyn. Ce quartier, cette ville, ce pays, mais aussi leurs vies personnelles sont en perpétuelles évolutions. Des changements qui déteignent sur leurs approches de la musique. On a allumé Skype et de l’autre côté de l’écran, le leader du groupe Dustin Payseur, 31 ans, pose tranquillement ses pieds sur la table. Serein. Il est dans le studio, en train de répéter avec le groupe. Ce nouvel album, Beach Fossils a pris le temps de bien le ficeler. Le résultat est à la hauteur de l’attente : surprenant, harmonieux, à la fois truculent et posé.

Nouveau label, nouvel album, nouveau son : c’est un nouveau départ pour Beach Fossils ?

Carrément, c’est un peu comme une nouvelle aventure. Pleins de choses sont différentes maintenant. Ce n’est pas juste moi qui ai écrit les paroles, on l’a écrit tous les trois. Et puis le sortir sur notre label Bayonet, c’est complètement différent. Une fois l’album terminé, faut s’en occuper alors qu’avant, pas besoin. Ça change pas mal de choses.

J’ai l’impression que cet album laisse plus de place aux paroles et à ta voix. J’ai bon ?

J’imagine que oui. Avec mes paroles, j’essaie de faire un mélange de plusieurs histoires, au sens littéraire du terme tout en laissant place aux interprétations de chacun. Je vais mixer une histoire personnelle, qui a pu m’arriver, mais d’une façon à ce que les gens qui écoutent puissent s’en emparer. Mais ça reste des sujets assez personnels, mes relations d’amitié, d’amour, de vie. Pour les autres membres, c’est pareil. On a passé beaucoup de temps dessus et pas mal de choses ont changé dans nos vies au cours de ces trois années. « Somersault », c’est un mix de tout ça.

Avant, tu avais tendance à te cacher derrière les mélodies. Ça été facile pour toi de te mettre plus en avant ?

Oui, car ça faisait longtemps que j’en parlais. Avant, je mixais ma voix assez basse parce que je voulais laisser place à la musique. J’écoute beaucoup de musique instrumentale et je passe beaucoup de temps sur la musique en elle-même. Je ne voulais pas faire de l’ombre aux mélodies en mettant ma voix en avant. Pour la plupart de la musique pop, l’accent est mis sur la voix et les paroles alors que Beach Fossils, ça a toujours été l’inverse.

« Il y a des moments où je me disais que ma voix allait foutre en l’air ces chansons. »

Ce n’est pas une réaction au fait que ton talent de compositeur n’a pas été apprécié à sa juste valeur ?

Mmm je ne sais pas. Ça été difficile parce qu’on a passé tellement de temps à travailler les chansons de « Somersault » qu’à la fin, elles étaient trop denses, avec trop de couches de musique qui se superposaient. Je termine toujours par l’enregistrement des voix et donc, on avait cet album, qui était instrumental, et je me suis dit « il n’y a plus de place pour les paroles ». Du coup, j’ai dû modifier, voire enlever des lignes de guitares, et d’autres sections de musique que j’aimais beaucoup.

Ça été complexe de choisir quels éléments garder ?

Carrément ! Je kiffais réellement ces chansons  instrumentales et vraiment, je me demandais comment j’allais intégrer ma voix. Il y a des moments où je me disais qu’elle allait tout foutre en l’air.

C’est pour ça que l’album est très épuré ?

Mmm, d’une manière, on a toujours eu cette approche de « less is more », d’être assez minimalistes. Et pourtant, cet album, c’est sûrement notre album le moins minimaliste ! Il y a pas mal d’instruments sur « Somersault », mais l’idée, c’était de rester cohérent malgré tout, d’avoir des chansons complexes mais homogènes.

On entend des flûtes, des violons… Tu t’y connais en musique d’orchestre ?

Pas vraiment. Le truc, c’est qu’on sait ce qu’on veut, mais on ne sait pas comment y arriver. Par exemple, on savait qu’on voulait des parties de flûte sur l’album, ça fait des années qu’on en parle. Perso, je connais personne qui en joue. Et donc en demandant à des amis d’amis, on arrive à trouver une personne qui vient au studio et qui nous demande ce qu’il doit faire. On en n’avait aucune idée alors on lui dit de jouer ce qu’il veut ! On a joué la chanson et il a improvisé dessus. On a finit par réussir à le guider un peu, mais c’est toujours comme ça, au fur et à mesure, on improvise. C’est sûrement pour ça que l’album est très varié, avec des textures différentes et pleins d’instruments qu’on n’avait jamais utilisés.

« Très souvent quand tu vois une pochette d’album, tu sais déjà à quel genre ça appartient. »

Les deux premiers albums de Beach Fossils ont plutôt bien marché. Est-ce que t’as peur que celui-là ne plaise pas autant ?

Très honnêtement, je n’y pense pas du tout. J’essaie de me donner des buts à atteindre quand je bosse sur un nouvel album, mais ce sont des choses personnelles, pas vraiment en terme de succès. Ceci dit, le but ce n’est pas de faire les mêmes albums année après année, mais de se donner les moyens de créer des choses nouvelles. Les anciens albums de Beach Fossils existent et si t’as envie d’écouter ce type de sons, tu peux écouter ces albums, mais on essaie constamment de faire évoluer notre musique. Mais rien que le fait que les gens l’écoutent, pour moi, c’est déjà un bonus. Parce que de toute manière, j’ai besoin de faire de la musique pour me sentir bien. Quand je ne fais pas de musique, je me sens inutile. Alors je bosse constamment sur de nouvelles compositions. Je veux que tous nos albums soient différents et qu’ils aient leur propre univers.

Pour finir, un mot sur la pochette. Elle est très épurée, un peu comme l’album.

Ça dépend, mais la pochette peut être représentative de la musique. Je n’ai jamais voulu que la pochette prenne le pas sur la musique. Trop souvent, quand tu vois une pochette d’album, tu sais à quel genre ça appartient. Du style, « ça c’est un album de métal, ça c’est un album psyché ». Vu que cet album ce n’est pas la vision d’un seul genre musical, on a voulu une pochette assez sobre.

« Somersault » de Beach Fossils disponible le 02 juin sur Bayonet Records
http://www.beachfossils.com/

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