THE GUN CLUB
De l’autre coté du désert

Jeffrey Lee Pierce est né en Californie, à la frontière du désert. Le désert peut être une expérience décevante. A quoi t’attends-tu ? Un horizon de sable. Et que vois-tu ? Des montagnes, des routes, des collines, des cailloux. Alors on avance, on veut voir du sable, pas seulement des cailloux. Le désert, c’est encore plus loin, là où la moindre pierre est devenu poussière. Mais cela fait déjà longtemps qu’il n’y a plus rien à voir. C’est aussi ce que l’on peut ressentir dans certaines banlieues, près de l’extrême bord du monde. J’imagine que Jeffrey a grandi quelque part dans ce gradient de vide entre la poussière et le béton. Il fut aussi le président du Fan Club de Blondie.
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Poni Hoax : Exile on mainstream

Le critique musicale se prend parfois pour un généalogiste, palliant sa difficulté à décrire par des mots ce qui est vibration éphémère par la convocation de noms glorieux et de lignées prestigieuses. Ne rechignant pas, souvent avec quelque mauvaise foi, à évoquer des hybridations étranges pour décrire tel son nouveau – du Tri Yan stoogien joué par Moroder par exemple – un peu rétif à la classification. Il arrivera cependant qu’un disque, parfois, résiste à toutes ces tentatives : « State of War », troisième disque de Poni Hoax que nous avons écouté en avance, est l’un de ceux là.
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SCOTT WALKER
« Bish Bosch », un travail de pro

Deux théories sur l’évolution de l’univers s’affrontent. Certains pensent qu’après sa phase d’expansion, celui-ci explosera de l’intérieur sous l’effet de sa propre masse jusqu’à se rétracter dans son lieu originel : c’est la voie chaude. D’autres disent que son expansion n’aura pas de limite, que les étoiles s’éloigneront de plus en plus les unes des autres, sans aucun retour possible, jusqu’à ce qu’elles gèlent à mort, seules et perdues à jamais dans l’espace : c’est la voie froide. Et c’est aussi l’avenir de la pop, tel que nous le propose Scott Walker.
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GONZAÏ IX [LIVE REPORT]
Une tronçonneuse, un cercueil et des rouflaquettes

« Le soleil résonne sur le mode antique dans le chœur harmonieux des sphères ». Voilà un chapeau qui claque suffisamment pour introduire la Gonzaï IX avec Cercueil, Le Prince Harry et Faust donc, dont j’emprunte au bon Goethe la première phrase de son « Prologue dans le ciel ». Même si, ici, il sera plus question des « ténèbres effrayantes de la nuit ». Mais tout d’abord, flash forward.
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SCORPION VIOLENTE
Faites entrer l’accusé

Un adjectif accordé de façon étrange, un titre d’album en allemand, une origine strato-messine, tout concourait à faire de Scorpion Violente les rois de la fête à Ibiza. Mais ils ont choisi que non. Ca sera donc drone-core et réverbérations fumantes pour tout le monde, dans une ambiance glauque comme dans les concours miss beauté pour les 6/13 ans. Si Francis Heaulme organisait un jour chez lui un goûter d’anniversaire, sûr que la sono sera assuré par Scott et Toma.
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FLEETWOOD MAC
Micmac chez les Mac

Il y a des records qui ne seront jamais battus. Comme celui de la plus grosse pyramide du monde, par exemple. Plus personne ne fait de pyramides de nos jours, les gens leur préférant des pierres tombales, jugées plus discrètes. Ce qui se justifie par le prix du foncier : dans le désert, on peut se permettre de voir large. À Paris, c’est différent. Et avec ses travées de caveaux haussmanniens néo-gothiques grecs bien tassés, le cimetière du Père Lachaise est plein depuis si longtemps qu’il n’y a plus de place pour nos cadavres à nous. Ni même pour celui de Fleetwood Mac, récemment déterré grâce à un Tribute aux airs d’épitaphe.
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SILVER JEWS
Early Times

Il y a ces pages terribles de Rock&Folk que personne ne lit, à propos de rééditions d’obscurs albums que personne à l’époque n’avait acheté, et que personne n’achètera non plus cette fois-ci — puisque personne n’achète plus de disques — et qui, déjà à l’époque, étonnaient par l’aspect brut de leur production. Parmi ces disques oubliés, cet « Early Times » de Silver Jews donne matière aux interrogations : comment peut-on rééditer un disque à la qualité sonore aussi sale ? La grande réussite de ce faux nouvel album est d’avoir supprimé ce qui faisait écran entre l’envolée lyrique du rocker défoncé et son auditeur non moins perché, l’ingénieur du son.
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DEAD CAN DANCE
« Anastasis », résurrection ratée

« Je suis pas super fan de Gonzaï, me dit un ami. Ce style du genre ’20 h, je suis devant un bar. Je m’allume une clope’… » Certes. Mais comment décrire la musique de Dead Can Dance autrement qu’en évoquant la grande demeure humide et froide de mes cousins normands ? Je lisais un Corto Maltese à la lueur des derniers rayons du crépuscule lorsque j’entendis pour la première fois les synthétiseurs sinistres de « décédé »…
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BEWITCHED HANDS
« Vampiric Way »

« En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées », disait notre bon président Valéry Giscard d’Estaing. Depuis, le Minitel s’est éteint, le Concorde s’est crashé et Bewitched Hands chante en anglais. Réunissant ce qu’il y a de plus lourdingue dans Arcade Fire et de plus agaçant chez MGMT, ils reviennent — une fois de trop — avec « Vampiric Ways », prenant semble-t-il un malin plaisir à faire mentir notre ex-président. Aussi inspiré qu’une éolienne un jour de pluie, Bewitched Hands ouvre la voie à un nouveau rock : propre, renouvelable et sans aucune imagination.
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LAIBACH
The nazi side of the moon

En dépit de son chant teuton sur des hymnes martiaux, Laibach n’est pas un groupe nazi, mais slovène. Leurs titres sont à la fois un manifeste éthique – « Live is life », une dénonciation des limites tautologiques du langage – « Leben Heisst Leben » – et un abrégé de théologie – « God is god », explorant la face cachée de la pop. Précisément celle où se cachent les sbires de Hitler, si l’on en croit « Iron Sky », film à paraître dont ils signent la BO. Une histoire de nazis de la lune qui reviennent sur terre… Laibach aussi revient, avec un album de reprises et une tournée à venir. Introduction donc à « An introduction to Laibach… »
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HOLOGRAMS
Just an illusion

Epidémie de réincarnations dans l’actualité. Snoop Doggy Dogg a lâché le rap après avoir vu la lumière, quelque part en Jamaïque ou plus probablement dans sa tête. Touché par la grâce de Bob Marley, il faudra désormais l’appeler Snoop Lion. Un peu plus au nord, la même histoire. Voici quatre jeunes gens avec l’avenir devant eux et voilà-t-il pas que subrepticement Joy Division, The Cure et les B52’s décident de se réincarner en eux. Résultat, Holograms, avec des gros morceaux de rock, de punk, de post et de wave dedans. Pour le new par contre, faudra repasser.
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MAYHEM
Le black metal, l’Église et Zebda

Il y a peu de groupes de black metal de gauche. C’est une constatation qui s’impose et pose question : pourquoi toujours les nazis, alors que les communistes sont les grands gagnants ? Pourquoi toujours les Panzer, alors que les orgues soviets faisaient bien plus de bruit ? Les anarchistes espagnols violaient des nonnes, Ta Mok assassinait à tour de bras : il y avait là prétexte à de splendides pochettes. Mais voilà. Tout bascula lorsque Euronymous, guitariste de Mayhem et admirateur de Staline, fut tué par son bassiste, l’infâme adorateur de Hitler, Varg Vikernes, a.k.a. Burzum.
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QUEEN
The Complete Illustrated Lyrics

Qui n’a jamais rêvé d’avoir, posée sur sa table basse, une anthologie d’illustrations retraçant la carrière de Queen, agrémentée de l’ensemble des paroles de leurs chansons en fac-similé ? Montrer l’ouvrage à ses amis et dire « Oh, regarde la belle moustache ! », ou « Attention à la bière, tu vas tacher la couverture ». Moi, ça me botte grave.
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SMASHING PUMPKINS
« Oceania », le retour aux années collège

Il semblerait que personne n’ait daigné prévenir Billy Corgan que les années 90 étaient finies ; Kurt Cobain est mort et Skyrock désormais premier sur le rap. Neuvième opus du groupe, et démenti formel à tous ceux qui pensaient que Billy s’était ramolli : « Oceania » n’est ni mieux ni moins bien que ses prédécesseurs. Il est exactement pareil.
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LED ZEP 75 DE STEPHEN DAVIS
Phénoménologie Gonzo

Est-il vraiment possible d’approcher un groupe tel que Led Zeppelin ? C’est l’expérience que tente le jeune Stephen Davies, muni d’un pass all access sur la gigantesque tournée qu’entame le groupe en 1975 à travers les États-Unis. Une commande pour un article fumeux dans The Atlantic Monthly — l’équivalent de notre Figaro, période Mauriac plutôt que Dassault — qui sera bien sûr refusé au final. Mais peu importe. Sexe, drogues et magie noire ?
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BEAR IN HEAVEN
Backroom love

C’était sur le topic des vrais amis sur le forum de la Techmob. J’avais entrepris de faire un report de ma soirée « Hollande Président », ça parlait de chips bien sûr. Et puis aussi d’un ami chilien qui ressemble à Carlos, en moins sympathique. Evidemment il était tard, et donc forcément sur le board il n’y avait que Morula qui tenait absolument à me poser une question : « Naked, si je me mets des mollards de ritaline dans le cul et que je suis enrhumée, est-ce que je risque de me refiler des staphylocoques à l’anus ? » C’est drôle, je me posais exactement la même question à propos du dernier album de Bear in Heaven.
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QUEEN
L’hymne de stade (terminal)

C’est en regardant en famille le Tribute to Freddie Mercury de 1992 que j’ai découvert que ma femme était amoureuse d’Axl Rose. Petit et rougeaud, déambulant tel un singe en bermuda, un bandana sur ses beaux cheveux blonds dévalant en cascade ses épaules voûtées, sa voix éraillée convoquée pour une reprise de « We We Will Rock You » : voilà sa définition du mignon. Je n’en fus guère étonné.
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